47e Anniversaire sur fond de rébellion au nord : Ce qu’ATT exige de Bahanga

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A l’occasion de 47e anniversaire de l’indépendance du Mali, le président ATT a prononcé un discours de 1878 mots. Un discours en séquences, d’inégale répartition en taille, volume, densité, profondeur d’idées et en engagement. On retiendra de ce discours que le président ATT entend faire réviser les textes maliens sur les élections. Si la constitution est concernée, il va certainement s’agir d’un référendum. A quelle fin avouée ou inavouée ? Parlant du problème du Nord, le président ATT dit qu’il « exige » de la bande à Bahanga. De quoi serait-il fort pour exiger quelque chose de Bahanga ?

De la microchirurgie du discours….

Tout d’abord un nouveau « look » introductif. En lieu et place du sempiternel «maliennes, maliens, chers compatriotes » auquel ATT avait ajouté « mes chers amis, les enfants » un nouveau précepte : « Mes chers compatriotes, frères africains, hôtes du Mali ». Cette fois ci, aucune allusion à ses amis les enfants.

Première séquence

Les élections. Après les commodités d’usage à tout discours politique, Son excellence aborde les élections. Et selon lui : « Ces insuffisances interpellent l’Etat et la classe politique. Après quinze ans de pratiques électorales, le moment me semble venu de tirer les leçons des différentes expériences afin de procéder à une relecture de nos textes et à un audit de notre système électoral. »

Le message est reçu 5 sur 5 par tous. Il va donc s’agir au cours de ce dernier mandat d’ATT d’une révision de nos textes. A commencer par la constitution, le texte fondamental. Est-il besoin de dire que la révision d’une constitution exige l’organisation d’un référendum. Dans son discours, le président ATT parle des dispositions relatives à l’organisation des élections. Espérons que la révision de nos textes qui pourrait aboutir à un référendum ne va concerner la limite à deux mandats du président de la République.

Le président ATT annonce la nomination d’une personnalité malienne pour coordonner tout ça. Ce sera donc une structure de plus pour une mission annoncée pour être spécifique voire spéciale.

Deuxième séquence

La rébellion au Nord Cette séquence comporte 206 mots sur les 1878 que comptent la totalité du discours soit seulement le 1 sur 9 du texte.

Qualifié de «problème surgi au Nord-est de la Région de Kidal… les civils et militaires, enlevés… et retenus en otage par la Bande à BAHANGA.».

Pour la première fois qu’ATT aborde la question, il refuse de la qualifier. Est-ce en effet une nouvelle rébellion ? Est-ce le fait de «bandits armés, de trafiquants d’armes et de drogues ? De tout ça ATT n’en parlent guère. Il parle simplement de « problème surgit au Nord ». Oui, pour un problème ç’en est vraiment un. Puisque des soldats ont été enlevés et mêmes tués. De paisibles citoyens n’ont pas été épargnés. Et des vies humaines restent encore gravement menacées.

Le président ATT « se réjouit de la libération de certains d’entre eux (les otages) intervenue ce vendredi. Toutefois, nous exigeons l’élargissement, sans délai, de tous les autres otages.»

Oui, le ton y est. Mais de quels moyens dispose t-il pour satisfaire à cette exigence ? Avec une armée malienne en quête de moral, psychologiquement défaite, sans matériels, sans entrainement et peut-être malnutrie. Est-ce des rebelles qu’ATT exige la libération des otages ? Si c’est à eux qu’il s’adresse, est-ce à dire qu’il a encore les moyens d’en imposer à ce qu’il appel « la bande à Bahanga » ? Le président ATT sait-il que c’est précisément sur le terrain de la libération des otages qu’il est le plus attendu par l’opinion publique malienne?

Mais ATT a cru devoir rappeler son attachement à l’Accord d’Alger. Il désigne cet accord comme « le seul cadre de dialogue et de concertation. ». Ce qui n’est pas mauvais en soit. Mais le président ATT n’est pas sans savoir que les rebelles se moquent éperdument de l’Accord d’Alger et même de l’Alliance du 23 Mai pour le changement, qu’ils considèrent caduques, nul et de nul effet.

L’incongruité dans le discours du chef de l’état est la démarche ambivalente qu’il semble adoptée dans la résolution de la crise au Nord Mali. Autant il écarte l’éventualité d’un autre cadre de dialogue autant il ne rechigne pas à négocier avec Bahanga pour la libération des otages.

A la lumière de la réplique du chef de l’Etat aux doléances maintes fois clamées par Bahanga, n’y a- t-il pas un risque d’aggravation de la crise côté bandits armés, quand on sait que les propos du chef de l’Etat limitent la marge de manœuvre du berger de moutons, rompu aux armes.

Pourtant ce sont toujours les Ifoghas, frères, cousins depuis la 1ere rébellion. La même famille. Une solution radicale s’impose.

Surtout en ce moment où, là aussi le président le sait, Touareg du Niger et du Mali ont fait la jonction dans un mouvement appelé MTNM. Est-ce pourquoi ATT ne perd pas de vu que : « La récurrence des problèmes de sécurité dans la bande sahélo-saharienne exige, des pays concernés, une véritable politique de sécurité collective pour faire face au banditisme transfrontalier et au terrorisme. ». C’est aussi tout à son mérité d’affirmer que l’intégrité du territoire est inviolable.

Troisième séquence

Le prix des produits de consommation. Le président ATT n’annonce aucune mesure concrète pour soulager les populations. Il se limite à rappeler les efforts déjà faits dont certains n’ont porté fruit. Comme remède à tout, le président ATT cite son Pdes (programme de développement économique et social) sur la base duquel il vient d’être élu. Un programma aussi ambitieux que le PDES nécessite 20 ans, que dire des 4 ans qui restent pour ATT pour réaliser ce noble objectif.

Quatrième séquence

Lutte contre la corruption. Le président ATT sait mieux que quiconque l’ampleur du Mali qu’il décrit d’ailleurs de très belle manière. Il parle de 138 dossiers de corruption transmise aux juges. Ils appellent ces derniers à s’assumer et à ne pas faiblir. Les juges ont reçu le message, reste à savoir comment ils vont s’exécuter. L’objectif affiché est de faire de notre pays un exemple de bonne gouvernance en Afrique. Toujours au chapitre de la bonne gouvernance, le président ATT envisage la suppression de la peine de mort au Mali.

Dans un pays à majorité de musulmans, avouons que c’est osé que de parler de suppression de la peine de mort. Le président ATT va également au devant d’un autre défi qu’il annonce. C’est celui de l’adoption du code malien de la famille et de la personne. Un code qui avait été mis en veilleuse depuis 1999 parce que sérieusement combattus par des couches entières de la société malienne.

Cinquième séquence : Elle porte sur son engagement en faveur des Maliens de l’extérieur. Ces derniers n’ont été oubliés dans aucun discours d’ATT. Mais seulement voilà, en cette fête d’indépendance du Mali, pays fier, libre et débout, comment ne pas aborder ce qui les préoccupe le plus aujourd’hui ? A savoir l’immigration notamment dans son versant ADN.

Aba Kaba TRAORE et Belco TAMBOURA

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