Face à la rébellion touarègue, les présidents Modibo Keïta et Moussa Traoré ont manié la carotte et les bâtons. Depuis, le Mali a fait d’énormes efforts pour la paix. Tous les présidents de l’ère démocratique et leurs gouvernements ont œuvré inlassablement pour la paix. Le dialogue et la négociation ont été la seule méthode utilisée et plus de 1.500 milliards de FCFA ont été programmés par le seul ATT pour satisfaire les desideratas des « hommes blues ».
Depuis les indépendances, la République du Mali est confrontée à un dur problème de rébellion. Les régimes successifs ont d’une manière ou d’une autre tenté de gérer cette épineuse crise sécuritaire, mais sans parvenir à une paix durable à cause de mauvaise foi du groupuscule touareg. Toutes ces douloureuses crises qui ont ébranlé la stabilité et la paix sociale de la République du Mali, sont parties de la ville de Kidal. Une ville tristement célèbre par le manque de civisme de certains groupuscules qui mettent toujours en mal le socle de l’état du Mali, un grand pays, reconnu dans les instances internationale pour son attachement à la paix.
« Pour la paix aucun sacrifice n’est de trop. Car sans elle, aucun développement n’est possible ». C’est cette sagesse véridique qui anime le peuple malien dans son ensemble et ses dirigeants qui n’aspirent qu’à vivre dans la quiétude et la paix. D’où, depuis la chute du régime dictatorial et sanguinaire du général Moussa Traoré, en mars 1991 et l’éclatement des rebellions des années 1990 à nos jours, pour la paix, beaucoup de projets d’accords ont été signés et exécutés à 73,69% par l’Etat malien. Et les peuples du sud n’ont jamais fait preuve d’amalgame avec les peaux blanches et ont su faire toujours la différence entre ceux qui ont pris les armes et ceux qui n’en ont pas fait et pour la paix, ils vivent en toute quiétude avec les touaregs du sud et en toute symbiose. Comme preuve, même après l’effroyable exécution de nos soldats à Aguelhok en 2012 ; aucun arabe touareg, n’a été tué, en représailles.
Chronologie des rébellions au Mali
C’est entre 1962-64, dans le Nord du Mali, que la première rébellion touareg (ou rébellion des Fellaghas), a été lancée depuis la région de Kidal et elle a été violemment réprimée. La guerre provoque un exode massif des Touaregs vers l’Algérie et d’autres pays voisins. Le renforcement des restrictions militaires par le gouvernement se poursuit dans le Nord. Mais en ce qui concerne l’ère démocratique, les premières attaques ont eu lieu en juin 1990 par l’assaut sur la prison et de la garnison de Ménaka. Les violences généralisées provoquent un nouvel exode des populations civiles. Malgré une série d’initiatives de paix au niveau local et national, en mai 1994, les tensions s’aggravent dans le Nord, en particulier entre les communautés sédentaires Songhai, les Touaregs et les Arabes. Elles ont pour résultat la formation du Mouvement patriotique Ganda Koi (Mpgk) malien des miliciens Songhaï. Ganda Koi signifie « maîtres de la terre » en songhaï. Ce n’est pas tout, deux ans après, précisément en Mai 2006, les garnisons de Kidal et Ménaka sont attaquées par le nouveau mouvement rebelle, l’Alliance démocratique pour le changement du 23 mai (Adc). Toujours en mois de mais cette fois en un an après, en 2007, les violences continuent après le rejet par l’Alliance Touareg Niger-Mali (Atnm) des accords d’Alger. L’Atnm poursuit ses opérations dans le Nord, attaquant des garnisons et enlevant des soldats placés sous le commandement d’Ibrahim Ag Bahanga.
En novembre 2010, une rencontre est organisée à Tombouctou. Elle accueille principalement des Touaregs du Nord et se conclut par la création du Mouvement national de l’Azawad (MNA) qui rejette les violences, mais appelle à un élan de solidarité des Azawadis installés au Mali et à l’étranger.
En Août 2011, des Touaregs lourdement armés sont arrivés sur le territoire malien. Ils arrivent de Lybie via l’Algérie et le Niger.
Deux mois plus part, le 16 octobre 2011, le Mouvement National pour la libération de l’Azawad (Mnla) est créé. Le Mouvement national de l’Azawad (MNA) fusionne avec l’ATNM, un mouvement plus intransigeant. Le principal objectif de ce nouveau mouvement est de « sortir le peule de l’Azawad de l’occupation illégale du territoire azawadien par le Mali ». Et en janvier 2012, Le Mnla accuse le gouvernement de provocation militaire et de ne pas avoir satisfait une série de promesses, et lance des attaques rebelles sur Ménaka. Le mouvement indique que son objectif est « d’obtenir la paix et la justice pour la communauté de l’Azawad » et « la stabilité pour notre région ». Du 17 au 31 janvier 2012, après des attaques menées initialement par les rebelles sur Ménaka, de nouveaux combats sont signalés dans d’autres régions du Nord, y compris Ageul-hoc, Tessalit, Léré, Andéramboukane et Nianfunké. Le bilan est accablant, des militaires maliens ont été égorgés comme des moutons. Le 06 avril 2012 : Le MNLA déclare l’indépendance de l’Azawad dans le nord du Mali et appelle à un cessez-le-feu unilatéral. La suite est connue…
Les multitudes accords signés pour la paix
Attaché ainsi à la paix et la non-violence, le gouvernement malien a signé beaucoup d’accords avec la rébellion touarègue. L’histoire des nations retient que toutes les guerres finissent par des négociations qui sont consignées dans des accords entre les parties. C’est ainsi que, les gouvernements successifs se sont employés à privilégier les négociations, au lieu de répondre à la violence par la violence. L’éclatement de la rébellion arabo-touarègue avait comme principale revendication la libération de l’ « Azawad ». Après les affrontements militaires dans les régions de Gao et Kidal, des pourparlers sous l’égide de l’Algérie ont abouti à la signature des accords dits « accords de Tamanrasset du 6 janvier 1991 » entre le gouvernement de la République du Mali et le Mouvement populaire de l’Azawad (Mpa) et le Front islamique arabe de l’Azawad (Fiaa) dirigé respectivement par Iyad Ag Ghaly et Boubacar Sadeck. Il a aussi les accords concernant le pacte national du 11 avril 1992 à Bamako et celui de « l’accord d’Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la région de Kidal», signé le 4 juillet 2006. Le 27 mars 1996, la cérémonie de la Flamme de la paix est organisée à Tombouctou, alors que des centaines d’armes à feu sont détruites et que les mouvements touaregs armés et le Mpgk (Mouvement patriotique Ganda Koi) sont officiellement dissous. Cette flamme de la paix avait été initiée conjointement par notre pays, sous la présidence du premier président de l’ère démocratique, Alpha Oumar Konaré, et les Nations unies et symbolisait la fin de la rébellion dans le Septentrion qui avait connu deux ans de guerre entre l’armée régulière et des fractions et mouvements rebelles. Les différentes forces armées en présence ont brûlées sous les yeux de la communauté internationale des dizaines de milliers d’armes de guerre qui ont servies à alimenter une guerre fratricide. Cette expérience unique au monde est depuis lors choisie par les Nations unies comme une étape décisive dans le règlement définitif des conflits armés à travers le continent africain particulièrement et le monde en général.
En effet, le décret introduisant l’Agence de Développement du Nord Mali (Adn) est promulgué en avril 2005. Il donne la priorité à l’investissement et au développement dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
En février 2009, la cérémonie de paix de Kidal inclut la remise de centaines d’armes par les rebelles touaregs et de nouveaux aménagements pour leur intégration au sein des forces armées, mais les combattants de M. Bahanga ne participent pas au processus de paix.
Deux ans plus tard en février 2011, le président de la République, Amadou Toumani Touré avait pris la parole lors d’une cérémonie organisée non loin de Kidal et annonce un nouveau grand programme pour le Nord qui « proposera des solutions urgentes pour le rétablissement de la paix et de la sécurité », et aidera les jeunes « à trouver du travail et à échapper aux activités illicites et dangereuses ». En août 2011, six(6) mois après la cérémonie de Kidal, ATT lance le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement au Nord-Mali (Pspdn) doté d’un budget de 32 milliards de francs CFA (environ 65 millions de dollars), qui met l’accent sur les projets liés à la sécurité, au développement, aux femmes, aux jeunes et à la génération des revenus. Le programme a reçu le soutien de l’Union européenne (Ue), de la Banque mondiale, du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) et d’autres bailleurs de fonds. Le programme est dirigé par Mohamed Ag Erlaf, un touareg originaire de Kidal. Et sans oublier, l’Anict( Agence nationale pour l’investissement des collectivités territoriales) qui a été créée, etc.
Malgré ces multitudes accords signés par le Gouvernement malien et les groupes, le 17 janvier 2012 a éclaté encore une rébellion touarègue déclenchée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) en connexion avec des groupes djihadistes d’Aqmi, d’Ansar Dine et du Mujao. Une des causes de cette nouvelle rébellion, selon le président de l’Adcg( Association pour le développement du cercle de Goundam), Mohamed Fall, pourrait être la conséquence de la gestion des anciennes rébellions de 1963, 1990 et 2006 qui se sont terminées pour les deux dernières par la signature des accords. Et pour mettre fin à cette énième rébellion touarègue et permettre la tenue de l’élection présidentielle sur toute l’étendue du territoire malien, un accord préliminaire a été signé entre le Gouvernement de la transition et les groupes rebelles à Ouaga le 16 juin 2013.
Efforts du Gouvernement et du peule malien
Force est de reconnaitre que, le Gouvernement et le peuple malien ont fait des efforts gigantesques pour la paix. Et pour illustrer l’effort consenti par le Gouvernement par rapport à l’exécution des engagements pris pour la paix, des études ont prouvé que le montant total des fonds acquis pour les projets et programmes du nord du Mali de 1992 à nos jours, s’élève à 1112,470 milliards de FCFA sur un montant total de 1509,551 milliards, soit 73,69% de programmes exécutés. Sur ce montant acquis, 778,332 milliards ont été décaissés pour des investissements en faveur des régions du nord, précisément celle de Kidal. « J’ai investi plus d’une centaine de milliards de FCFA pour le développement des régions du nord », avait déclaré le président ATT (avant d’être chasser du pouvoir par un coup de force le 22 mars 2012). Même si la gestion de ces fonds n’a toujours pas été faite dans la transparence et la rigueur, en tout cas, ce sont des touaregs irrédentistes qui en étaient les principaux gestionnaires.
Cependant le 3ème président de la 3ème République, Ibrahim Boubacar Keïta qui a hérité d’un pays meurtri par la guerre et son Gouvernement, est en train de tout mettre en œuvre pour mettre fin à cette récurrente rébellion touarègue en cherchant des voies et des moyens pour apporter une paix définitive et durable au Mali. Raison pour laquelle, un Ministère pour la réconciliation nationale et le développement des régions du nord a été crée, en plus de la commission dialogue et réconciliation qui existe déjà. Et, les 21, 22 et 23 octobre ont eu lieu au Cicb, des assises sur les états généraux de décentralisation. Plus de 600 personnalités maliennes et étrangères ont analysé les acquis et les faiblesses du processus de la décentralisation au Mali. Les échanges ont porté sur une dizaine de thématiques relative à la bonne gouvernance, à la démocratie et au développement local. Avec ces assises nationales sur les Etats généraux de la décentralisation, le président IBK entend apporter des réponses définitives aux frustrations des rebelles touaregs du nord du Mali. « Il nous faut apporter des réponses définitives aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme de nos frères touaregs », a-t-il déclaré, lors de la cérémonie d’ouverture des assises nationales sur la décentralisation, le mercredi 21 octobre 2013 au Cicb. Il pense par ailleurs qu’avec une meilleure décentralisation, des solutions peuvent être trouvées à l’irrédentisme touareg qui n’a que trop perduré. Ce n’est tout, une semaine plus, les 01, 02 et 03 novembre 2013, les assises nationales du nord se sont tenues. Ces discutions se sont portés sur la réconciliation nationale, les recommandations des Etats généraux sur la décentralisation et le programme de développement accéléré des régions du nord du Mali. L’objectif de ces assises, combien important, est de faire connaitre et partager les préoccupations et les attentes du peule malien sur la voie de la recherche d’une paix durable, juste et inclusive. En initiant ces assises, le président de la République, IBK entend régler définitivement la question du Nord, en forgeant une paix durable fondée sur la confiance entre toutes les composantes de la Nation malienne. Et pour arriver à une paix durable dans un Mali unifié, il se dit prêt à négocier tout. La libération des membres des groupes rebelles et la levée des mandats d’arrêts nationaux et internationaux de certains chefs rebelles sont des preuves de la bonne foi des nouvelles autorités, sous la roulette d’IBK, à aller dans le sens de la recherche des solutions idoines pour une paix durable. Même les députes rebelles( notamment Mohamed Ag Intalla et Ahmada Ag Bibi) qui ont désertés les rangs de l’Assemblée nationale pour aller combattre la République, ont été autorisés à se présenter pour les législatives à venir. Et sur la liste RPM, le parti présidentiel.
Aussi, le peuple malien dans toute sa composante n’est pas reste en marge de la recherche d’une paix durable. Tout d’abord au niveau de la société civile, où beaucoup d’associations et organisations ont été crées en faveur de la paix ou bien d’autres notament comme le Coren, la Cafo( pour ne citer que ceux) ont apporté leur contribution en cherchant des voies et des moyens pour arriver à une paix durable au Mali. La presse, aussi, a toujours joué et continue de jouer son rôle en faveur de la paix. L’Association des journalistes pour la paix et la non-violence(Ajpv) est un exemple parmi tany d’autres. Cette association œuvre inlassablement à la formation des journalistes sur la collecte et le traitement d’article en matière de paix.
Il faut également parler de la participation des artistes en faveur de la paix à travers la Fedema(Fédération malienne des artistes du Mali), qui, après des chansons pour la paix, a organisé le vendredi 18 octobre 2013, un téléthon en faveur de la paix emaillé par une pièce de théatre denommée : « dormir dans l’Azawad » ; une manière de demontrer l’unicité du Mali.
En somme, le Gouvernement et le peulple malien dans son entièreté ont toujours et continuent d’ailleurs d’œuvré inlassablement pour une paix durable et cela au vu et au su de la commauté internationale. Malgré, les efforts collosaux fournis par le Mali, le gouvernement et le peuple, on n’est pas encore arriver à une paix durable et cela à cause de la mauvaise foi de la partie touarègue. A quand le tour du groupouscule touareg de faire des sacrifices pour une paix durable au Mali ?
Il urge, en tout cas, qu’àprès la crise qui a mis le Mali à genou que les Maliens( toutes ehnies et races confondues), cultiver dans une communion totale la culture de la paix et de la non violence. Car, elle( culture) favorise
le respect de la vie et de la dignité de chaque être humain sans préjugé ni discrimination d’aucune sorte.
Et si seulement si, les membres de la rébellion touaregue laissaient les armes et s’ajoutaient à l’ensemble de la République, en acceptant la main tendue du président IBK, qui a dit lors de la cérémonie d’ouverture des assises nationales sur le nord : « a ceux qui ont pris les armes, je tends encore la main. A fin qu’ils s’inscrivent dans une dynamique de paix et de réconciliation. Travaillons, à faire en sorte, de bannir les armes pour toujours de notre commerce social. Le dialogue est supérieur aux fracas des armer, car il fait appeler à l’intelligence et au courage de l’homme… »
En tant que, même fils d’un même pays, il est important que les touaregs irrédentistes fassent, à leur tour, un peu effort en rejoignant la République pour qu’ensemble nous réfléchissions longuement et sérieusement sur cette sagesse de Martin Luther King : « Il faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons périr ensemble comme des imbéciles ».
Aliou Agmour