Président du collectif Ambaga siguida fe et très actif, Ibrahim Sidibé pense que la salubrité doit être une question de tous. Dans une interview de trois questions, il nous livre les raisons de leur motivation pour lutter contre les ordures à Médina Coura
La sirène : Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à entreprendre ce combat ?
M Sidibé : Ce n’est pas pour rien ni un hasard que les jeunes de Medine se sont retrouvé pour mener ce combat. Nous avons décidés de combattre le dépotoir envahissant, source de tous les maux dans notre quartier pour plusieurs raisons motivent cette prise de conscience. D’une part, sa localisation n’est pas adaptée à la réussite scolaire de nos enfants. En réalité, trois écoles non des moindres sont situées à ses alentours proches le jardin d’enfants communautaire « Den Niayoro », le groupe scolaire Mamadou Diarra n°2 qui est l’unique école publique de Medina-coura et le CFP (Centre de Formation Professionnelle Soumaoro Kanté). Ces trois établissements nous sont chers dans la vie du quartier. Sa présence au cœur du quartier a fait accroitre le taux de paludisme dans notre quartier défavorisés. Aujourd’hui, les familles de Médina-coura en ont assez d’élever les mouches et les moustiques en provenance des quartiers limitrophes voir d’autres lointains. En neuf ans on a payé les frais on n’en peut plus de nos jours. En finalité, le collectif renvoie la gestion des poubelles aux responsabilités des maires des communes qui produisent les déchets.
La sirène : D’après vous pourquoi l’école de Medina-coura n’a pas pu ouvrir ses portes le 3 octobre dernier jour de la rentrée scolaire de l’école malienne ?
M Sidibé : Il était pratiquement impossible pour les élèves, les maitres d’écoles et les professeurs de pénétrer dans l’enceinte de l’établissement scolaire. La cour était submergée de flaque d’eau et de déchets. Le spectacle était atroce partout il y’avait des mouches et des moustiques. Bref l’insalubrité avait atteint son plus haut sommet. Le mur de clôture s’est effondré sur une distance de 30 mètres sous le poids des ordures ménagères. Face à cette cruelle situation le coordinateur a pris une décision responsable pour le l’intérêt des enfants en jugeant nécessaire de freiner les cours. Il a fallu une semaine de travaux intense pour que les enfants regagnent les salles de classe. La rentrée fut donc effective à la date du 10 octobre 2016.
La sirène : Le 18 octobre dernier alors que les membres du collectif avaient nettoyé le dépotoir les forces de l’ordre ont fait irruption. Que s’était-il passé exactement ?
M Sidibé : Le 15 et le 16 octobre dernier le collectif a organisé deux journées de salubrité pour nettoyer le dépotoir. Les hommes et les femmes du quartier ont donné le meilleur d’eux-mêmes en travaillant bénévolement pour la propreté du site. Par ailleurs les membres du collectif ont négocié des caissons auprès de l’ozone pour organiser de manière interne le prélèvement des ordures ménagères de Medina-coura. Au même moment dans les autres quartiers les maires ont été incapables de gérer leurs ordures. Les déchets s’entassaient çà et là et débordaient sur la voie publique. Devant cette situation les autorités municipales ont donné ordre à la police d’user de la force pour ouvrir le dépôt de transit de Medina-coura. Les policiers étaient venus dans une logique d’affrontement muni de gaz lacrymogène. Ce jour-là les jeunes de notre quartier ont démontré leur grande maturité. On les regardait faire assis à notre place. Malgré les provocations personne n’a bougé. Ils ont dérapé aux yeux de tous en agressant Souleymane Samaké un handicapé visuel. Ce dernier va déposer plainte contre X dans les jours à venir.
La sirène : Quelles actions comptez-vous entreprendre maintenant ?
M Sidibé : Nous allons inévitablement déclencher une action judiciaire pour aller au procès. Le dépôt de transit de Medina-coura a été révélateur de l’incapacité des maires à faire face à la gestion des ordures dans leur quartier. D’après le Président de la République IBK nul n’est au-dessus de la loi. Nous allons appliquer cette philosophie à la lettre. Pour le moment les démarches préliminaires sont en cours. Le collectif a fait appel aux services d’une avocate et d’un huissier pour l’éclatement de la vérité. De nos jours nous savons d’ores et déjà que Youssouf Coulibaly l’actuel maire de la commune II à une part de responsabilité dans l’édification du dépotoir. Au moment des faits en 2007 il était le 2eme adjoint du maire du district de Bamako feu Badoulaye Traoré. Quant à Bamoussa Touré il est tout à la fois impliqué dans l’affaire. Chacun aura droit à la visite de l’huissier pour apporter de l’éclairage sur le dossier. Après la justice dira son dernier si toute fois nos autorités sont dans leur droit de transformer le couloir entre deux écoles en dépotoir… La volonté du collectif est de permettre aux enfants d’étudier dans un environnement sain dépourvu de mouches et de moustiques…
Aboubacar Eros Sissoko