Risques de violence
Le principal bénéficiaire d’une telle situation de violence ne peut être qu’Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Eddine, ce mouvement terroriste qui a eu le temps, ces derniers temps, de s’enrichir grâce au narcotrafic et à ses rapprochements avec des réseaux jihado-salafistes qui pullulent dans la bande sahélo saharienne. Par le passé, c’est avec son argent qu’Iyad Ag Ghaly a pu recruter dans les régions du nord. Notamment, il a pu avoir dans ses rangs des hommes comme Alghabass Ag Intallah, le chef du Hcua. Et si ces hommes l’avaient quitté, ce n’est pas seulement parce qu’il était devenu infréquentable, traqué par l’Occident, notamment les Etats-Unis d’Amérique, c’est surtout qu’il n’avait plus les moyens d’entretenir des hordes de mercenaires. Aujourd’hui, on dit qu’il a de l’argent. Et il pourrait profiter de l’antagonisme entre le Mnla et le Hcua pour recruter de part et d’autre. Plus certes au sein du mouvement sécessionniste car Bilal Ag Acherif et ses camarades n’ont plus les moyens de leur guerre de sécession, ayant connu de nombreuses défections et enregistré de nombreuses pertes matérielles, logistiques et humaines. Ils ont également perdu des soutiens à cause de leur intransigeance à aller à contre-courant des réalités géostratégiques et politiques. Mais il leur reste tout de même quelques combattants qui, s’ils ne peuvent tenir tête à la Plateforme des forces de résistance, pourraient être d’un apport notable pour Iyad Ag Ghaly. Et Ansar Eddine renforcé, c’est une menace supplémentaire pour toute la zone, malgré la présence des forces françaises et onusiennes.
Tester l’Amenokal
Celles-ci gagneraient beaucoup, puisqu’à l’évidence leur objectif est la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme, de tester la sincérité de Mohamed Ag Intallah quant à ses nouvelles dispositions envers un Mali un et indivisible ; et, au cas où il s’avérait qu’il n’y aurait aucune duplicité dans sa nouvelle attitude, l’aider à asseoir et à étendre son autorité et son pouvoir sur l’ensemble des communautés touarègues dont il est censé être le chef. La médiation a de l’influence sur le Mnla, surtout sur ses responsables touareg (les autres ne sont que du menu fretin), et pourrait ramener le Mouvement à signer l’accord de paix et de réconciliation ; l’Amenokal a des rapports étroits avec Iyad Ag Ghaly et pourrait relancer la collaboration qu’ils avaient jadis ; le chef d’Ansar Eddine sait où se trouvent les terroristes et narcotrafics, principales cibles de la France et des Nations Unies. Il n’y a plus qu’à faire jouer ses liens en n’omettant pas de démontrer à chacun les intérêts des uns et des autres.
Cheick TANDINA