En interdisant à ses ressortissants d’aller dans le Nord du Mali, la France de la démesure et de l’exagération de Nicolas Sarkozy et de Bernard Kouchner tente de tuer à petit feu l’économie de la zone. En privant les populations du Nord des 65 % de leurs ressources financières tirées de l’activité touristique. Ainsi, une délégation interparlementaire franco-malienne, conduite par le député de Tombouctou Baba Haïdara dit Sandy, s’est rendue le 22 décembre dernier à Tombouctou. Après avoir constaté la paix, la sécurité et la sérénité totale dans la ville, le député de la Seine Saint-Dénis, Jean-Pierre Brard a cloué le bec à Kouchner et ses amis qui ont intimidé et réussi à dissuader les autres parlementaires français de faire le déplacement
Que nous veut au juste le cynique ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner ? ", est-on tenté de se poser la question. Pourquoi tant d’acharnement de l’Etat français contre le Mali ? Après avoir osé tracer une "ligne rouge" sur une partie du territoire malien en interdisant à ses ressortissants de la franchir pour aller dans les régions Nord (Gao, Tombouctou et Kidal ), Bernard Kouchner, Michel Reveyrand de Menthon, l’ambassadeur de France au Mali franchissent le Rubicon en demandant à une mission de parlementaires français, arrivée à Bamako de faire le déplacement de Tombouctou. La mission interparlementaire franco-malienne a pu quand même faire le voyage sur la Cité des 333 saints le mardi 22 décembre dernier. La délégation était composée d’une dizaine de députés maliens conduits par l’honorable El Hadj Baba Haïdara, du député français de Seine-Saint Denis et maire honoraire de Montreuil Jean-Pierre Brard. Le ministre de l’Artisanat et du Tourisme N’Diaye Bah était également du voyage.
Après deux heures de vol, la délégation qu’accompagnait la presse nationale et internationale (dont votre serviteur) à bord d’un appareil de l’armée malienne, a atterri aux environs de 10 heures et 15 minutes à l’aéroport de Tombouctou. Le ministre N’Diaye Bah et les honorables Jean-Pierre Brard, Baba Haïdara, Alou Aya, le 5e vice-président de l’Assemblée nationale représentant le président de l’institution, Amadou Bouaré, le président de la Commission des Affaires étrangères, Bô Niagaté du groupe d’amitié parlementaire Mali-France, Gossi Draméra, Bily Touré, Ibrahima Dianessy, Zanké Fané, Habib Sofara accompagnés des personnes ressources de la région telles Me Harouna Toureh (très engagé dans la conciliation entre les communautés), ont été accueillis par les autorités régionales à la tête desquelles se trouvait le Gouverneur Mamadou Mangara. Après les civilités d’usage au salon d’honneur de l’aéroport, cap sur la visite de quelques sites touristiques de la ville mystérieuse. Le centre Ahmed Baba, la bibliothèque Mama Haïdara, les mosquées Sankoré, Djingareï-Ber, la Maison René Caillé, le Musée municipal ont accueilli les missionnaires qui ont constaté la tranquillité, la paix qui caractérise Tombouctou. Contrairement aux clichés que véhiculent les néo colonialistes français. Cela, susurre-t-on, parce que le Mali a refusé de signer les accords de réadmission ou de rapatriement massif des immigrés, accord auquel "nos ancêtres les Gaullois" tiennent comme à la prunelle de leurs yeux !
A la rencontre tenue ensuite à l’Assemblée régionale, le député Jean-Pierre Brard a expliqué les manoeuvres orchestrées par Bernard Kouchner et ses amis pour étouffer le Nord-Mali. Jusque tard dans la soirée du 21 décembre, les parlementaires français, arrivés quelques jours plus tôt à Bamako, étaient prêts pour faire le déplacement sur la cité des 333 saints. Mais, les pressions par coups de fil depuis Paris, les intimidations proférées par des personnalités de haut rang dont le ministre Kouchner et ses lieutenants du Quai d’Orsay, aux environs de vingt deux heures, ont fini par convaincre certains députés français de surseoir à ce voyage. "C’est une ingérence de l’exécutif dans le fonctionnement du législatif. Député, je n’ai pas à obéir à l’exécutif. Il vaut mieux être seul qu’ être mal accompagné… Moi, j’ai tenu à venir ici pour constater que cette interdiction de venir dans le Nord du Mali est un acharnement. Il s’agit d’une stigmatisation exagérée comme si l’insécurité était le monopôle du Mali ", a martelé M. Brard. Pour lui, il ne doit y avoir que des actes de confiance et de coopération entre la France et le Mali ; et non des actes de défiance, de sabotage de l’économie d’une partie du territoire malien. "Aujourd’hui, nous avons deux ennemis communs : la lutte contre l’insécurité alimentaire et la lutte contre l’avancée du désert. Ce n’est pas au plus fort de ces luttes que nous allons priver les braves populations des ressources substantielles que leur procure l’activité touristique", a-t-il souligné.
Le ministre N’Diaye Bah a expliqué que l’enlèvement du ressortissant français, Pierre Camate à Ménaka, ne peut justifier ces prises de position extrêmes du gouvernement français. "Les Français sont chez eux au Mali. Nous condamnons avec la dernière rigueur l’enlèvement de M. Camate que nous considérons comme un Malien", a-t-il déclaré.
D’autres intervenants dont le Gouverneur, Mamadou Mangara, le premier vice-président du Haut Conseil des Collectivités, la maire, Mme Maïga Aziza Kattara, l’honorable Bily Touré ont affirmé leur gratitude à l’endroit du député français pour avoir fait le déplacement de Tombouctou malgré les menaces dont il fait l’objet de la part des autorités françaises. Ils ont réaffirmé les liens séculaires du Mali avec la France. Climat de confiance qu’il faut préserver. "On ne se laissera pas distraire par la peur de l’insécurité. La sécurité à cent pour cent n’existe nulle part. Des pays en turbulence comme l’Afghanistan continuent d’accueillir des touristes de part le monde", a laissé entendre l’honorable Touré.
Il faut rappeler que l’honorable Baba Haïdara dit Sandy, député élu à Tombouctou, avait récemment dénoncé à l’Assemblée nationale, la décision des autorités françaises de mettre en quarantaine les régions Nord du Mali. C’était en présence des parlementaires français en visite à Bamako. Ce fut le déclic pour cette mission qui vient de s’effectuer à Tombouctou. Avec succès. Contre vents et marées.
Bruno D SEGEBDJI