S’il y a un homme qui vit et qui fait vivre le football au Mali depuis plusieurs années, c’est bel et bien Vieux Makan Keïta actuel président de l’Association Sportive de Korofina (ASKO). Connu pour sa passion pour le football des jeunes, Vieux Makan comme on l’appelle a su imposer sa politique depuis son arrivée à l’ASKO. C’est grâce à cela que l’équipe de Korofina s’est rendue célèbre grâce à son football léché et aéré composée uniquement des jeunes. Depuis le 12 Novembre 2011, Vieux Makan Keïta dirige la commission centrale des jeunes de la fédération malienne de football. Dans une interview qu’il a voulu bien nous accorder Vieux Makan nous évoque les raisons de son arrivée à la Femafoot, de ses ambitions pour le football malien. Suivez plutôt!
La Mutation : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter de venir à la fédération deux ans après l’arrivée de Kola
Vieux Makan Keïta : Merci de cette question pertinente. Comme vous le savez comme tous les acteurs du football malien, depuis environ deux ans il existe un certain malaise réel. C’est ainsi que le président Kola m’a contacté si toutefois je suis prêt à venir avec lui lors du conseil ordinaire (notons que ce conseil s’est tenu les 11 et 12 novembre dernier). Après avoir échangé avec lui, nous sommes tombés d’accord sur un plan d’action bien conçu. J’ai accepté de venir à la fédération pour d’abord mettre fin aux guerres de clochers en tant que président de club et surtout apporter ma petite expérience au service du football malien. Donc c’est un devoir pour moi d’apporter ma contribution à ce football qui a tant souffert depuis deux ans. Je ne viens pas pour servir uniquement Kola mais le football malien. Et cela se fera dans un travail collectif, dans le respect mutuel et la solidarité. On fera preuve de beaucoup de responsabilité dans l’accomplissement de nos missions que les délégués des ligues et des clubs qui nous ont fait confiance. Je suis persuadé que nous allons réussir notre mission Inch’Allah !
La Mutation : Le poste de la commission centrale des jeunes est-il délibéré ?
V.M.K : Ah Oui car tout le monde footballistique sait que j’ai toujours eu une attention particulière pour le football des jeunes. Pour tous ceux qui me connaissent savent que je suis un adepte pour la formation à la base. C’est sans aucune hésitation que j’ai accepté ce poste car je suis conscient qu’il existe un réel défi à relever d’autant qu’il y a un vide réglementaire et d’organisationnel, d’une absence totale de politique fédérale en la matière.
La Mutation : Qu’est ce que vous envisagez donc sur ce plan ?
V.M.K : Sur ce plan mon ambition, c’est de faire en sorte que la fédération malienne de football ait une autorité globale sur la formation des jeunes basée sur un réel programme de développement durable. Cela passe par la mise en place des cadres réglementaires notamment les statuts des centres de formation de football, les statuts des encadreurs de football. En collaboration avec la direction technique nationale, nous veillerons à rationaliser et à unifier les méthodes de formation où des licences d’encadreur seront délivrées. Pour ce faire nous nous inspirons des meilleures expériences étrangères. Toujours dans le cadre du développement du football des jeunes, nous allons organiser des championnats nationaux dans les différentes catégories (minimes, cadets, juniors). De concert avec la DTN, nous allons organiser des stages et examens des encadreurs et également des journées d’information.
La Mutation : Comment se dérouleront ces différents championnats ?
V.M.K : Ces différents championnats se joueront en trois phases compte tenu que la plupart de ces jeunes footballeurs sont composés de scolaires. Ainsi il y aura une phase ligue, une phase inter- ligue et une phase finale qui peut se jouer à Bamako où dans capitale régionale. Nous ferons aussi une campagne promotionnelle afin que les équipes du Mali puissent avoir des licenciés en pupilles (11-12 ans) et en minimes (13-14ans).
La Mutation : Quels seront vos rapports avec les centres des écoles et de football
V.M.K : Nous allons d’abord recenser tous les centres des écoles et de football et voir ceux qui répondent aux critères exigibles. Ensuite nous insisterons sur l’éducation, la scolarisation et le suivi régulier des jeunes pensionnaires de ces centres. Le tout serait désormais contenu dans le statut des centres des écoles et de football. Des centres qui se conformeraient à ces statuts pourront bénéficier de l’appui matériel et autre de la fédération malienne de football. Ils pourront aussi participer à des compétitions organisés par la fédération. Nous soumettrons dans les jours à venir au comité exécutif un projet de préformation qui consiste à sélectionner les meilleurs enfants de 13-15 issus des clubs et même des centres pour un meilleur suivi.
La Mutation : Avez- vous tous les moyens financiers nécessaires ?
V.M.K : Pour moi il suffit d’avoir seulement une bonne politique sportive au Mali. Aujourd’hui tout le monde sait que l’état injecte beaucoup d’argent pour faire venir des joueurs et entraîneurs expatriés. Or la moitié de cet argent suffit de bien former les jeunes locaux. Il est illusoire pour moi de croire que ces expatriés nous apportent de plus que les locaux. Aujourd’hui les méthodes d’entraînement et d’organisation tactique de football sont unifiées à travers le monde entier. Dans le haut niveau, le travail est plutôt mental. Ayons confiance aux entraîneurs locaux qui comprennent les réalités et les mentalités africaines. Ce dont ont compris l’Egypte avec Hassan Sehata, le Sénégal avec Amara Traoré, la Côte-d’Ivoire avec Yéo Martial (qui a remporté l’unique trophée de la CAN). Il est temps qu’on revienne sur terre et ayons la réflexion aigue. Aujourd’hui on est unanime que le Sénégal et la Côte-d’Ivoire sont les grands favoris pour remporter la CAN 2012. Pourtant ils sont entraînés par des nationaux.
La Mutation : Etes-vous donc pessimistes sur les chances des Aigles du Mali à la CAN 2012 ?
V.M.K : Comme tout bon malien je rêve une coupe d’Afrique pour le Mali. A mon humble avis, si on mettait les entraîneurs locaux dans les meilleures conditions idoines de travail, ils nous donneront de satisfaction. Pour moi si on veut une coupe d’Afrique il faudrait que l’entraîneur soit d’essence malienne car ayant une fibre patriotique. Un entraîneur expatrié sera toujours un mercenaire en quête de renommée et d’argent et peut importe les résultats. Pourvu que son contrat court jusqu’au délai indiqué. En tout cas moi je mènerai ce combat jusqu’à la fin de ma mission
La Mutation : Avez- vous un message fort ?
V.M.K : Le message fort que j’ai à lancer, c’est de demander à tous les acteurs du football malien (dirigeants, encadreurs, joueurs, journalistes et supporters) qu’il faut l’union sacrée autour du jeu qui nous réunit et qui doit nous approcher davantage chaque jour dans une grande et seule famille de football. Que les uns et les autres sachent que nous sommes là aujourd’hui et que demain certains vont se retrouver demain.
Réalisée par Amara Kouyaté