En marge du festival international de Sélingué, nous avons rencontré la Directrice de l’Agence nationale de la Sécurité Routière (Anaser), Mme Assan Sylla, qui a animé une brillante conférence dont le thème portait sur la responsabilité de la jeunesse devant le port du casque. Elle a pointé du doigt la responsabilité humaine dans les accidents de la circulation routière. Elle a bien voulu se prêter à nos questions. Lisez plutôt !
Le Prétoire : Vous venez de faire une brillante présentation sur le port du casque, son importance et la sécurité routière en général. Quels sont les objectifs de cette conférence ?
Mme Assan Sylla : L’objectif visé, c’est tout d’abord de participer à ce festival sur invitation des organisateurs. Vous savez, ce festival est un bon créneau pour faire passer un message surtout lorsqu’on veut s’adresser à la jeunesse. Vous avez remarqué avec moi l’affluence qu’il y a ici, et la majeure partie des festivaliers sont des jeunes. L’objectif final est de les sensibiliser à préserver leur vie. Aussi, vous avez pu remarquer que beaucoup de ces jeunes ici présents sont venus à moto à Sélingué. Le thème de cette conférence portait sur la responsabilité de la jeunesse justement parce que nous sommes dans un pays où 70 à 80 % de la population est jeune, et la quasi-totalité des victimes de la route est issue de cette frange de la population. Nous, en tant que structure chargée de la sécurité routière, nous nous devons de saisir toutes les opportunités possibles pour faire passer le message à ces jeunes. Le non port du casque est l’un des facteurs aggravants des accidents de la circulation. A travers cette conférence, nous avons voulu conscientiser cette couche de la population sur l’importance du port du casque, car en cas d’accident, il protège la partie la plus fragile du corps humain, qui est la tête. La tête humaine est comme un œuf, que quelque chose la touche ou qu’elle touche quelque chose, elle se casse. Il faut retenir que le casque n’empêche pas les accidents mais atténue les conséquences de l’accident. Il permet d’éviter soit des traumatismes soit même des décès.
Madame la Directrice, vous étiez en face d’une centaine de jeunes qui ont suivi attentivement votre exposé. Pensez-vous que votre message est passé ?
Justement, je suis très contente de l’attention que cet exposé ait pu retenir l’attention de ces jeunes mais aussi de l’engouement qu’ils ont montré pour le sujet avec leurs questions et contributions. Je souhaite vivement que le message soit compris car je suis avant tout une mère, une sœur, une tante et un être humain, qui assiste tous les jours à des cas d’accidents très graves. Il arrive parfois que c’est le soutien principal de la famille qui décède dans ces accidents. Vous savez, les chiffres sont alarmants, mais même un seul tué sur la route est un tué de trop. Rien ne peut remplacer l’être humain. Au Mali, nous perdons chaque année 2% du PIB dans les accidents, c’est-à-dire plus de 14 Milliards de FCFA en marchandises.
L’accident de la route n’est pas une fatalité, c’est quelque chose qu’on peut éviter et qui ne demande rien d’autre que le respect du Code de la route, et aux conducteurs de deux roues de porter le casque. Au service des urgences de l’Hôpital Gabriel Touré, je suis très émue en voyant ces jeunes gens à la fleur de l’âge qui perdent la vie subitement. C’est une vraie perte pour ma nation.
Ceci dit, l’on suppose qu’il y a une campagne de sensibilisation dans ce sens. Quels sont les grands axes de cette campagne ?
La campagne de sensibilisation est en cours, je ne sais pas si vous avez vu les affiches publicitaires sur les grands axes routiers, les campagnes de sensibilisation que nous avons menées sur les campus universitaires et dans les établissements scolaires à travers le pays et qui continuent d’ailleurs. D’autres grandes actions sont prévues comme le veulent les plus hautes autorités du pays à travers le département des transports, et que nous, nous essayons de traduire en acte concret sur le terrain. Nous sommes en train de travailler à organiser des fora dans toutes les régions sur la sécurité routière et ces fora doivent coïncider avec le forum de la jeunesse. Car notre première cible, c’est la jeunesse, et comme je le disais ci haut, ils sont les plus impliqués dans les accidents de la circulation routière. Donc nous ne cesserons jamais d’aller vers eux, nous ne cesserons jamais d’appeler au port du casque.
Votre appel pour la jeunesse ?
Notre appel pour la jeunesse c’est que nous, nous sommes bientôt à la retraite et la relève c’est eux. Nous ne voulons pas que cette relève soit avec des handicaps. La vie est trop précieuse pour jouer avec, nous, en tous cas, nous mettrons tout en œuvre pour jouer notre partition. Nous ne nous lasserons jamais dans la sensibilisation et la formation.
Propos recueilli par Harber MAIGA à Sélingué