Trois questions à Me Mohamed Sanogo : « Je pense qu’un nouveau Mali est possible avec IBK »

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Me Sanogo Mohamed
Me Sanogo Mohamed

Secrétaire Général de l’ordre des Huissiers de Justice du Mali, Mohamed Sanogo, dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder,  se prononce sur les défis par lesquels IBK doit commencer son quinquennat. Et dans un franc-parler, il exhorte le nouveau président malien à préserver l’intégrité territoriale du Mali dans les négociations qu’il va entamer avec les rebelles touaregs.

 

 

Le Tjikan : Quels sont selon vous les grands défis que doit relever le nouveau président qui prêtera serment demain mercredi ?

Mohamed Sanogo : Je pense qu’il n’y a pas mal de défis à qui attendent le nouveau président de la république du Mali. Le premier défi pour moi reste mon secteur : la justice. Il est vraiment temps de faire en sorte que le pauvre dans ce pays ne se sente plus lésé. Autrement dit, de ne plus priver un pauvre citoyen de ses droits au profit d’un riche. Quand il y aura l’équité, je pense qu’il aura la paix sociale. N’importe quel citoyen dans un vrai Etat de droit aspire à une justice saine. Après la justice, il faut de l’éducation qui a perdu aujourd’hui toute sa crédibilité au Mali dans ses vingt deux (22) dernières années. Il n’est un secret pour personne que l’éducation, au plan national, depuis la chute du président Moussa Traoré, rien ne va plus dans ce domaine. Les différents présidents qui sont succédé après lui, ont organisé beaucoup de rencontres sur l’éducation, mais qui n’ont rien donné aucun résultat concret. Au contraire, la situation s’est même empirée au fil des années. Les élèves n’ont plus le niveau et c’est connu de tous. Cela se comprend aisément quand on sait que les enseignants eux aussi pour la plupart  n’ont aucune pédagogie pour dispenser des cours aux élèves. C’est l’une des raisons de la mauvaise santé de notre système éducatif. Le nouveau président aura intérêt à revoir ce domaine. C’est très important pour le développement du pays. Aussi, il faut parler de la santé. Autrefois, la médicine était une profession noble. Mais aujourd’hui, avec la prolifération des cliniques privées, dans les centres étatiques rien ne va plus. Tout est résumé à l’équation argent. Ce qui n’est pas bon pour un pays pauvre comme le notre où la population n’a pas à manger, à fortiori que d’aller mettre des sommes colossales dans  la santé. Ce côté aussi a besoin d’une révision totale. Autre défi important à relever pour IBK demeure le plan de stratégie d’urbanisation de nos différentes villes. L’autre jour seulement avec la forte pluie qui est tombée sur la capitale, tout le monde a vu ce qui s’est passé. Rien n’est fait. Il n’y presque pas de caniveaux à Bamako. Alors, je pense qu’il est inadmissible qu’en 2013 encore que dans une capitale comme la notre, le peu de caniveaux qui existent sont bouchées à chaque fois qu’il ya une forte pluie. Tout ça doit être prévu avant le début de chaque hivernage. On n’en finira jamais de citer les défis, mais je pense qu’il faut commencer par ceux-ci pour un début.

 

 

Un des défis pressants qui attendent IBK, c’est la négociation avec les mouvements rebelles. Que lui proposeriez-vous concrètement ?   

Il est dit que le nouveau président une fois élu, doit négocier avec les mouvements rebelles du nord. Il faut négocier avec ces gens là, mais pas à n’importe quel prix. Il ne s’agit pas de négocier pour le plaisir, mais négocier pour gagner. Je pense qu’il y avait 27 prétendants pour le fauteuil présidentiel, mais le peuple a estimé que de toux ceux-ci, IBK était le seul à pouvoir redresser la barre et en même temps faire rebondir le Mali. Donc, c’est un challenge pour lui de gagner cette négociation. A vrai dire, IBK comparativement aux autres présidents n’a pas droit à l’erreur. Au cours de la négociation, je trouve que certaines situations sont à préserver, c’est-à-dire qui ne sont pas à négocier. Je veux parler entre autre de l’intégrité du territoire et de l’unité nationale. Absolument, ce sont des points non négociables. Il est hors de question d’accorder une quelconque autonomie à qui que ce soit. S’ils sont prêts à aller sur cette base, alors la négociation peut commencer. Mais s’ils voient ça d’un mauvais œil, qu’on arrête tout. Car nous savons tous que l’aboutissement d’une autonomie c’est l’indépendance. Donc, il faut s’en méfier.

 

 

Est-ce-que un nouveau Mali est possible avec  Ibrahim Boubacar Keita comme président?

Je pense bien qu’un nouveau Mali doit être possible avec IBK, parce qu’il constitue l’espoir de tout un peuple. Il a une légitimité claire et nette et une popularité forte qui ne dit pas son nom. Tout le monde lui fait confiance. Et cette confiance est la fondation de cette nouveauté qu’attend de lui, le peuple malien. Je pense honnêtement qu’avec IBK, l’espoir est permis. Son passé en tant que chef de gouvernement nous l’atteste. Notre pays avait besoin d’un homme à poigne comme lui. Et il est là. J’espère qu’il saura rendre la monnaie à ce peuple qui lui a accordé toute sa confiance et a placé en lui tout son espoir.

Propos recueillis par Dra Dembélé   

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