TRAORE Fanta KAGORO, la première femme de l’Afrique de l’Ouest à inventer l’encens fibres en bois sans feu ni fumée, est sage-femme de formation et exerce sa profession au PME de Badalabougou. Elle a bien voulu nous accorder une interview sur son métier qui est d’une importance capitale dans la vie sociale et économique de notre pays. Car l’encens est partie intégrante de la cosmétique féminine, un attribut de galanterie, de savoir-vivre et de savoir-être. Dans le domaine mystique, l’encens attire le bonheur dans une famille et y éloigne le mal. Il est aujourd’hui source de richesse pour ses marchands. Lisez plutôt !
Le Zénith-Balé : Comment êtes-vous venue dans ce métier, par amour, héritage ou simple hasard ?
TRAORE Fanta KAGORO : Je suis venue dans ce métier par amour de l’encens. Je faisais mon propre encens, les gens l’ont apprécié et ça m’a donné l’idée d’ouvrir une boutique. C’est partant de là que j’ai eu l’idée d’expérimenter l’encens avec des fibres. Donc j’ai pris le vêtu vert communément appelé en bambara ” ngogodili “. J’ai pris une bouteille vide de mayonnaise, j’y ai mis quelques tiges de vêtu vert et j’ai ajouté le parfum là-dessus. L’idée était de parfumer ma boutique. Tous mes clients qui venaient l’ont apprécié, et c’est parti ce que tout le monde connait aujourd’hui.
ZB : Depuis quand ?
TRAORE Fanta KAGORO : J’ai commencé en 2016.
ZB : Quels sont vos produits ?
TRAORE Fanta KAGORO : Mes produits sont : encens ordinaire, Guéni, Djékalani, Magnokissèni, Gogon-moukou, compositions florales (pots ou vases magiques).
ZB : Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
TRAORE Fanta KAGORO : J’ai été invitée par les Nations-Unies en Egypte et en Inde par le Commonwealth. Dans les deux cas pour participer à des conférences sur les fibres qu’elles soient sauvages ou cultivées. J’ai été au Sénégal où j’ai été invitée par la chaine télévisée DSTV. Je vous informe que le vêtu vert est une variété de fibre sauvage qui pousse au bord des fleuves. Toujours dans le cadre de mon parcours, j’ai effectué des voyages aux Etats-Unis et en Europe pour promouvoir et vendre mes produits.
ZB : Avez-vous des difficultés ?
TRAORE Fanta KAGORO : Oui, j’ai des difficultés. J’ai eu mon brevet sur les encens en fibre mais il y a des gens qui font ce travail sans aucun agrément et la manière de le constituer laisse à désirer. Donc ils le font n’importe comment et le vendent à n’importe quel prix. Normalement si on a un brevet dans quelque chose, personne d’autre ne doit l’effectuer sans au moins passer par celui qui a le brevet. Dans notre pays au Mali, ces choses sont difficiles à contrôler.
ZB : Avez-vous des enfants qui vous aident dans ce travail ?
TRAORE Fanta KAGORO : Oui, j’ai trois (3) enfants et ils m’aident dans ce travail car ils font des pots et les mélanges de parfums avec moi.
ZB : Aimeriez-vous étendre cela un jour en dehors du Mali ?
TRAORE Fanta KAGORO : Le projet est déjà étendu au-delà de nos frontières car j’ai de la clientèle partout en Afrique, en Europe et en Amérique.
ZB : Espérez-vous une aide de votre pays ou une autre aide quelconque ?
TRAORE Fanta KAGORO : Bien sûr une aide du Gouvernement malien ou toute autre aide sera la bienvenue car je pourrai former les jeunes surtout les jeunes diplômés sans emploi à s’installer et se prendre en charge.
ZB : Votre dernier mot ?
TRAORE Fanta KAGORO : J’aimerai inviter toutes les femmes qui restent à la maison de se lever pour entreprendre des projets pour contribuer dans le développement économique de leur famille et du coup de leur société et leur pays. L’homme ne peut pas tout faire seul. L’homme et la femme sont complémentaires. Mes remerciements à vous Sarré Assétou Djiré et au journal Le Zénith-Balé car ce sont ces interviews qui nous permettent de se faire connaitre.
Propos recueillis par Sarré Assétou Djiré, collaboratrice