Au Mali, la montée de l’horreur continue. A Almoustrat, ville située à 140 kilomètres de Gao, 7 soldats maliens, selon des sources locales, ont trouvé la mort dans l’attaque de leur camp, accentuant encore davantage le funeste bilan des morts de soldats maliens et de civils dans le pays à une semaine du deuxième anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui traine dans son application.
L’horreur va-t-elle s’arrêter un jour au Mali ? Les terroristes continuent, en effet, de semer la douleur et le deuil au Mali. Rien qu’en ce début de mois de mai, près d’une vingtaine de soldats maliens ont été tués dans des attaques terroristes dans le Centre et le Nord du pays. Le dimanche 7 mai dernier, une position de l’armée malienne a été attaquée à Almoustrast, localité située à 140km de Gao. L’attaque aurait fait 7 morts et 17 blessés parmi les forces maliennes, selon des sources locales. 16 militaires sont aussi portés disparus, selon les mêmes sources locales. « L’attaque a été perpétrée par un terroriste au bord d’un véhicule piégé. Ensuite, ses compagnons munis d’armes lourdes et automatiques sont venus en renfort. »
Cinq jours avant, le mardi 02 mai 2017, dans l’après midi, un convoi de l’armée malienne est tombé dans une embuscade entre Nampala et Diabali, région de Ségou. L’attaque va couter la vie, selon un bilan provisoire du gouvernement malien, à neuf militaires maliens.
Le 18 avril 2017, une attaque meurtrière a ciblé le détachement des Forces Armées maliennes basé à Gourma-Rharous aux environs de 05 heures du matin. L’attaque a occasionné, selon le gouvernement malien, la mort de 5 soldats et une dizaine de blessés.
Toutes ces attaques ont été revendiquées par Nusrat Al Islam Wal Muslimin, la nouvelle alliance terroriste dirigée par le djihadiste malien Iyad Ag Ghaly, le chef d’ansar Eddine dont le nom était au cœur de la Conférence d’Entente Nationale tenue du 27 mars au 2 avril à Bamako. Les conclusions de ces assises ont clairement indiqué d’explorer l’éventualité de négocier avec les djihadistes maliens, un souhait martelé à maintes reprises par des responsables maliens (Tiébilé Dramé, président du Parena et Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique).
IBK « plane », l’Accord traine deux ans après sa signature
Le jeudi 4 mai, Ibrahim Boubacar Kéita, le président de la République du Mali s’envolait pour Bakou, la capitale de l’Azaberaïdjan, afin de participer au « Forum mondial sur le Dialogue interculturel ». Le voyage va courroucer beaucoup de Maliens qui s’étonnent de ce 116e déplacement, en quatre ans de pouvoir, du président avant même la mise sous terre de ces soldats morts pour la patrie. « Le commandant en Chef de l’armée a –t-il vraiment souci de ses soldats ? Je pense aux familles des victimes, à leur souffrance et à leur colère», s’interroge, dépité, un militaire malien sous couvert de l’anonymat.
En l’absence d’IBK, des hommages, sous la conduite du Général Didier Dakouo, le Chef de l’Etat Major Général des Armées, seront rendus aux disparus, le même jeudi, dans le camp militaire Sékou Ahmadou Tall de Ségou. Et deux jours plus tard, le samedi 6 mai, sourire aux lèvres, le président de la République, de retour de son périple de 48 heures, est accueilli à l’aéroport International de Bamako par le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga. La moisson a été, apparemment, belle pour celui qui disait que « chaque fois qu’un malien tombe nos cœurs saignent ». En effet, selon un communiqué de la présidence, la visite du président en Azerbaïdjan a été « un déplacement satisfaisant dans le renforcement des liens entre les Etats et les peuples, mais également, une présence d’honneur du Mali essentielle au forum pour la promotion des valeurs dans le système des relations internationales ».
A une semaine du second anniversaire de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, peu d’avancées ont été enregistrées dans son application. Les autorités intérimaires ont été certes installées dans toutes les régions du Nord et la Conférence d’Entente Nationale a pu se tenir même si c’est dans conditions chaotiques. Cependant le MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) et les patrouilles mixtes ne sont pas encore tout à fait opérationnels. Les groupes armés ne cessent de guerroyer. Dans le cercle de Gourma Rharous, plus précisément dans le village d’Arbichi, des violents conflits ont opposé le lundi 1er mai, le Gatia et le groupe Ganda Izo-CMFPR II respectivement membres de la Plateforme et de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), deux groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Ces combats ont fait, selon des sources sur place, au minimum 6 morts (1 morts du côté du Gatia, 5 morts du rang de Ganda Izo-CMFPR II) et plusieurs blessés.
Madiassa Kaba Diakité