Mme Sanogo Aminata Mallé est sans nul doute l’une des boîtes noires de la haute administration publique malienne. Juge, Présidente de juridictions nationale et sous-régionale, Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, Mme Sanogo Aminata Mallé est un modèle de dévouement à la patrie. Elle est le Troisième Médiateur de la République et la Troisième femme à gérer cette autorité administrative indépendante. Aussi efficace que disponible et discrète, elle a réussi à innover le Bureau du Médiateur de la République. Placée par la nation reconnaissante au sommet des distinctions honorifiques du pays – elle est Grand Officier de l’Ordre National du Mali – Mme Sanogo est assurément une bibliothèque vivante pour la jeune génération de femmes-leaders.
Bonjour, Mme le Médiateur de la République. Nous aurons sans doute beaucoup à apprendre si vous nous parliez de votre parcours (études et cursus professionnel). N’est-ce pas ?
Après l’obtention de mon Diplôme de Maîtrise en Sciences Juridiques, Option Judiciaire, Mention Bien (Avec les Félicitations du Jury) à l’Université de Dakar, actuelle Université Cheick Anta Diop, j’ai intégré la Fonction publique en qualité d’Administrateur civil, le 1er octobre 1980 avant d’être affectée à la Section du Contentieux du Secrétariat Général du Gouvernement du Mali.
Suite à mon admission au Concours de recrutement des Auditeurs de Justice et à l’issue d’une formation de 2 ans au Centre National de Formation des Magistrats, couronnée par le Diplôme dudit Centre, j’ai intégré la Magistrature en janvier 1983.
De cette date à nos jours, j’ai occupé différents postes de responsabilité tant au Mali qu’à l’Etranger, entre autres :
-Juge d’Instruction chargé du Premier Cabinet de la Cour Spéciale de Sûreté de l’Etat ;
-Présidente de la Section Détachée du Tribunal de Première Instance en Commune IV du District de Bamako ;
– Présidente du Tribunal de Commerce de Bamako ;
-Présidente du Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako ;
-Présidente de la Cour de Justice de la Communauté CEDEAO à Abuja au Nigeria ;
-Conseiller technique au Cabinet du Premier ministre, Chef de la Cellule Gouvernance ;
-Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux ;
-Secrétaire général du Gouvernement avec rang de Ministre.
Et, depuis le 13 octobre 2020, Médiateur de la République.
De 1993 à nos jours, j’ai participé à de nombreux séminaires et ateliers tant aux plans national qu’international, notamment :
-à la «Formation des Formateurs à Dijon (France) sur les «Procédures de saisie et de vente immobilière» ;
-au «Séminaire sur l’Arbitrage commercial international» au Caire, en Egypte ;
-au 7è Atelier sous-régional sur les « Procédures et Pratiques en matière de Règlement des Différends de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) à Rabat, au Maroc ;
-au Colloque international de Yaoundé (Cameroun) sur «l’OHADA et les Perspectives de l’Arbitrage en Afrique» ;
-au Séminaire de formation des «Professionnels du Droit sur le Nouveau Droit des Affaires en Afrique» (OHADA) ;
-un Voyage d’Etude à Berlin (en Allemagne) sur invitation de la Fondation Konrad Adenauer pour une «Analyse comparative des Systèmes judiciaires Allemand et de l’Afrique au Sud du Sahara» ;
-participation aux «Travaux de la 92è Session du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies» à New York ;
-participation à la «Conférence sur la Libre circulation des Personnes, des Biens, des Services, des Capitaux et le Droit de Résidence et d’Etablissement» à Cotonou, au Bénin ;
-participation à Hong Kong à la «Conférence internationale : Bonne gouvernance et Etat de Droit» ;
-participation à la «Réunion des Experts du Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO et au Lancement dudit Réseau» à Abidjan (Côte d’Ivoire).
Par ailleurs, j’ai été membre de plusieurs commissions de travail dont :
-la Commission chargée de la relecture du Code de Procédure Civile, Commerciale et Sociale (en qualité de Présidente) ;
-la Commission d’Avancement des Magistrats ;
-la Commission Nationale d’Harmonisation du Droit des Affaires (OHADA) ;
-la Cellule de Réflexion, de Suivi et de Réforme du Droit des Affaires ;
-le Conseil National de la Concurrence (en qualité de Rapporteur Général) ;
-le Panel des Hautes Personnalités des Assises nationales de la Refondation ;
-la Commission de Rédaction de la Nouvelle Constitution (en qualité de Rapporteur Adjoint).
Quels sont les principaux changements que vous avez opérés aux Services du Médiateur de la République depuis votre arrivée à la tête de cette Autorité Administrative Indépendante ?
Après ma prise de service en novembre 2020, j’ai organisé, le 24 mars 2021, la «Journée de revue des activités des Services du Médiateur de la République» avec l’ensemble des Collaborateurs du Siège et ceux des Délégations territoriales de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao.
Cette journée avait pour objectif de renforcer la synergie d’actions entre tous les Services de l’Institution. A l’issue de ladite journée, des recommandations ont été faites dont la relecture des principaux textes régissant l’Institution.
Une médiation de proximité
Pour impulser une nouvelle dynamique communicationnelle, un Plan stratégique de Communication a été adopté afin d’accroître la visibilité de l’Institution. C’est ainsi qu’une journée «Portes Ouvertes» a été organisée, le 14 avril 2022, simultanément au Siège et dans les Délégations territoriales.
L’occasion était propice pour partager ma Vision, à savoir une médiation de proximité en vue de la satisfaction des usagers et du renforcement de la notoriété du Médiateur de la République.
Des sketches de sensibilisation sur le rôle et les missions de l’Institution et l’Espace d’Interpellation Démocratique en Français et en Bamanankan ont été réalisés pour l’information des citoyens, notamment les usagers des services publics.
Le site Web du Médiateur de la République a été mis à jour.
Une convention de partenariat a été signée avec le RECOTRADE dans le cadre de la mobilisation, de la sensibilisation et de l’information des populations sur le rôle et les missions de l’Institution. Le partenariat avec les différents réseaux de médiation aux plans sous-régional et international a été renforcé.
De même, la collaboration des Délégations territoriales avec les radios de proximité dans les langues du terroir se poursuit en vue de l’information des populations sur les cas et les modalités de saisine du Médiateur de la République.
Un formulaire des réclamations/interpellations a été mis sur le site web à l’attention des usagers, notamment les Maliens de la Diaspora.
En outre, le Bulletin semestriel d’information a été institué.
Un accent particulier a été mis sur le renforcement des capacités des Collaborateurs du Médiateur de la République en matière de rédaction administrative, de médiations institutionnelle et communautaire et d’archivage numérique.
En ce qui concerne les effectifs, un Conseiller spécial, un Ordonnateur délégué, un Agent comptable et une Chargée de mission, Genre, ont été nommés pour le bon fonctionnement de l’Institution.
La Charte de bon comportement du stagiaire a été élaborée.
S’agissant des conditions de travail, les personnels du Siège et des Délégations territoriales ont été dotés de matériels et équipements informatiques et de mobiliers de bureau. Quant au parc roulant, il a été partiellement renouvelé.
Le bâtiment abritant le Siège de l’Institution a été réhabilité. Les locaux de la Délégation territoriale de Ségou seront inaugurés prochainement.
Pour faciliter la gestion des dossiers de réclamation et d’interpellation), le Logiciel de Traitement des Données a été conçu et l’opérationnalisation est en cours.
11 693 usagers accueillis, écoutés et orientés en 2024
Suite à l’intensification de la communication sur l’Institution, le nombre d’usagers est en constante évolution.
C’est ainsi que durant l’année 2024, les Services du Médiateur de la République ont accueilli, écouté et orienté 11 693 usagers dont 7 568 au niveau du Siège et 4 125 dans les Délégations territoriales contre 6 074 en 2023.
Au cours de l’année écoulée, l’Institution a enregistré 216 dossiers de réclamation et 554 dossiers d’interpellation.
Quel message souhaiterez-vous adresser à la Malienne à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes ?
Permettez-moi, à l’occasion de la célébration de la Journée du 8 mars, Journée des droits des femmes, Edition 2025, de m’adresser à toutes les femmes du Mali, de l’AES, d’Afrique et du Monde pour leur souhaiter une bonne fête.
Cette date mémorable est l’occasion pour nous, femmes, de dresser le bilan de nos actions, d’évaluer les progrès réalisés afin d’envisager les perspectives qui nous permettront de relever les nombreux défis persistants dans la mise en œuvre des politiques et des textes relatifs à la protection, à la promotion des droits des femmes et à l’égalité des sexes.
A l’instar de la Communauté internationale et en lien avec le thème retenu à savoir : «Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation», le Mali célèbre, cette année, la Journée des droits de la Femme sous le thème : «Accélérer le rythme de l’autonomisation des femmes et des filles, gage d’un développement humain durable».
Pour l’atteinte de cet objectif, il revient à la fois à l’Etat et aux femmes de prendre des initiatives en vue de garantir l’autonomisation des femmes et des filles par un meilleur accès aux financements, aux facteurs de production et aux marchés pour un développement inclusif. Le Mali, membre de la Confédération des Etats du Sahel (AES) dont l’un des piliers repose sur le développement, ne peut qu’accélérer l’autonomisation économique des femmes et des filles, améliorer leur accès à l’éducation et renforcer leur représentation politique. Il urge donc de mettre l’accent sur la nécessité pour les Etats de promouvoir les droits économiques des femmes et de réduire l’inégalité de traitement entre les genres.
Certes, des efforts ont été déployés par l’Etat avec la mise en place d’un fonds d’autonomisation des femmes, l’accroissement d’activités génératrices de revenus (AGR), mais des défis persistent. Pour les relever, il faut diversifier, financer les projets et encadrer les femmes pour une gestion rationnelle afin de réduire la pauvreté et les inégalités.
En outre, la mobilisation, la solidarité et l’entente entre les femmes doivent être de mise. A cet égard, je voudrais inviter les femmes du Mali et de l’AES à s’impliquer davantage dans la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans nos pays respectifs.
En accord avec le thème, je lance un vibrant appel à nos sœurs et filles du Mali et du monde à s’engager davantage pour l’autonomisation de la prochaine génération en particulier les jeunes femmes et les adolescentes en tant que catalyseurs d’un changement durable.
Je ne saurais terminer sans rendre un vibrant hommage à nos Forces Armées de Défense et de Sécurité (FAMa) pour leur bravoure dans la défense de l’intégrité du territoire national. Bravo aux FAMa !
Enfin, je tiens à saluer et féliciter le journal «Le Challenger» pour m’avoir donné l’opportunité de m’adresser aux femmes à l’occasion de la célébration de la journée du 8 Mars 2025.
Bon vent au journal
«Le Challenger» !
Poursuivons la lutte pour l’égalité et la justice en solidarité avec toutes les femmes !
Propos recueillis par Chiaka Doumbia