Youssouf Coulibaly, maire de la commune II du District de Bamako : Nous avons renoncé à notre projet d'équipements marchands dans l'espace scolaire…

0

Face aux dossiers brûlants (litiges fonciers, conflits d’intérêts autour des marchés et des projets d’équipements marchands dans l’espace scolaire), auxquels la commune II du District de Bamako fait face, nous avons rencontré le maire de cette commune, Youssouf Coulibaly, qui nous a livré ses appréciations sur ces dossiers. 

L’Indépendant : Monsieur Youssouf Coulibaly, vous êtes depuis plus d’une année, le maire de la commune II du District de Bamako, pouvez-vous nous  dire comment se porte votre commune?

Youssouf Coulibaly : La mairie de la commune II du District de Bamako se porte bien. Certes, il y a des difficultés, mais nous pouvons soutenir que ça va.

Qu’est-ce que vous avez réussi depuis que vous êtes à la tête de la mairie de la comme II du District de Bamako ?

L’amélioration de l’administration. Il n’y avait pas assez de rigueur dans la conduite des affaires. Le travail commençait même à 10 heures. Ensuite, nous avons pu équiper la mairie de bennes, de chargeuses, de spiros.  Aussi, nous sommes en train d’aller loin dans le recouvrement des impôts et le déblocage de certains fonds pour l’entretien et le développement de la mairie.

Nous avons également créé des emplois  en recrutant 150 jeunes contractuels. Une première dans l’histoire des communes.  Nous faisons également des efforts dans le cadre de l’amélioration de la sécurité en venant en appui aux forces de l’ordre et de sécurité. Nous sommes également en train de prendre des dispositions pour définir le rôle des chefs de quartiers afin qu’ils puissent s’assumer davantage dans le fonctionnement de notre commune.

S’y ajoutent l’instauration d’un climat de confiance entre la mairie et l’ANICT qui est un partenaire incontournable des communes et l’institution des réunions à tous les niveaux entre le maire et ses adjoints, le conseil communal, les chefs de services et les citoyens de la commune.

Malgré tout,  y a-t-il des difficultés ?

Des difficultés, il y en aura toujours. La vie même est un combat, sans cesse, contre les difficultés. Les cas de la commune II du District de Bamako  sont souvent difficiles à gérer surtout quand on sait que nous sommes avec les familles fondatrices de Bamako qui ont leurs propres réalités. Il faudra savoir gérer les sensibilités afin de faire un travail bénéfique pour tous. C’est à cela que nous nous employons quotidiennement.

Le foncier reste source de conflit dans les communes. A cet effet, vous êtes accusé de casser,  près de Luna Parc, la concession d’un citoyen, en l’occurrence Souleymane Coulibaly,  au profit d’un Malien de l’extérieur

 

Il s’agit là de jugements purement partisans. Pour oser casser le domicile d’un citoyen au profit d’un autre, il faudra bien qu’il y ait des arguments de droit solide. Le Malien de l’extérieur en question a un contrat de bail afin d’ériger un immeuble commercial. Le nommé Souleymane Coulibaly qui occupe l’endroit n’a aucun titre de propriété.

Mieux, il n’est que le gardien d’une autre personne qui réclame l’endroit alors qu’il a été compensé sur un autre site. Lorsque deux citoyens sont en litige, il va de soi que la mairie protège celui qui a le droit avec lui. C’est vraiment le cas dans cette affaire qui oppose Souleymane Coulibaly à notre compatriote de l’extérieur.

Ainsi, je crois que notre attitude est plutôt à saluer, parce qu’elle est responsable. Elle rassure et encourage nos compatriotes de la diaspora à investir au pays. Le contraire serait une lourde responsabilité que  nous n’allons pas accepter de prendre au détriment du développement de notre nation, le Mali. Pour revenir à votre question, nous n’avons pas cassé à tort la concession du sieur Souleymane Coulibaly.

 

Toujours dans le cadre du foncier, qu’en rst-il de l’affaire de Bougouba qui a  défrayé la chronique?

L’affaire Bougouba est vraiment un véritable casse-tête. Nous avons hérité du dossier à la mairie. L’administration étant une continuité, j’ai décidé de prendre à bras-le-corps cette affaire et à l’issue d’un jugement, le tribunal administratif de Bamako a débouté les trente et quelques commerçants au profit des sept cent familles qui avaient bénéficié de l’acquisition de Bougouba.

Vous savez, cette zone a été affectée par décret présidentiel à la commune II du district de Bamako pour recaser les familles qui ont été victimes soit d’inondation ou de déguerpissement.

Selon certaines informations, la zone de Bougouba est en passe de ne plus être la propriété de la commune II du district de Bamako

Effectivement, j’ai eu vent de cette information selon laquelle les autorités sont en train de prendre des mesures pour réattribuer la zone de Bougouba à la commune I du District de Bamako. Pour le moment, on parle de Sotuba. Il s’agit là d’une volonté manifeste de certains d’induire en erreur les autorités. Je vous rappelle que la zone de Bougouba a été affectée à la commune II du district de Bamako par un décret présidentiel.

Le problème de limitation des communes doit se poser partout sauf en commune II du district de Bamako qui est la commune fondatrice de Bamako. Elle est en mesure de connaitre toutes les limites des communes de la capitale. Pour moi, la tentative de s’accaparer de la zone de Bougouba est une plaisanterie de mauvais goût. Si elle va loin, nous saurons nous défendre comme ce fut le cas dans le jugement qui nous a opposé à certains grands opérateurs économiques concernant la même zone de Bougouba.

 

Et le projet contesté de la construction d’un espace commercial à l’école de Missira ?

 

Vous savez, toute gestion surtout celle d’une collectivité, doit  reposer sur des prévisions. Compte tenu du fait que l’école est une compétence transférée et sachant qu’aucune école ne peut se prendre en charge elle seule, nous avons décidé d’entreprendre des choses innovantes en créant des équipements marchants partout où cela est possible dans nos établissements scolaires, afin que les ressources issues de cette opération puissent être utiles pour nos écoles.

Et le conseil communal a approuvé cette nouvelle politique compte tenu du faite que l’exemple a bel et bien marché au Burkina Faso et au Togo, voire même à Magnambougou et au quartier Mali, ici à Bamako. Dans cette affaire, nous avons même signé un protocole d’accord avec les acteurs de l’école. A  ma grande surprise, nous avons été confrontés à la réticence de certaines populations qui n’ont pas compris que nous voulions développer un partenariat privé-public au profit de l’école. Ainsi, puisque la population n’adhère pas à notre projet, nous reculons en laissant tomber ledit projet qui, à notre avis, allait aider l’école à se tirer d’affaire. Je sais ce que la mairie met dans l’entretien de l’école, qu’on ne nous en veut pas au cas où nous ne serons pas en mesure d’intervenir à hauteur de souhait, surtout quand on sait qu’il y a des recrutements en cours.

 

Quid du marché de N’Golonina ?

 

Le marché de N’Golonina était presque devenu un  bordel quand l’Association internationale des maires francophones (AIMF) a cessé de financer ce marché. L’administration étant une continuité, nous n’avons pas le droit de démissionner. C’est pourquoi, nous avons décidé d’aller à la recherche d’autres partenaires qui, à travers des baux commerciaux, vont reprendre le marché au grand bonheur de la population, de la mairie et des investisseurs. 

 

Votre commune profite visiblement bien des jumelages

C’est vrai, la commune II du district de Bamako profite beaucoup des jumelages surtout avec les Angevins qui nous aident à assainir notre cadre de vie et contribuent beaucoup au renforcement des capacités des responsables de la mairie. Ainsi, nous ferons tout pour promouvoir davantage ces relations pour une commune II encore plus développée.

 Des perspectives pour votre commune ? 

Elles sont multiples. Avec le financement de l’Agence française de développement (AFD) à  hauteur de 12 milliards de FCFA, nous allons réhabiliter la mairie, créer des équipements marchands afin de faire face aux besoins qui sont multiples, quand on sait que la masse salariale de la mairie fait 22 millions de FCFA par mois.  

Avez-vous un appel à lancer à la population de votre commune ?

J’appelle les uns et les autres à plus de tolérance, de compréhension face à nos politiques de développement.   

Propos recueillis par Alassane DIARRA

 

Commentaires via Facebook :