Suite à l’échec des négociations avec le gouvernement, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (l’UNTM) a décrété à partir du mercredi 9 janvier une grève de 72heures. Pour mieux expliquer les facteurs qui ont prévalu à cette décision, le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, récemment réélu dans ses fonctions a bien voulu nous accorder un entretien dans son bureau, dès la 1ère journée de cette grève. Selon lui, cette grève est la manifestation du manque de considération que le gouvernement éprouve à l’égard des travailleurs. Qui pourtant, selon lui, sont ceux qui génèrent toutes les recettes de l’Etat.
Le Sursaut : Une grève de 72heures après négociation, que s’est –il passé avec la partie gouvernementale ?
Yacouba Katilé : En réalité, il n’y a pas eu de négociation comme telle. C’est tout ce qu’il faut dire. Nous avons 12 points de revendications, qu’on a mis sur la table du gouvernement. La Loi dit, du dépôt de préavis au déclenchement de la grève, il faut observer 15 jours. Pendant ces 15 jours, les parties doivent s’asseoir, discuter et aboutir à un résultat. Quel qu’en soit le résultat (positif ou négatif). Mais malheureusement, cela n’a pas été le cas cette fois-ci. Par ce que, nous, nous avons déposé le préavis le 19 décembre, il a fallu attendre le 7 janvier pour qu’on aille dans les négociations, soit plus de 15 jours après. On rentre dans les négociations, juste pour moins de quarante-huit (48) heures de la date annoncée pour le début de la grève.
C’est pourquoi, dès le début des négociations, le bureau exécutif a dit à la commission que de notre part, on ne va pas dépasser le dernier jour buttoir. Malgré tout, nous sommes allés au-delà de midi, soit plusieurs heures dans l’après-midi, bien vrai que le bureau exécutif avait interdit cela. On était, dans nos droits de nous retirer, puisque ça été posé en question pré-judiciaire.
Pendant toute la journée les débats ont été menés sur le premier point. Un point, qui ne devrait même pas faire objet de discussions, car c’est la mise en œuvre qui est demandée. Pourquoi ce qui a été un accord entre nous depuis 2014, n’est pas mise en œuvre ? Qu’on nous dise les raisons.
Au lieu de cela, aller jusqu’à nous demander d’apporter des preuves qui avaient déjà été fournies à l’Etat à travers le ministre du Travail et de la Fonction Publique. Le cas par exemple de l’hôtel Azalaï, ce sont les arriérés de salaire qui ont été payés, mais pas les droits. L’Etat malien doit payer des droits à ces travailleurs-là. Depuis très longtemps cela devrait être fait. Etant donné qu’il y’a eu même un jugement favorable à cela. Il y’a la grosse qui atteste qu’effectivement, ce qui a été payé, n’est autre que les arriérés de salaire et non les droits. Est-ce que on doit encore revenir sur ça ?
Nous sommes en face d’un gouvernement, qui de plus en plus décide de ne pas s’occuper du problème des travailleurs. Lorsque, vous faites l’état du nombre de préavis de grève déposés, vous allez-vous rendre compte. Des accords sont signés et déposés dans les tiroirs. Il s’en fout de leur mise en œuvre. Il est temps, qu’on finisse avec ce genre de comportements.
Entre partenaires, en cas des difficultés à cause du temps imparti, il est biensaillant de s’expliquer et demander l’indulgence de l’autre. Mais, souvent cela n’est pas le cas. C’est des cas d’oubli total et même des abandons. On classe carrément les accords. Non, quand on est responsable on s’assume.
Quels seront vos prochaines actions au terme de ces 72heures ?
Y.K : la grève est progressive. Aujourd’hui, nous n’avons pas eu gain de cause, la loi prévoit qu’on s’asseye autour d’une table, pour discuter afin d’aboutir à un consensus. A défaut de quoi, la grève est consommée. Nous sommes dans cette dynamique. A la suite de ces 72heures, nous allons faire une évaluation et décider du reste de la lutte. Si, ça ne va pas, nous pouvons aller à cinq jours de grève. Mais tout dépendra de la décision qu’on aura à prendre lors de la réunion du bureau exécutif. Ce qu’il faut reconnaitre, c’est que l’UNTM est une représentation nationale. Les services d’Etat sont représentés sur l’ensemble du territoire. A ce niveau, s’il y a une décision à prendre ce n’est pas immédiatement qu’on va la prendre. A partir de lundi, nous allons faire l’évaluation pour voir, là où il y a eu des difficultés. Et voir même quelque part, s’il y a des militants, qui ont été mis en difficultés pour jouir de leur liberté syndicale.
Quel bilan faites-vous du respect du mot d’ordre de grève aujourd’hui à l’échelle nationale ?
Y.K : J’ai été appelé par les responsables syndicaux de l’intérieur comme à l’extérieur pour dire que le mot d’ordre de grève est bien respecté. L’observation de la grève varie de 90 à 100% (NDLR : l’entretien s’est réalisé au 1er jour de la grève).
Entretien réalisé par Moïse Keïta