Dans moins d’une semaine en principe s’ouvriront en Algérie les pourparlers inclusifs pour le retour de la paix et de la sécurité dans le Nord du Mali. A l’heure de la mobilisation, la passivité semble gagner du terrain du côté du gouvernement, puisque jusqu’ici aucune campagne d’information et sensibilisation ou table ronde pour exposer les lignes directives de cette 2e phase n’a été initiée.
Majorité, opposition et société civile sont unanimes sur le déficit de communication autour des discussions qui vont bientôt se tenir à Alger. Pour elles, le peuple malien a besoin de savoir exactement ce qui va se passer à Alger. Le nombre restreint de journalistes présents sur place et le peu d’informations officielles qui ont filtré lors de la première phase consacrée à l’élaboration de la feuille les pourparlers inclusifsontlaissé libre cours aux rumeurs.
La société civile exprime clairement son mécontentement. Pour elle, le gouvernement a failli à l’une de ses missions. “Le gouvernement devait tirer les leçons du passé pour combler le déficit de communication autour de la question du Nord. Dans moins d’une semaine, la capitale algérienne sera l’épicentre des discussions de paix entre les Maliens mais le peuple malien n’a pas suffisamment d’informations sur le processus. Qu’à cela ne tienne ! Nous attendons les résultats et nous serons prêts à nous prononcer sur ce qui va sortir concrètement”, déclare Mamadou Tangara, président de l’Association malienne des sans voix.
“Le gouvernement aurait dû prendre au moins le temps d’organiser des rencontres à l’intention des forces vives de la nation pour informer les populations maliennes sur les étapes de cette 2e phase”, ajoute-t-il. Pour lui, les pourparlers d’Alger sont loin d’être inclusifs, la société civile n’étant pas représentée.
Le secrétaire général adjoint du Congrès national d’initiative démocratique (Cnid/Faso yiriwa ton, parti de la majorité présidentielle est contre la méthode du gouvernement. Selon lui, il aurait dû impliquer tout le monde pour que les négociations soient une réussite. “Jusqu’ici, nous ne maîtrisons pas les positions claires du gouvernement. Or, pour réussir face à des bandits, il faut avoir un soutien total. Mais le soutien par l’information et la sensibilisation. J’aurais voulu des tables rondes sur les ondes de la télévision nationale et les radios privées”, précise-t-il. Pour lui, c’est un rapport de force. Et la communication est la seule arme capable d’assurer le succès.
Pour l’opposition, ce manque d’informations confirme les aveux d’IBK dans une interview il y a quelques mois : “Le président de la République a reconnu que l’un des péchés du régime c’était le déficit en matière de communication. Mais trois mois après cette déclaration, rien n’a changé”, regrette Ousmane Doumbia, secrétaire général de la section VI du parti des Forces alternatives pour émergence et le renouveau (Fare/An ka wuli). “Nous ne savons pas grand-chose sur ce qui va se passer à Alger si ce n’est qu’il y aura au sein des différentes délégations des experts, des non-experts”, se plaint-il. Pour lui, rien ne filtre sur cette négociation qui est pourtant importante pour le retour de la paix.
“On ne sait pas ce qu’il cache. De toutes les façons, cette négociation a déjà échoué avec la création de nouveaux groupes. Parce qu’ils ne vont pas se reconnaître dans les compromis. Et il faut donc prendre les armes pour revendiquer. Les groupes n’ont pas les mêmes visions”, annonce-t-il.
Ousmane Doumbia Kéita estime en outre qu’il n’est pas trop tard. Il dit être convaincu qu’il est encore temps de réunir autour d’une même table la société civile, la majorité, l’opposition et les forces vives de la nation : “Nous savons qu’il y a eu à Alger, l’élaboration de la feuille de route. Et c’est maintenant les vraies discussions. D’ici le 1er septembre, le gouvernement a toujours l’opportunité de réunir les forces vives de la nation pour qu’il y ait les vraies propositions des Maliens sur cette crise du Nord”.
Bréhima Sogoba