Il fait partie des artistes musiciens de l’orchestre Super Biton national de Ségou, qui a fait dix ans de succès au Mali. Actuellement, les anciens de cet orchestre, sous la houlette de Mama Sissoko, offrent des concerts et des spectacles afin de joindre les deux bouts. Profitant du 3ème congrès du parti Sadi, nous l’avons rencontré. Aboubacar Guissa dit Cubain, puis que c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas allé avec le dos de la cuillère, surtout concernant les conditions de vie des anciens membres du Super Biton national qui vivent encore.
Bamako Hebdo : Pourquoi avez-vous demandé des soutiens à Oumar Mariko ?
Cubain : Il n’est secret pour personne, tout le monde à Ségou sait comment les anciens du Biton vivent. C’est très difficile. C’est avec des spectacles de ce genre que nous essayons de survivre. Nous avons expliqué à Oumar Mariko de faire quelque chose pour nous dans la mesure du possible. Nous n’avons plus de matériels, nous sommes en location, ATT nous a donné de l’argent une fois et des instruments. Mais, aujourd’hui, force est de reconnaître que nous souffrons car la plupart d’entre nous sont en location. Le vieux Karamoko Niang est hospitalisé à Bamako, il a mal à la jambe et est sans soutien. Barbu est décédé dans les mêmes conditions, c’est-à-dire sans soutien. Nous autres, qu’allons nous devenir ? C’est pourquoi, nous avons dit à Oumar Mariko de nous aider.
Quelle a été la réponse d’Oumar Mariko ?
Bon, il dit qu’il va nous inviter à une journée de solidarité à Bamako. L’orchestre va jouer pendant l’activité, il n’a pas dit qu’il nous donnera de l’argent mais qu’il essayera de faire son possible pour nous aider. Comme c’est un homme de parole, en tout cas nous le suivons parce qu’avec nos parents à l’office du Niger, il a fait ses preuves à un moment où les paysans souffraient. Grâce à son intervention, il y a eu un soulagement.
Nous, nous ne demandons pas un miracle, mais nous ne pouvons pas comprendre que les artistes du Badema national qui ne donnent pas un seul concert par an, soient payés par l’Etat. Idem pour ceux du ballet national, du kotêba national qui ne font pour autant rien.
Aucune production, aucune initiative et pourtant ils sont tous payés. Mieux, ils font même valoir leur droit à la retraite. Nous aussi avons beaucoup fait pour ce pays. On ne mérite pas de vivre misérablement. Vraiment nous comptons sur Oumar Mariko.
Est-ce que le président n’a pas fait des gestes pour vous ?
Il nous a donné du poisson, maintenant nous voulons qu’il nous apprenne à pêcher. Parce que donner de l’argent, ça ne peut pas continuer. Nous voulons surtout qu’il nous donne du matériel de musique. Même si nous ne sommes pas là, nos enfants sont prendront la relève. Ce qui garantit l’avenir pour nous. Mais 6 millions pour plus de 25 personnes, chacun avec ses nombreux problèmes, ça ne résout rien.
Et c’est fait à la veille de la campagne présidentielle. Cela est très simple à comprendre donc. Maintenant, nous avons besoin de quelque chose de concret pour nous prendre en charge, nous avons un chef d’orchestre en la personne de Mama Sissoko, nous avons une organisation, nous ne voulons plus de geste dans le désordre.
Kassim TRAORE