Quinze mois après l’intervention militaire Serval, le nord du Mali reste une « zone grise », hors de contrôle. Aussi bien sur le plan sécuritaire que politique. Au début de l’année 2013, l’armée française, épaulée par des militaires tchadiens, a détruit les principaux sanctuaires djihadistes et forcé leurs combattants à s’éparpiller dans le désert. Depuis le début de 2014, une quarantaine d’islamistes armés, dont plusieurs chefs, comme Oumar Ould Hamaha, ont été tués, a déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, le 20 mars dernier.
Mais, dans le même temps, de petits groupes, fondus au sein de la population ou cachés dans les massifs montagneux de Tigharghar ou de Timetrine, se réactivent. Affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou au Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ils font péser une menace, certes « résiduelle », mais bien réelle sur les trois régions du nord du Mali : Gao, Tombouctou et Kidal. Leurs moyens logistiques ont été démantelés. Ils ne peuvent plus mener d’actions d’envergure, mais ils guettent la moindre occasion pour frapper. La liste des actions terroristes menées ces derniers mois est révélatrice de la non maîtrise du phénomène.
Le 02 novembre 2013, deux journalistes de Rfi, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sont enlevés dans la ville de Kidal, puis assassinés par balles. Probablement sur ordre d’un jihadiste touareg lié à Aqmi. Depuis, à plusieurs reprises, entre février, avril et mai, des roquettes sont tirées sur Gao, Tombouctou et Kidal. Sans toutefois faire de victimes. A deux reprises, un véhicule circulant dans la région a sauté sur une mine, faisant au total six blessés graves. Et plusieurs enlèvements ont eu lieu, sans que l’on connaisse toujours les responsables ni leurs motivations.
Force est de reconnaître que même après avoir été débarrassé« des forces du mal », le nord du Mali reste toujours une zone « grise ». Alors question : à quand la fin de ce cauchemar ?
Aliou Touré