Youssouf Singaré, Secrétaire politique du parti CODEM : « La création d’un ministère chargé des affaires religieuses est une nécessité. »

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Dans une interview qu’il nous a accordée à son domicile, à SOTUBA le dimanche dernier, le secrétaire politique du parti Convergence pour le Développement du Mali(CODEM),  Youssouf Singaré a montré la position de son parti  quant aux préoccupations de l’heure qui animent les maliens. Mais aussi l’appréciation que se fait son parti du nouveau gouvernement et le retour fracassant d’un de leurs, David Sagara. Interview.

Nouvelle Patrie : Mr Youssouf Singaré, le gouvernement de transition tant attendu vient d’être composé.

Quelle est votre appréciation ?

Youssouf Singaré : ce gouvernement de transition qui vient d’être proposé par le premier ministre,  Cheick Modibo Diarra et validé par le Président Dioncounda Traoré. Notre appréciation est d’abord bonne par rapport à sa composition. Ce gouvernement d’union nationale, nous allons le soutenir et nous pensons que ce gouvernement peut à l’heure où nous sommes obtenir une solution aux deux grands objectifs qui lui sont assignés : la libération des régions nord du Mali et ensuite l’organisation des élections.

NP : certains le qualifient de gouvernement d’ouverture et non d’union.

Qu’en pensez-vous ?

Youssouf Singaré : gouvernement d’ouverture ou d’union nationale,  je pense que toutes les forces vives de la nation doivent être satisfaites de ce gouvernement. Ensuite,  que toutes les forces vives se sentent impliquées dans la gestion des affaires de l’Etat. Que ce soit un gouvernement d’union ou d’ouverture, nous pensons que tout le monde doit se sentir concerné pour les principales missions.

NP : la création d’un ministère chargé des Affaires Religieuses et du Culte suscite beaucoup d’inquiétudes pour ne pas assister impuissamment un jour la loi islamique inhumée celle politique.

Partagez-vous ce souci ?

Youssouf Singaré : nous avions travaillé pendant longtemps avec le haut Conseil Islamique et d’autres associations religieuses. Nous pensons que la création d’un ministère chargé des affaires religieuses a pour but, pour le moment, de chercher des solutions aux différents problèmes religieux qui se posent à notre pays. Dans la mesure où nous connaissons la constitution de notre population souvent de 90 à 95% de musulmans. Un certain pourcentage de chrétiens et un certain pourcentage d’animistes. Nous pensons que c’est nécessaire d’avoir un ministère pour gérer les relations, les actions, les affaires, les interactivités religieuses.

Déjà avant la création de ce ministère, il est établi que les relations des différentes associations religieuses se traitent au niveau d’un ministère. Si aujourd’hui il est arrivé de créer un ministère pour gérer les soucis des religieux, nous, nous  pensons qu’il n’y pas de problème. Les gens qui travailleront dans ce ministère ce sont des maliens. Ils vont travailler dans le sens d’aider le Mali. Nous les faisons  confiance.

Il est à rappeler aussi que ce ministère n’est pas seulement pour une seule couche, mais pour tous les maliens. Nous y travaillerons pour trouver des solutions ; nous y travaillerons pour apaiser le Mali ; nous y travaillerons pour que le Mali soit un pays de paix. Nous faisons confiance à tous les fils de ce pays et nous savons que tout le monde est animé de bonne foi. Nous pensons aussi que personne ne cherchera à créer des problèmes au Mali.

NP : Le constat patent qui se fait dans ce nouveau gouvernement, c’est le retour d’un ancien ministre sous le régime ATT. En l’occurrence celui issu de votre rang, David Sagara.

Par quoi cette reconduction peut s’interpréter ?

Youssouf Singaré : cette reconduction s’interprète de plusieurs façons. Nous, nous disons qu’il faut montrer à l’opinion nationale et internationale que la CODEM est un parti constant. Parce que nous, nous savons que la vocation d’un parti politique c’est la gestion du pouvoir. Et pour cela nous avons reconduit David Sagara pour montrer à l’opinion qu’il a bien fait son travail d’abord dans le gouvernement passé. Nous, nous sommes là pour travailler pour le Mali et non pour uniquement le pouvoir.  Notre ambition n’est pas qu’à chaque fois qu’il y a remaniement qu’on soit dans le gouvernement, par contre notre souci est de trouver par quel moyen aider le Mali.

Nous ne savons pas les raisons pour lesquelles  ceux qui sont au niveau des forces vives ou au niveau des partis politiques n’ont pas été reconduits dans le gouvernement. Mais le cas de David Sagara, on s’attendait à ça. Par ce qu’il n’est mouillé dans aucune affaire quelconque. Et nous avons pensé que le ministre que nous allons envoyer dans le gouvernement  ne fera l’objet d’aucune poursuite. Nous sommes sereins et nous allons montrer au peuple malien que notre constance dans la gestion est bien.

NP : le président par intérim, Dioncounda Traoré, a promis l’organisation de la concertation nationale, trois semaines après la composition du gouvernement actuel.

Pensez-vous que cela est encore nécessaire ?

Youssouf Singaré : la concertation nationale c’est une préoccupation du peuple malien. Dioncounda est le président de tout le peuple malien. Donc il doit prendre en considération les problèmes des maliens.  Au cours de cette concertation, il y aura des problèmes de la nation qui seront débattus. Au cours de cette concertation, le peuple malien va se réconcilier avec lui-même. Au cours de cette concertation, les grands problèmes du nord seront discutés. Au cours de cette concertation, les problèmes que nous avions rencontrés lors des élections présidentielles seront discutés.

Nous, nous allons partir sur des bases d’équité. Le Mali ne sera plus géré comme avant.  Nous allons tout discuter au cours de cette concertation et montrer comment le gouvernement doit se comporter vers son peuple. Aujourd’hui il y a nécessité d’organiser la concertation nationale et c’est encore opportun.

NP : la rébellion au nord du Mali, qu’est l’épicentre de la crise, divise les opinions quant à sa résolution.

Quelles solutions proposez-vous ?

Youssouf Singaré : la rébellion au mali. C’est un problème, mais nous pensons que ce gouvernement va discuter, élaborer de ce qui va se faire.

Nous au niveau de la CODEM, nous disons la première phase c’est la négociation. Nous ne pouvons pas commercer directement par les armes. Nous préconisons d’abord le dialogue et nous pensons qu’avec le dialogue nous pouvons tout avoir. L’essentiel c’est comment dialoguer ; l’essentiel c’est quelles sont les préoccupations qu’il faut prendre en charge. Quelle sont les préoccupations qui ne doivent pas être discutées : exemple, l’intégrité territoriale, la laïcité. En dehors de ces deux, nous pouvons tout discuter avec eux. Maintenant, s’il n’y a pas eu entente, nous procéderons  par la force. Tout de même, nous allons user de tous nos moyens.

Quant aux stratégies de guerre, ce domaine  n’est pas du ressort des politiques, mais des militaires et nous faisons confiances à nos militaires. En mettant les militaires dans de bonnes conditions, nous pensons qu’ils peuvent libérer le nord.

Nous n’oublions pas nos partenaires. Bien sûr,  nous pensons à la CEDEAO ; nous pensons à l’Union Africaine ;  nous pensons à l’Union Européenne. Par ce que, cette guerre n’est pas seulement la notre, les rebelles ont des embranchements en dehors du Mali. Il nous faut des aides internationales avec de gros moyens.

NP : quel appel faites-vous à l’endroit de toutes les forces vives pour la réussite des missions urgentes qui sont sur la table.

Youssouf Singaré : l’appel que je lance à l’endroit des filles et fils du Mali, c’est que les maliens comprennent que ce pays est au-dessus de tous. Que tout le monde travail pour que le Mali soit au centre de toutes les préoccupations. Afin   de sauver le Mali et qu’à ce niveau, tout le monde laisse les individualités, s’accorde les violons pour aider ce gouvernement à réussir sa feuille de route.

Boubacar Yalkoué

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