Dans une déclaration lue par son Secrétaire chargé des affaires juridiques, Me Maliki Ibrahim, le Coren a ainsi passé au peigne fin l’évolution de la situation au Nord, fait le point sur les actions menées et appelé les Maliens à la vigilance. Cette conférence était animée par Malick Alhousseyni, Président du Coren, en présence d’Ousmane Issoufi Maïga, président d’honneur, des associations partenaires ainsi que des organisations de la société civile. Préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire, le Coren affirme être attentif et attaché aux négociations en cours à Alger.
D’entrée de jeu, Maliki Ibrahim a mis en garde contre un éventuel accord qui ne serait pas conforme aux aspirations des Maliens, singulièrement la population du nord. Cela pourrait, prévient-il, compliquer le vivre ensemble. En effet, il faut éviter de verser dans de faux calculs, car, selon le Collectif, les bandits sont les éléments du Mouvement national pour la libération de l’Azawad et autres mouvements armés. Aussi, a-t-il affirmé que les communautés touarègues et arabes n’adhèrent ni à la partition du Mali ni à tout autre forme de division.
A en croire Me Maliki Ibrahim, les groupes armés sont indissociables. «Ils constituent la seule et même entité criminelle et terroriste avec des dénominations différentes, des rôles et missions savamment et préalablement convenus et exécutés. Autant un distinguo entre le Mnla, Ansardine, Hcua, Mujao, Aqmi et autres est une absence de vision voire un crime; autant il est injuste d’affubler les patriotes en armes, résistant à Tabankort, du terme «milice». Ces mouvements d’auto-défense ont le soutien inconditionnel du Coren et méritent la reconnaissance éternelle de la nation malienne toute entière», a-t-il estimé. Selon lui, cet engagement pour l’unité nationale est un motif de satisfaction réelle pour que respirent à plein poumon les hommes et les femmes regroupés au sein du Collectif des ressortissants du Nord.
Malgré cette volonté de soutenir le processus de paix, la communauté du nord, à travers le Coren, s’insurge contre les tentatives de leur musellement et de leur mise à l’écart des négociations par le gouvernement. Selon les responsables du Collectif, il n’y a pas de place à la langue de bois. Comment comprendre, à plus forte raison admettre, interroge-t-il, que le gouvernement décide d’ouvrir les négociations avec des gens qui n’ont aucune légitimité populaire, qui ont fait souffrir le peuple malien pendant 10 longs mois, en écartant le Coren. Face à cette situation qu’il qualifie d’indifférence du gouvernement vis-à-vis de la souffrance de la population du Nord, Me Maliki Ibrahim a été on ne peut plus clair : «Nous exigeons l’implication de la société civile, notamment le Coren dans le processus en cours. Tout document non conforme aux aspirations de la communauté du nord est voué à l’échec. Il n’est pas acceptable de décider de notre avenir sans notre participation. Le Coren donne l’alerte sur les risques certains d’une transformation de l’insécurité en vendetta pouvant déboucher sur une généralisation du conflit. Nous déplorons les mutations de nos élans de secoureurs, au départ purs, en attitude inintelligible, illisible voire quasi-partisane au profit des terroristes et ennemis du Mali».
Pa ailleurs, le Coren demande à la Cour pénale internationale et aux juridictions pénales maliennes de suivre de manière diligente les affaires dont elles sont saisies. Et exige la démobilisation et le désarmement immédiat de toute personne ou regroupement de personnes autre que les forces armées et de sécurité du Mali et des forces internationales.
Malgré ces récriminations contre la démarche solitaire du gouvernement, le Coren reste républicain en apportant certaines propositions pour la paix et l’unité nationale. Dans une contribution, le Coren propose la suppression et le bannissement de l’expression «Azawad» de tout document d’accord, la mise en œuvre effective des recommandations du forum national sur la gestion de la crise au Nord du Mali, qu’il a organisé les 27 et 28 avril 2013, qui se décline en 13 points. S’y ajoutent la prise en compte des groupes d’auto-défense dans le processus de négociation en les mentionnant comme acteurs incontournables du retour de la paix et la mise en place immédiate d’une commission d’enquête incluant les communautés victimes de la répression du 27 janvier 2015, sur les évènements survenus à Gao.
Dans ce combat pour la prise en compte de ses préoccupations, le Coren n’est pas orphelin, il bénéficie du soutien de plusieurs organisations de la société civile.
Nouhoum DICKO
Opportunistes
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