Fort d’un bilan élogieux, Youssouf Maïga a été reconduit pour un second mandat à la tête de l’Association de la Jeunesse Pour la Démocratie et le Progrès (AJDP). Après sa brillante réélection, il a bien voulu nous accorder samedi à son siège un entretien en vue de nous parler de l’AJDP. Une occasion saisie par le nouveau président de l’AJDP d’inviter les Maliens en cette veille de l’élection présidentielle à la lucidité et l’objectivité afin d’éviter un choix regrettable. Lisez plutôt !
Le Sursaut : Pouvez-vous nous parler de l’Association de la Jeunesse pour la Démocratie et le Progrès (AJDP) ?
Youssouf Maïga : l’AJDP, c’est une vielle association qui a joué un rôle éminemment important dans l’avènement de la démocratie dans notre pays. C’est cette organisation qui a organisé le 15 octobre 1990 la première marche de protestation contre le régime de Moussa Traoré. C’était la toute première marche organisée par des Maliens contre un régime. Car les conditions de vie étaient très difficiles. C’était un cri de cœur de la jeunesse pour dire que trop- c’est trop pour dire que les jeunes puissent trouver un avenir radieux. Les marcheurs ont été arrêtés et torturés. A la suite de cela, il y a eu une série de marches. Vous vous rappelez Le 30 décembre 1990 il y’a eu la grande marche unitaire avec l’Adema Association, le CNID, la JMD, l’AJDP et beaucoup d’autres mouvements. Après tout cela, il y a eu un grand soulèvement qui a occasionné la chute du régime. L’AJDP a participé de façon concrète et déterminante dans l’avènement de la démocratie dans notre pays.
Vous avez tenu le 21 avril dernier votre premier congrès, que faut-il retenir de ces assises ?
Youssouf Maïga : Depuis sa création à nos jours l’AJDP n’avait pas pu organiser un congrès. C’était des assemblées générales qu’on organisait. Ce congrès a réuni l’ensemble des militants à la base. Aujourd’hui dans l’AJDP nous avons une coordination dans pratiquement toutes les régions du pays. Nous avons des coordinations à, Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et à Gao. S’y ajoute celle de la commune de Kalanban Coro, vue sa spécificité.
Dans toutes les communes de Bamako nous avons une coordination. Mieux, nous avons pu installer des cellules dans pratiquement tous les quartiers. Nous sommes vraiment avancés. Il y a des communes ou nous sommes à un taux d’implantation de plus de 80%.
Le congrès a réuni tous les délégués des différentes coordinations régionales et des cellules au niveau de Bamako.
Nous avons ténu le congrès en deux étapes. D’abord dans la nuit du vendredi 20 avril nous avons tenu les travaux du congrès au stade du 26 mars. Nous avons d’abord présenté le bilan moral du bureau sortant qui a été approuvé et jugé très satisfaisant. Nous avons quand même fait ce travail d’organisation et d’implantation de l’AJDP à travers le pays. Nous avons aussi revisité les textes car les textes de création de l’AJDP étaient face à une limite relative à l’âge. Nous avons touché les statuts et règlement intérieur afin de supprimer la limitation d’âge.
En plus, nous avons mis en place un nouveau bureau qui passe aujourd’hui de 17 à 27 membres. L’une des innovations apportées consiste à accepter toutes les présidentes et tous les présidents des coordinations régionales à la réunion du bureau.
Dans l’après-midi du samedi nous avons tenu la cérémonie de clôture. C’était pour partager avec les militants et les partenaires les conclusions du congrès. Je profite de l’occasion pour remercier sincèrement les militants qui ont pris d’assaut le stade du 26 mars.
Vous avez été reconduit pour un deuxième mandat à la tête de l’AJDP, quel est donc votre secret ?
Y.M : Quand les gens ont confiance en vous afin d’atteindre un objectif, il ne faut se mettre dans la logique de satisfaire ses intérêts personnels. Ce qui est important est de voir comment on peut atteindre l’objectif fixé. Ce n’est pas facile mais je sais avec l’engouement et l’implication de tout le monde nous saurons relever les défis. Un président n’est rien sans les autres. J’ai toujours dans ma façon de voir l’association qu’un président n’est qu’un porte-parole des autres. J’ai même voulu me retirer à un certain moment, car j’ai dépassé l’âge, mais les jeunes n’ont pas voulu. Ils ont trouvé l’astuce d’enlever dans les textes la limitation d’âge pour que tout le monde puisse adhérer. J’ai accepté de faire un dernier mandat afin de mieux former des jeunes à relever mieux les défis.
Nous sommes à quelques mois de la présidentielle quel message aux citoyens en général et plus particulièrement à la jeunesse ?
Y.M : Une élection n’est pas du tout facile à organiser. Chacun pense que son heure est arrivée. Ceux qui cherchent aujourd’hui le pouvoir nous les connaissons pratiquement tous. Ce sont les mêmes acteurs qui ont évolué depuis 1990. Nous avons eu le temps de les côtoyer et de les connaitre. La gestion du pouvoir est une chose qui s’apprend, ça ne s’improvise pas. Je vois aujourd’hui qu’il y a beaucoup de candidatures qui s’annoncent, mais sur quelle base sont fondées ces candidatures. Quelles sont leur légitimité ?
Ce sont des gens qui n’ont pas d’expérience dans la gestion du pays. C’est compliqué. Quant vous prenez le pays, il s’agit de voir comment vous pouvez changer la donne et non pour votre propre intérêt. Donc les citoyens doivent être lucides pour comprendre les enjeux pour ne pas se laisser emballer et dire qu’il faut changer. Faisons attention, le changement pour le changement n’est pas bon. Réfléchissons beaucoup. Il ne sert à rien de vouloir impérativement changer, si l’on n’est pas sûr de la pertinence de son changement. Après le changement, il ne sert à rien de dire que l’autre vaut mieux que celui j’ai amené. C’est ce qui arrive au Mali chaque fois. Soyons très lucide et surtout objectif dans nos choix. Regardons le parcours des candidats, leur degré d’amour et leur ambition pour le Mali.
Moïse Keïta