A la faveur d’une conférence d’information qu’il a animée le samedi 14 février 2015, à la Maison de la presse, le Coren a passé au peigne fin l’évolution de la situation au Nord, fait le point sur les actions menées, appelé les Maliens à la vigilance et exprimer ses inquiétudes par rapport à l’issue finale des négociations en cours dans la capitale algérienne. Le ton de cette conférence a été donné par le secrétaire chargé des affaires juridiques et politiques, Malick Ibrahim Touré, qui a mis en garde contre un éventuel accord qui ne serait pas conforme aux aspirations des Maliens, singulièrement la population du nord. Cela pourrait, prévient-il, compliquer le vivre ensemble. A l’en croire, les bandits sont les éléments du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) et ses acolytes regroupés au sein d’une Coordination dénommée ‘‘coordination des mouvements armés de l’Azawad’’. Aussi, a-t-il affirmé que les communautés touarègues et arabes n’adhèrent ni à la partition du Mali ni à tout autre forme de division.
Pour le Coren, autant un distinguo entre le Mnla, Ansardine, Hcua, Mujao, Aqmi et autres est une absence de vision voire un crime; autant il est injuste d’affubler les patriotes en armes, résistant à Tabankort, du terme «milice». Ces mouvements d’auto-défense ont le soutien inconditionnel du Coren et méritent la reconnaissance éternelle de la nation malienne toute entière», a indiqué M. Touré. Selon lui, cet engagement pour l’unité nationale est un motif de satisfaction réelle pour que respirent à plein poumon les hommes et les femmes regroupés au sein du Coren.
Mécontent du pouvoir
En effet, le Coren s’insurge contre les tentatives de leur musellement et de leur mise à l’écart des négociations par le gouvernement. Selon les responsables du Collectif, il n’y a pas de place à la langue de bois. Comment comprendre, à plus forte raison admettre, interroge-t-il, que le gouvernement décide d’ouvrir les négociations avec des gens qui n’ont aucune légitimité populaire, qui ont fait souffrir le peuple malien pendant 10 longs mois, en écartant le Coren. Face à cette situation qu’il qualifie d’indifférence du gouvernement vis-à-vis de la souffrance de la population du Nord, Malick Ibrahim Touré a été on ne peut plus clair : «Nous exigeons l’implication de la société civile, notamment le Coren dans le processus en cours. Tout document non conforme aux aspirations de la communauté du nord est voué à l’échec. Il n’est pas acceptable de décider de notre avenir sans notre participation. Le Coren donne l’alerte sur les risques certains d’une transformation de l’insécurité en vendetta pouvant déboucher sur une généralisation du conflit. Nous déplorons les mutations de nos élans de secoureurs, au départ purs, en attitude inintelligible, illisible voire quasi-partisane au profit des terroristes et ennemis du Mali».
Contribution du Coren
Selon le président du Coren, Malick Alfousseyni Maïga, malgré ces récriminations contre la démarche solitaire du gouvernement, le Coren reste républicain en apportant certaines propositions pour la paix et l’unité nationale. A cet effet, le Coren propose entre autres : la suppression et le bannissement de l’expression «Azawad» de tout document d’accord ; la mise en œuvre effective des recommandations du forum national sur la gestion de la crise au Nord du Mali qu’il a organisé les 27 et 28 avril 2013, qui se décline en 13 points dont la prise en compte des groupes d’auto-défense dans le processus de négociation en les mentionnant comme acteurs incontournables du retour de la paix…
Dans tous les cas, le Coren a appelé le régime à mettre fin à la politique de deux poids et deux mesures pratiquées à son encontre. Il a également recommandé au gouvernement la mise en place d’une véritable stratégie de gestion du problème du nord avec l’implication des forces politiques de la société civile malienne ainsi que des actions adéquates d’information et de sensibilisation des citoyens maliens.
Badra A.