La célébration de la journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale édition 2023 a eu lieu à Koulikoro sur terrain de la Corniche. C’était hier, mardi 23 mai en présence d’une foule mobilisée à cet effet. Cette cérémonie était présidée par le Directeur de Cabinet du gouvernorat de Koulikoro, Mohamar A. Haidara.
La Directrice Régionale de la santé de Koulikoro, Dr Najim Oura Diallo, la Directrice par Intérim de Intrahealth, Dr Goita Jeanne Téssougué, le représentant de l’ONG AMCPSP, Souleymane Samaké, les services techniques de la région, les associations de femmes et les scolaires du niveau secondaire de la ville, étaient également présents.
La fistule obstétricale est une affection très handicapante qui touche la jeune femme et qui l’exclut de la société. Elle frappe en général des parturientes de niveau socio-économique bas, dans les régions où la couverture médicale est faible. C’est une affection qui est mal connue des décideurs et de nombreux prestataires de service alors qu’elle reste la cause de morbidité maternelle la moins prise en charge; bien qu’elle soit celle qui affecte le plus la femme, la famille et la société. La fistule obstétricale (FO) se définit comme «une perforation de la paroi vaginale qui communique avec la vessie ou le rectum à la suite d’un travail d’accouchement long et difficile». Elle se manifeste par une perte d’urines et parfois de matières fécales par le vagin engendrant une souffrance physique, morale, psychologique et sociale.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la prévalence de la fistule obstétricale est estimée à plus de 2 millions de jeunes femmes à travers le monde dont la plupart en Afrique et en Asie du Sud. Son incidence en Afrique de l’Ouest est de 3 à 4 pour 1000 accouchements. Pour faire face à ce drame silencieux, le système des Nations Unies avait lancé en 2005 la campagne mondiale d’élimination de la fistule obstétricale sous l’égide de l’UNFPA.
Dr Goita Jeanne Téssougué, Directrice par intérim de Intrahealth après avoir définir la fistule dans son discours, dira que c’est une maladie qui handicape la vie de milliers de femmes car selon elle cette maladie intervient en général lors d’un premier accouchement compliqué avec un taux de 90 % de perte du bébé. Dr. Téssougué a évoqué les causes et les conséquences de la fistule avant de réitéré l’accompagnement et le soutien de Intrahealth aux côté des femmes de Koulikoro pour l’élimination de la fistule.
Le Directeur de Cabinet du Gouvernorat de Koulikoro, Mohamar A. Haidara, dans son discours d’ouverture dira que: « la fistule obstétricale se manifeste par une perte d’urines et parfois de matières fécales à travers les voies génitales. C’est un problème relativement occulté en grande partie parce qu’elle touche les personnes les plus marginalisées de la société (les jeunes femmes, les pauvres, les illettrées). L’accessibilité des femmes victimes de la fistule obstétricale aux services de prise en charge, constitue un véritable parcours du combattant parce qu’elles ne savent pas que la fistule peut être guérie ». Pour le Directeur de Cabinet : « Les conséquences de la fistule obstétricale sont très redoutables et peuvent aboutir à la stigmatisation, le divorce, l’exclusion sociale ou religieuse. Le fait d’être séparée de sa famille ou de son mari aggrave la pauvreté avec des souffrances psycho-sociales pratiquement intolérables. Le désespoir est tel que, certaines d’entre elles pensent à se suicider », a –t-il expliqué avant d’ajouter que : « Pour faire face à ce drame et pour contribuer à réduire la prévalence de la fistule obstétricale, l’Assemblée Générale des Nations Unies lors de sa 67ème session tenue le 20 décembre 2012 à New York a entre autres mesures, proclamé le 23 mai comme journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale. Le thème international pour l’édition 2023 est : « intensifier l’action engagée pour en finir avec la fistule obstétricale ». Le thème pour le Mali est : « les mesures préventives, facteurs contributifs pour accélérer l’élimination la fistule obstétricale au Mali ». Et le représentant de l’exécutif régionale de poursuivre son allocution : « Le Gouvernement du Mali à travers le Ministère de la santé a élaboré une stratégie nationale de prévention et de prise en charge de la fistule obstétricale. C’est dans ce cadre que la région de Koulikoro avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers a entrepris plusieurs actions de lutte. Ce sont entre autres : La mise en place d’un comité régionale de pilotage des activités de lutte contre la fistule avec l’appui du projet USAID-Fistula Mali ; L’organisation des séries de campagnes de chirurgie de la fistule obstétricale : De 2015 à 2018, organisation de six (6) campagnes de chirurgie avec la prise en charge de 139 femmes victimes de la FO dont 68% de fistules fermées (appui du projet USAID-Fistula Mali) ; En 2020, organisation d’une campagne avec l’appui de l’UNFPA dont 24 femmes opérées ; En 2022, organisation de deux campagnes avec l’appui de l’UNFPA dont 51 ont été prises en charge avec 42 fistules fermées soit 82% de succès ; Disponibilité d’un centre de prise en charge des femmes victimes de fistule obstétricale au CSRéf de Koulikoro. ; La mise en place d’un système de sensibilisation, d’information et de recrutement des femmes à travers les relais, les ASC, les radios de proximité, les animateurs, les agents communautaires des ONG et les agents de santé ».
Mohamar Haidara a terminé son discours en exprimant toute sa reconnaissance et gratitude aux Partenaires Techniques et Financiers qui ont accompagné la région de Koulikoro notamment le Projet Fistula de l’USAID, UNFPA, USAID Intrahealth et AMCP/SP.
Un sketch pour sensibiliser contre la fistule, la remise de tableau de reconnaissance aux personnes engagées pour la lutte contre la fistule dans la région de Koulikoro, des témoignages de femmes atteintes de la fistule, des jeux de questions- réponses à l’endroit des scolaires ont été des moments fort qui ont marqués cette cérémonie.
Ousmane ladji Bamba