Zoom sur une icône du nord Mali : Visite d’une délégation de la plate-forme à Ménaka, l’accord du 15 mai 2015, le document du 05 juin dernier, l’avenir du Mali

1

Mardi 16 juin dernier, une forte délégation de la plate-forme par le chef du « Ganda-Izo » Seydou Amadou Cissé, membre fondateur de la plate-forme, pour rencontrer les populations de Ménaka afin d’échanger sur le document signé entre le gouvernement, la CMA et la médiation afin de contraindre les éléments patriotiques à quitter la ville. Dans un entretien qu’il nous a accordé, le chef du « ganda-Izo », membre de la plate-forme explique les raisons du déplacement de Ménaka, leur refus de signer le document compromettant du 05 juin signé par le gouvernement et leur volonté de libérer le reste du Mali. Lisez plutôt l’entretien de Bokari Dicko.

« La MINUSMA est impartiale et ne saurait assurer la sécurité des populations de Ménaka », accuse le chef du « Ganda-Izo »

Mali Demain : Peut-on savoir le but de votre mission à Ménaka ?

Rencontrer les populations pour exécuter leurs desiderata

Seydou Amadou Cissé : C’était pour rencontrer les populations afin de voir avec elles si nos troupes doivent quitter la ville. Refus catégorique des populations. Mieux, le maire adjoint de la ville, non moins chef de fraction et l’élu Bajean Ag Hamatou, réclament une sécurisation de l’Etat malien parce qu’ils sont maliens et qu’il faut aussi les services socio de base avec le retour immédiat de l’administration, cela sans condition car pour les populations, c’est le gouvernement qui doit les sécuriser et non la plate-forme encore moins la MINUSMA qui était là lorsqu’elles étaient terrorisées par les éléments de la CMA au vu et au su de ces « soldats de la paix ».

La MINUSMA est source d’insécurité…

D’ailleurs, les populations à l’unisson pensent que la MINUSMA est source d’insécurité à Ménaka.

 

Mali Demain : Comment voyez-vous l’avenir du Mali si l’Etat et l’ONU tentent d’utiliser la force pour vous déloger?

Notre combat, c’est libérer notre pays…, nous contraindre à quitter Ménaka, ne résoudra rien…

  1. Seydou Amadou Cissé : Je pense qu’ils ne commettront pas cette erreur car, nous sommes de Ménaka ; donc du nord et nous contraindre, ne résoudra rien dans la situation actuelle. Vous savez, notre combat, c’est de libérer le Mali et rien de plus. Avec la signature de l’accord du 15 mai dernier, des sanctions devraient tomber comme par des frappes contre Kidal pour déloger la CMA. Rien n’a été fait par ceux-là même qui nous demandent mordicus de quitter nos positions à Ménaka et ailleurs. Si la CMA ne quitte pas à Kidal, pourquoi s’acharner contre nous à Ménaka ? Il ya anguille sous la roche. Cette façon de faire, n’est pas claire. Nous ne l’admettrons pas car, nous sommes républicains et aimons notre pays.

Si les choses continuent comme telles, nous poursuivrons notre avancée sur Kidal

En tout cas si les chosent continuent comme telles, notre objectif sera de prendre Kidal car nous avons les hommes et les moyens pour le faire. Mieux, les populations sont d’accords avec nous et nous sommes là pour exécuter leur mot d’ordre, je veux dire leurs desideratas. Enfin, notre souhait est que nos frères viennent signer le 20 juin afin de soulager les souffrances des populations qui n’a que trop durée, au quel cas, nous allons continuer à nous battre pour libérer le reste du pays.

Mali Demain : Malgré les pressions tous azimuts, la plate-forme se maintient à Ménaka. Qu’est ce qui explique cela ?

  1. Seydou amadou Cissé : En réalité, nous pensons que Ménaka est comme Kidal, Ber (région de Tombouctou) ainsi que d’autres villes occupées par la CMA, à Alger, nous leur avons demandé de quitter, ils n’ont pas voulu. Donc, il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures.

L’acharnement de l’opinion internationale vise un autre intérêt inavoué

Aujourd’hui, l’opinion internationale s’acharne contre la plate-forme pour quel intérêt ? C’est que la médiation vise un autre intérêt inavoué. Nous venons de quitter Ménaka, nos combattants sont à 70 km alors qu’on  nous demande de nous reculer dans nos bases respectives et que la CMA (qui est aux environs de Kidal, donc à plus de 200 km de la ville de Ménaka), doit reculer de Ménaka de 20 km, comme si nous avons d’autres bases alors que nous sommes de Ménaka.

En réalité, la CMA n’existe pas…

En réalité, la CMA n’existe pas ; donc, il ya des gens qui veulent que nous quittons Ménaka pour qu’une carte soit établie en faveur de la CMA. Cette carte est une façon de créer cet état fédéral pour l’Azawad et la prise de Ménaka par nos hommes fausse la donne. Voilà qui explique les pressions et autres sur la plate-forme. Mais nous tenons bon et toujours et que nous respectons le gouvernement avec ses engagements mais faisons nous  attention puisque c’est nous les populations qui sont victimes. Il faut que l’opinion internationale sache que les groupes armés viennent des populations et non crées par l’Etat.

Mali Demain : Pour quoi, la plate-forme a refusé de signer le document du 05 juin dernier ?

« Nous n’avons pas signé le 05 juin, grâce à la clairvoyance de me Harouna Tourhé »

  1. Seydou Amadou Cissé : Nous avons échappé au traquenard grâce à Me Harouna Tourhé qui, grâce à son esprit d’analyse puisque d’abord nulle part, il fait allusion à la plate-forme alors que nous répondons des populations mais pas d’une médiation, encore moins le gouvernement. Et chaque fois qu’il y a des décisions à prendre, ce sont les populations qui nous les dictent et les exécutons parce que ce sont elles qui souffrent. Aujourd’hui, les populations ont pris leurs décisions.

« Tous les autres accords fabriqués par un groupe de la médiation, ne nous engagent pas »

Mais si demain, l’Etat arrive à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, nous quitterons immédiatement sans coup férir Ménaka. Aussi, il faut savoir que la MINUSMA est disqualifiée dans tout le nord du Mali parce qu’elle est partie prenante avec la CMA. En réalité, la MINUSMA est impartiale dans notre crise. Nous savons ce que nous disons. Donc avec le gouvernement, nous nous entendons bien parce que nous sommes des républicains et le respectons comme cela se doit.

La MINUSMA est disqualifiée dans tout le nord du Mali

Mais, ce qu’il faut savoir, c’est que tous les documents signés par le gouvernement, n’engage que lui. Par contre, ce que nous avons signé le 15 mai dernier, nous allons le respecter. C’est cela notre premier et dernier accord. Tous les autres accords fabriqués par un groupe de la médiation, ne représentent rien et ne nous engagent pas.

Mali Demain : Si la CMA signait l’accord ce 20 juin 2015, croyez-vous au réellement au retour définitif de la paix au Mali?

« Si la CMA signait, ce sera un grand pas… »

Seydou Amadou Cissé : Dès qu’ils signent cet accord, nous pensons que nous avons fait un grand pas mais nous devons continuer à travailler car, signer, n’est pas synonyme de paix. Mais nous qui avions signé devons faire la culture de la paix tous les jours jusqu’à ce que la paix revienne. Il faut que nos frères signent avec honnêteté cet accord et que de la vienne du cœur et non de la main.

Propos recueillis par Bokari Dicko

 

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.