Thierno Bocar Cissé Gouverneur de la région de Ségou : « L’insécurité n’est pas seulement au nord, mais c’est aussi à Ségou »

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Dans l’entretien qui suit, le chef de l’exécutif régional nous parle de l’accueil qu’il a reçu à Ségou, de la situation sécuritaire avant et après les évènements de Diabali, la sécurité alimentaire dans la région et le rôle que chacun doit jouer pour que les élections à venir soient un succès. Interview !

Thierno Bocar Cissé Gouverneur de la région de Ségou
Thierno Bocar Cissé Gouverneur de la région de Ségou

Yeko : Un trimestre que vous êtes à Ségou, comment avez-vous trouvé cette région ?

Thierno Bocar Cissé : Effectivement cela fait trois mois que je suis arrivé à Ségou. Les notabilités, les jeunes, les femmes toute la cité des balanzans sans exception mon accueilli à bras ouvert. C’est l’occasion pour moi de remercier toute la population de Ségou pour  l’accueil chaleureux. Dès mon arrivée  avec l’équipe en place, nous avons pris à bras le corps trois grand défis que sont : la sécurité, l’organisation des élections et le défi majeur qu’est la sécurité alimentaire  pour accompagner le gouvernement de transition.

Yeko : Vous avez  Parlé de sécurisation, Diabali  a été occupé. Dans quel état se trouve cette localité ?

TBC : On parle beaucoup de l’occupation des régions du Nord du Mali, on oubli qu’une partie de la région de Ségou a été occupée. L’insécurité n’est pas seulement au nord, mais elle est aussi à Ségou. Comme vous le savez  le 14 janvier 2013 Diabali a été envahi par les narco trafiquants qu’on appelle a tord  des jihadistes. Déjà  deux jours avant cette occupation on avait reçu des informations que Diabali était dans la zone de planification des terroristes. Immédiatement  en concert avec nos forces armées et de sécurité nous avons mis en place une cellule de crise avec les collectivités, la société civile, les notabilités,  et la presse car la communication en cette période est primordiale. La première mission de cette commission était de réfléchir comment s’y prendre pendant l’occupation  et après l’occupation.

Au moment de l’occupation de Diabali, nous avons fait beaucoup de réunion de sensibilisation  pour fixer autant que possible la population. Car l’une des stratégies des narco trafiquants  est de semer la panique avant d’occuper une zone. Je le dis par expérience parce que, quant ils occupaient Gao, j’étais administrateur dans cette localité. Cette expérience donc ma permis de comprendre  et de voir au niveau de la cellule quelle stratégie mettre en place pour  pouvoir faire face à cette attaque au niveau de la zone Office du Niger.   Nous avons alors ordonné au préfet de Niono de tout faire pour que l’administration ne desserte pas le terrain. Dans son repli, qu’elle ne dépasse aucunement Niono. Faire des émissions de sensibilisation sur les radios privées pour inciter la population  à resté sur place. Les jihadistes tout compte fait ne s’attaquent pas aux populations. Cette stratégie n’avait pour but que de sauver les cultures car, c’était le moment des récoltes. Imaginer après une crise sécuritaire si notre pays tombait dans une crise alimentaire ça allait être pire. L’office étant le poumon agricole du Mali et même de la sous région, il fallait tout faire pour minimiser les dégâts sur les productions de la campagne agricole. La cellule se devait de fixer les paysans de l’office sur place pour préparer la contre saison qui nous permet de combler le déficit de la campagne. A  un moment donné on était aux aguets à cause de fausses informations qui situaient les jihadistes à la porte de Niono voir Ségou. Ce qui contribua à paniquer davantage la population. Dieu merci, il y’a eu l’intervention de l’armée Française qui a tout mis en ordre.

Tout juste après l’intervention française, je me suis rendu à Diabali avec toutes les autorités régionales y compris le PDG de l’Office du Niger pour gérer l’après occupation. D’abord on a rassuré et encourager les populations et  immédiatement on a remis l’administration au travail. Aussi on a demandé la reprise des activités économiques et la réouverture des classes. A ce jour tout va normalement à Diabali. Seulement on demande aux populations d’être très vigilantes.

Yeko : On a craint pour nos récoltes avec l’attaque des jihadistes comment se présente la campagne agricole 2011-2012 ?

TBC : Il y’a 20 ans Ségou n’avait pas connu un tel record de production aussi bien en céréales  sèches qu’en riz. La campagne agricole 2011- 2012 a été une bonne campagne malgré l’agression de notre territoire par les narco trafiquants. Nous avons connu une bonne pluviométrie même si on eu des inondations dans certains endroits. Globalement, on peut être satisfait de cette campagne. Avec la crise on a perdu près de 200 hectares de nos récoltes ce qui réduit considérablement nos performances.

Yeko : Est-ce que la région de Ségou est prête pour les élections de juillet prochain ?

TBC : Nous les administrateurs on est prêt pour l’organisation des élections même si le délai parait très cours (juillet). Je me demande pourquoi les gens sont inquiets. Un travail préalable avait été fait avant le coup d’état. Le seul changement demeure le fichier biométrique. D’ailleurs les préfets viennent de boucler une session de formation à Bamako à cet effet. Je dis et je le répète Ségou est prêt pour l’organisation des élections en juillet car tout est déjà en place.

Yeko : Quels messages avez vous pour les populations ?

TBC : c’est vrai aujourd’hui notre pays a été libéré des narco trafiquants mais, il reste un autre défi qui est les élections je voudrais inviter l’ensemble des acteurs politiques l’ensemble de la population à suivre de très près les élections à venir. Je viens de dire que nous les administrateurs sont prêts. Aux acteurs de jouer leur rôle pour rehausser au tant que possible le taux de participation afin que le président élu soit crédible et reconnu de tous.

La campagne agricole va démarrer bientôt.  Dans un mois au niveau de la région  nous allons avoir les premières pluies Je demande aux producteurs de se mettre déjà à la tâche. Si on arrive avoir une bonne production comme cette année notre pays est sauvé et je l’espère bien.

                                                                                         Propos recueillis par

                                                                                          Daouda Coulibaly

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