Soumaïla diakite, président de la COPROCUMA : « L’agriculture n’est plus un métier à banaliser »

0

A la suite de  l’atelier de formation du 14 au 16 mai 2012 des producteurs de la COPROCUMA à Bougouni sur l’assurance-récolte, en partenariat avec Planet Guaranntee,  nous avons approché le président de la coprocuma pour d’amples informations. Selon lui, la signature d’une convention avec Planet Guarantee est une alternative qui permet d’assurer la solvabilité des producteurs. Interview !

Relais : Vous venez de terminer une formation sur l’assurance récolte, avant de rentrer dans les détails, je  voudrais que vous nous présentiez la COPROCUMA.

Soumaïla Diakité : La COPROCUMA est une société coopérative, conçue par ses membres fondateurs pour la production agricole, la commercialisation, l’approvisionnement et les prestations de service des travaux agricoles.  Aujourd’hui, la COPROCUMA couvre 7 cercles et environ 34 communes et compte 5200 producteurs. La COPROCUMA envisage de faire bénéficier 15 000 producteurs de la pension retraite  et de 600 000 producteurs de l’assurance décès dans les cercles de Bougouni, Kolondiéba, Yanfolila et Kangaba.

 

Relais : Dans quel cadre se situe cette formation sur l’assurance récolte ?

S.D : Eu égard à la campagne hivernale passée, nous avons constaté un arrêt précoce des précipitations. Ce qui a entraîné un manque à gagner terrible du point de vue de la production agricole et en termes de gain pour les producteurs ruraux. Donc, en vue de trouver  des palliatifs à de tels cas, il  nous est venu à l’idée de chercher à assurer les récoltes en cas de sécheresse.

C’est ce qui nous a valu la signature d’une convention avec Planet Guarantee pour assurer les récoltes en cas d’arrêt précoce de la pluie ou en cas de mauvaise répartition de la pluviométrie.

 

Relais : Pouvons-nous connaître le nombre de producteurs de la COPROCUMA victimes de l’arrêt précoce des pluies ?

S.D : Sans être très précis sur le nombre, je peux dire que les 4/5 de nos producteurs ont tous eu des déficits céréaliers ou des déficits en produits commerciaux exportables.

Donc, il n’y a qu’à peu près les zones situées au sud-est de Bougouni, Kolondièba et Yanfolila, qui sont sorties excédentaires.

 

Relais : Est-ce que des mesures d’accompagnement sont prises par la COPROCUMA pour la campagne 2012-13 ?

SD : Bien sûr, la signature d’une convention avec Planet Guarantee va dans se sens. C’est à notre point de vue la seule alternative qui permet d’assurer la solvabilité des producteurs.

 

Relais : Pourquoi avez-vous choisi le maïs comme culture à assurer parmi les autres ?

SD : Parce que généralement, le maïs constitue la céréale de base sur le plan alimentaire dans les cercles de Bougouni, Kolondièba et Yanfolila. En termes d’exploitation, compte tenu  des types de sol dont nous disposons, on peut dire que majoritairement les superficies allouées à la culture du maïs sont supérieures aux autres cultures. Donc, une culture céréalière qui est la locomotive des autres, si on doit assurer les récoltes mieux vaut commencer avec cela. Ça a été un choix proportionnel vue sa place que le maïs occupe dans le giron de la production céréalière dans les trois cercles.

 

Relais : Quels conseils prodiguez-vous aux producteurs afin que les objectifs soient atteints ?

 SD : Aux membres de la coopérative, je dis que l’agriculture n’est plus un métier qu’on doit banaliser. Elle mérite d’être prise avec sérieux, et même les pouvoirs publics doivent participer  à formaliser le cadre de la production agricole pour que le producteur apprenne à planifier, à connaître, et avoir une ambition non seulement pour la production, mais aussi pour rendement. Parce que la production et le rendement doivent être proportionnellement liés. C’est dans ce sens que nous avons eu des ratios de coût à l’hectare. On a à peu près 370 000FCFA comme charge minimale à l’hectare. Comme ratio de production nous voulons que les producteurs dépassent les 7 à 8 tonnes de maïs à l’hectare. Pour le sorgho nous avons les variétés qui peuvent nous permettre d’avoir 5 à 6 tonnes à l’hectare. Donc, nous pensons qu’en mettant l’accent sur une politique de productivité, il va falloir chercher à équiper les producteurs, à trouver une source d’équipement.

Nous avons pris des dispositions pour  diminuer le sous équipement, améliorer le standing en machinerie, c’est-à-dire pour améliorer  substantiellement le ratio de production à l’hectare.

Relais : Avez-vous un mot de la fin ?

SD : Nous voudrons que le paysan se réveille. Que le paysan sache qu’il y a lieu de ne plus être adepte de ces techniques ancestrales de culture. Qu’il y a lieu d’être ambitieux, de planifier les productions chaque année. Il doit se dire que si j’atteins 2 tonnes à l’hectare cette année, l’année prochaine il faut que j’atteigne 6 à 7 tonnes. Compte tenu de la progression de la démographie, il faudrait, pour quitter le seuil de la précarité, que les rendements soient proportionnels à cette démographie.

Si le rendement ne suit pas cette progression démographique, il y aura forcement la famine chez nous. Nous voulons que dans les années à venir  nous puissions avoir la souveraineté alimentaire, mais pas seulement l’autosuffisance alimentaire. C’est-à-dire que le paysan puisse avoir bonan-malan la nourriture de deux années consécutives dans une seule récolte. De ce fait, même en cas de sécheresse, les populations seront à l’abri de la famine. C’est ça notre premier objectif.

Une fois que cet objectif est atteint nous allons faire une projection pour d’autres.

Seydou KONE

 

Commentaires via Facebook :