Un ancien Colonel de Kadhafi, EWANZAG AG IMAKADAY rompt le silence : «Nous ne déclencherons aucune guerre au Mali»

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Depuis 1977, le Colonel maliano-libyen, Ewanzag Ag Imakaday vivait en Libye, jusqu’à l’éclatement de la guerre. Il y a quelques mois, il a rejoint sa ville natale, Tessalit, en compagnie de cinq autres concitoyens ainsi que toute sa famille. Nous l’avons rencontré à Elouiwij, plus communément connu sous le nom «Barrage», à 17 km au Sud d’Adiel Hoc, où se tenait la rencontre de la communauté Imghad. Dans l’interview exclusive qui suit, le très réservé Colonel évoque son séjour en Libye, son retour au bercail et ses préoccupations. Pour sa sécurité, il a demandé de ne pas publier sa photo. Vous comprendrez aussi que certaines questions, jugées très sensibles par notre interlocuteur, n’ont pas été transcrites.

 

22 Septembre : Depuis quand vivez-vous en Libye ?

Colonel Ewanzag Ag Imakaday : Je vis en Libye depuis 1977.

 

Comment avez-vous intégré l’armée libyenne ?

Comme beaucoup d’autres personnes venant du Mali, j’ai obtenu la nationalité libyenne et je me suis engagé dans l’armée.

 

Comment est-ce que vous avez vécu cette guerre en Libye ?

Pour des raisons qui me sont propres, je ne voudrai pas répondre à cette question.

 

Quand et pourquoi avez-vous décidé de retourner au Mali ?

Depuis très longtemps, j’ai souhaité retourner au bercail. Mais je crois que la guerre a accéléré les choses.

 

En compagnie de combien de compatriotes êtes-vous venus ? Votre famille, les enfants…

 

En compagnie de 5 autres personnes. Ma femme et mes enfants sont aussi avec moi. Mais mes enfants n’ont pas encore été inscrits à l’école. 

 

 

Depuis votre retour au Mali, comment se passe les choses ?

Je suis revenu chez moi, il y a peu et je ne suis pas encore bien installé. Mais, ce que je vois et ce que j’entends me réconforte. Je constate que ma communauté est éprise de paix et veut travailler pour le développement du Mali. Cela me donne la force d’espérer.

 

C’est un Colonel d’armée, c’est-à-dire quelqu’un qui était actif en Libye. Vous ne voulez, certainement, pas rester inactif. Qu’attendez-vous des autorités administratives ?

Ma plus grande satisfaction, pour l’instant est que je suis retourné au Mali et que j’appartiens à une communauté qui s’évertue à travailler pour la paix, la sécurité et le développement. Si c’est possible, j’apporterai ma contribution au processus.

 

Vous êtes quand même un porteur d’uniforme. Et si les autorités vous invitaient à intégrer l’armée malienne, l’accepterez-vous ?

Je crois que pour cela, il faut d’abord attendre. Le moment venu, je vous répondrai.

 

Et si la proposition du gouvernement malien venait la semaine prochaine…

Je crois que je ne suis pas le seul dans ce cas et je voudrai que si cette décision me concerne, qu’elle soit autant pour mes autres concitoyens qui ont servi dans l’armée libyenne.

 

En attendant la proposition, si la situation se rétablissait en Libye avec le CNT, êtes-vous prêts à repartir ?

La situation est loin d’être stable en Libye. Aussi bien pour les étrangers que pour les Libyens, eux-mêmes, la situation est très floue. Je ne me lancerai donc pas dans cette réflexion.

 

Mon Colonel, certaines personnes soutiennent un peu partout au Mali que l’insécurité grandissante au Nord du Mali est due au retour de nos compatriotes qui ont combattu en Libye…Que pensez-vous de cette assertion ?

Je ne crois pas à cette version des choses. Les gens qui quittent la Libye ne viennent pas ici pour faire la guerre. Ils en ont déjà marre là où ils se trouvaient. Ils en sont traumatisés. Ceux qui reviennent au Mali veulent plutôt la quiétude. Nous ne sommes pas des bandits pour favoriser l’insécurité. Nous ne voulons non plus déclencher aucune guerre contre notre pays. Nos compatriotes que je connais, en tout cas, savent ce que la guerre en Libye leur a coûté. Je ne veux pas trop entrer dans les détails des pertes en vies humaines et autres, mais je crois que personne ne peut quitter la Libye et venir vouloir encore combattre ici.

 

Plusieurs personnes, peut-être que vous le savez, essaient d’entraîner les jeunes dans un conflit ou une révolte dans notre septentrion. Vous en êtes un fils et quel message avez-vous donc à l’endroit des jeunes ?

Je voudrai tout simplement leur dire que sans paix, il n’y a pas de développement. Je suis resté en Libye pendant plusieurs années et, depuis l’éclatement de la guerre, je sais combien la paix est utile pour le développement. Il faut donc y travailler et laisser de côté les illusionnistes qui promettent des lendemains qui ne sont pas toujours meilleurs.

 

Propos recueillis par Paul Mben

 

 

Accueil des réfugiés à Tessalit : le travail salutaire d’Ismaël Massiwa

 

Depuis le retour de nos compatriotes de Libye, plusieurs actions ont été menées par le gouvernement malien et certains particuliers. Et, parmi ces derniers, le nom qui revient, sans cesse, dans le cercle de Tessalit est celui de Massiwa. Selon les informations que nous avons recueillies auprès de certains réfugiés, le travail abattu par cet opérateur économique est considérable et salutaire. En effet, des vivres aux vêtements en passant par les soins médicaux, le logis et certaines démarches administratives, l’enfant de Tessalit n’a ménagé aucun effort pour mettre nos concitoyens dans les meilleures conditions d’accueil. Pour Massiwa «il est normal que quand des enfants du Mali sont dans des difficultés, il faut leur venir en aide, selon ses moyens». L’opérateur économique de nous révéler qu’en plus des cinq premières personnes arrivées à Tessalit, 150 autres sont sur le chemin de retour au bercail.    

 

 Propos recueillis par Paul MBen

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