Si le tourisme constituait une véritable source de revenus pour les guides, ce secteur est actuellement frappé par la crise que le Mali a traversée. Car depuis plus de 2 ans, les touristes ne se rendent plus dans le pays dogon, qui constitue l’une des localités les plus attractives du tourisme malien. Nous avons abordé la question avec le guide touristique Seydou Guindo.
Nouvel Horizon : M. Guindo, parlez-nous du tourisme dans le pays dogon avant la crise ?
Seydou Guindo : Avant la crise, il faisait très bon vivre dans le pays dogon. Tout le monde vivait dans la parfaite cohésion avec les touristes qui étaient fréquents dans la zone. Il faut aussi reconnaître que ce métier joue un rôle extrêmement important dans la lutte contre le chômage. Mais la grave crise que le Mali a connue a pratiquement joué sur tous les secteurs. A travers ce que nous vivons aujourd’hui, je suis en mesure de dire que la crise a surtout frappé le secteur du tourisme à Bankass. Sinon tous les guides touristiques parvenaient à tirer leur épingle de jeu.
Nouvel Horizon : Pouvez-vous nous en dire plus sur les effets de la crise sur le tourisme à Bankass ?
Seydou Guindo : Du début de la crise à nos jours, le tourisme se dégrade de jour en jour dans toute la zone. C’est pourquoi, pratiquement dans ce domaine, tout est à refaire. Donc il faut une bonne organisation du métier, tout en sécurisant l’ensemble du territoire national. Les touristes ont surtout peur pour leur sécurité. Raison pour laquelle ils ne viennent plus ici. Pour des questions d’insécurité, depuis 2 à 3 ans, on ne voit plus de touristes. Actuellement nous vivons dans la totale misère.
Tout le temps, s’il faut faire le mendiant par-ci et par-là, cela est grave. Tout le temps, il faut appeler les amis pour leur demander de t’envoyer un peu d’argent. On ne peut pas vivre dans ce système. Il y a même des amis qui ne prennent plus nos appels. Ils estiment que nous demandons trop. Dieu seul sait à quel point nous sommes endettés. Car on n’arrive plus à trouver des solutions aux différents problèmes. Moi par exemple, non seulement je dois au propriétaire de ma maison, mais aussi je n’ai plus d’électricité chez moi. Nous ne savons faire que le guide touristique. Puisque cela s’est arrêté avec la crise, c’est des difficultés que nous cumulons de jour en jour.
Nouvel Horizon: Avez-vous un appel à lancer ?
Seydou Guindo : Nous demandons aux autorités de mieux organiser le tourisme dans cette zone. Car il faut un maximum de sécurité afin d’encourager et de motiver les touristes à venir chez nous. Tout le monde sait que les blancs accordent une importance particulière à leur sécurité. Toutes les conditions nécessaires doivent être mises en œuvre pour que le tourisme puisse reprendre, le plus rapidement possible. Nous pensons également que le niveau actuel de la sécurité permet de reprendre le tourisme sans difficulté majeure, il faut que les uns viennent voir et tenter l’expérience afin de rassurer les autres. Les militaires déployés dans la zone sont en mesure d’assurer la sécurité des touristes. Ces militaires organisent des patrouilles jusqu’à la frontière du Burkina Faso.
Propos recueillis par Tougouna A. TRAORÉ