C’est en 2009 que Mme Touré Ramatou Bagayoko, enseignante de formation, effectue son entrée à la mairie de la Commune urbaine de Sikasso. Pendant 7 ans, elle s’est tant investie de jour comme de nuit pour leur bien-être que les populations de la Cité verte lui ont renouvelé leur reconnaissance par un autre mandat. Depuis, l’adjointe du maire est chargée de la voirie de l’assainissement et de l’urbanisme et point focal genre au sein du bureau communal. «Le rôle des femmes dans la gestion de la cité est inestimable, et toutes les femmes, singulièrement les braves dames de Sikasso devraient s’intéresser à la politique pour davantage jouer leur partition », est convaincue la militante du parti Fmr-Faso Danbé, un parti créé il y a deux ans. Au cours d’un récent séjour à Bamako, Touré Ramatou Bagayoko a accordé une interview à notre rédaction.
Comment avez-vous eu l’inspiration de vous engager dans la politique ?
C’était au moment de la création du Mouvement citoyen, mouvement populaire de soutien au président ATT dans lequel militait mon mari. Au début, j’y évoluais comme personne-ressource en soutien à mon mari. J’ai ainsi pris goût à la politique. De fil en aiguille, je suis passé de simple militante à militante active jusqu’à ma première élection comme élue communale en 2009. Nous avons eu un long mandat de sept ans au cours duquel j’étais en charge de l’Etat-civil à Sikasso jusqu’aux élections de 2016. Le mouvement citoyen s’essoufflant avec le temps, j’ai adhéré à Asma-Cfp que j’ai notablement contribué à installer à Sikasso et dont j’étais la secrétaire générale. C’est sous les couleurs de ce parti que j’ai fait mon second mandat. Je suis devenue 3è adjointe au maire actuellement chargée de la voirie de l’assainissement et de l’urbanisme. Je suis aussi point focal genre au sein du bureau communal.
Quel rôle les femmes peuvent jouer en politique, selon vous ?
Un grand rôle ! Confinées naguère à la seule mobilisation de l’électorat, elles n’avaient pas la place qui leur revenait dans la gestion de l’Etat. Mais, timidement, elles se sont imposées. Depuis 2015, grâce à la loi 052 sur le genre, elles commencent à occuper la place qui leur revient de droit en participant plus aux affaires publiques en tant qu’actrices. Représentant plus de 50% de la population, leur apport est inestimable au développement harmonieux du pays. Les hommes doivent davantage compter sur elles.
Elles sont nombreuses à s’engager dans la politique dans votre région ?
Elles sont en train de s’imposer, car elles ne sont pas encore nombreuses à réaliser leur rôle d’actrices de développement. Malgré des formations, elles sortent timidement de l’ornière. Mon constat depuis 2009 est qu’elles occupent de plus en plus l’arène politique. Elles sont de plus en plus actives et arrivent même à se faire place au sein des bureaux mixtes.
Vous êtes présentement membre du parti Fmr- Faso-Danbé, peut-on en connaître les raisons ?
Ce parti met en avant les forces des hommes et des femmes qui le constituent. Cela a été toujours ma vision. Le parti fonctionne avec les cotisations des militants : les frais de location du siège, les activités organisées dans le cadre de l’animation du parti, etc. Nous ne comptons pas sur l’aide extérieure. C’est ce que j’apprécie le plus dans ce parti. Selon moi, au Mali, pour que quelqu’un ne vienne pas nous dicter ses lois parce qu’il nous aide, chacun devrait apporter sa pierre à l’édifice. C’est ainsi ensemble qu’on pourra faire bouger les lignes. J’attache du prix à l’effort collectif.
Nous vivons une situation exceptionnelle. Quelle est votre appréciation de la gestion actuelle du pays ?
Cette situation nous a été imposée du fait qu’il y a eu beaucoup de manquements dans la gestion collective de la Cité. J’adhère beaucoup à la vision des militaires, à leur gestion de la chose. Le fait de compter sur nos moyens en cette situation exceptionnelle est conforme à la vision de notre parti.
Quel appel avez-vous pour les militants, particulièrement les femmes ?
La femme peut faire bouger beaucoup de choses en politique. Elle doit s’engager plus pour sauver la patrie, sauver la cité, participer au développement local. Je vois beaucoup de ‘’Nyéléni’’ à Sikasso car la Sikassoise est battante, elle sait se défendre. Il faut se rendre au grand marché de Sikasso tôt le matin pour voir comment elles sont actives. Je voudrais qu’elles dépassent ce cadre en faisant mieux valoir et reconnaître ce rôle. Le développement ne peut pas se faire sans les femmes. Elles doivent être fortement représentées dans les instances de prise de décisions.
C’est le lieu de remercier les autorités de la transition pour avoir mis une femme à la tête de l’exécutif régional. Et je profite encore de cette opportunité pour remercier mon amie Mme Kanté Marie Claire Dembélé qui se bât au quotidien pour que d’autres femmes puissent venir se joindre à elle pour faire développer Sikasso.
Quel est votre mot de la fin ?
C’est de demander aux populations de venir adhérer à notre parti. Chez nous, il n’y a pas de clivage. Seul l’engagement politique fait la différence. Et j’invite surtout les femmes parce qu’avec le Fmr-Faso Danbé, nous avons décidé de faire la politique autrement.
Propos recueillis par Moussa Diarra