Selon Brahima Diarra, président du Conseil régional de la jeunesse de Koulikoro, pour lutter contre le problème d’emploi dans la région, l’Etat à travers les services régionaux, doit développer des stratégies qui orientent les jeunes vers l’agriculture. “Koulikoro ne manque pas de terre cultivable, mais il suffit juste de les mettre en valeur”, dit-il.
Mali Tribune : Quelle est la situation actuelle de l’emploi des jeunes à Koulikoro ?
Brahima Diarra : Le taux de chômage des jeunes est très élevé. Après la fermeture de l’Huicoma, l’économie de la ville est morte. Il suffit de faire un tour dans le lit du fleuve, vous verrez que l’activité principale reste l’exploitation du sable et des graviers. Certes, ils sont là-bas pour nourrir leur famille, mais ils sont exposés à de nombreux dangers dont la drogue, l’alcool, les maladies, etc.
Mali tribune : Les travaux d’aménagement et de viabilisation de la zone industrielle de Koulikoro ont déjà été lancés. Vous pensez que c’est un début de solution à la problématique de l’emploi des jeunes ?
B.D. : L’Etat nous avait promis la création d’une zone industrielle pour mettre fin à notre mouvement dénommé : “Soit il faut ouvrir l’Huicoma ou rien”. Selon les autorités, la réouverture de l’usine n’était plus possible. Car l’argent qui sera investi dans l’Huicoma pouvait servir à construire une nouvelle usine. Ils ont délimité l’espace. Il se situe après le barrage en partant à Banamba. Après le lancement des travaux par les autorités, les choses n’ont pas beaucoup avancé. Au finish, l’entreprise chargée de la réalisation de la zone a disparu. On n’ignore les raisons. Aujourd’hui les travaux sont arrêtés.
Déjà que l’espace a été attribué à la région, le gouverneur, le général Mamary Camara, s’est engagé à viabiliser la zone pour encourager les jeunes à aller s’installer. Avec cette promesse, il y a des entreprises qui sont en train de venir parmi lesquelles une entreprise de transformation des produits alimentaires.
Mali Tribune : Les forces conjointes de l’Union européenne sont présentes à Koulikoro depuis quelques années dans le cadre de la formation des militaires maliens. La ville profite-t-elle de l’impact de leur présence ?
B.D. : Il y a des activités à ce niveau, notamment l’entretien et la construction. Ces volets sont donnés à des entreprises de Bamako et de Koulikoro. Les entreprises agréées ne sont pas nombreuses ici. Je le dis parce que lorsqu’on a un agreement et qu’on n’est pas à jour de payements des taxes de l’Etat, il y a quelque chose qui manque.
C’est pourquoi, à chaque appel d’offres, ce sont les entrepreneurs de Bamako qui viennent rafler le marché et ils donnent la main d’œuvre à Koulikoro. Réellement, ce sont les entreprises de Bamako qui tirent les bénéfices.
Aujourd’hui, au camp militaire Boubacar Sada Sy, on peut dire qu’il y a plus de cent jeunes qui sont employés par les sociétés sous-traitants.
Mais, nous pensons que le développement passe par l’élaboration des stratégies d’encouragement et d’orientation des jeunes vers l’agriculture. Nous n’avons pas de problème de terre cultivable dans la région, mais les jeunes n’ont pas les moyens de les mettre en valeur. Le Conseil régional de la jeunesse de Koulikoro travaille actuellement sur des projets allant dans ce sens. Nous avons déjà contacté les structures techniques notamment l’Agence pour la Promotion de l’emploi des jeunes au Mali (Apej), le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa) et la direction régionale de la formation professionnelle. Pour l’aménagement des superficies pour les jeunes, le gouverneur Camara a fait beaucoup d’ouverture pour les jeunes de Koulikoro.
Propos recueillis par
Kadiatou Mouyi Doumbia