Soumaïla Coulibaly, président de l’Association Vaincre le Bégaiement : « Le bégaiement n’est plus un tabou au Mali et les personnes qui en souffrent sont de plus en plus épanouies »

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A l’occasion de la Journée mondiale du bégaiement, nous avons interrogé le président de l’Association Vaincre le Bégaiement (AVB). Soumaïla Coulibaly s’exprime sur la situation des personnes vivantes avec le bègue au Mali. Il nous parle de l’importance de la journée du 22 octobre. Interview !

Le Rayon : Quelle est la situation des personnes bègues au Mali ?

Soumaïla Coulibaly : Le bégaiement est un trouble du langage qui affecte le rythme de la parole et touche beaucoup de personnes, soit 1% de la population mondiale. Au Mali, la situation des personnes bègues n’est pas différente de celle des autres personnes vivantes en situation d’handicap. En effet, on constate l’engagement de l’AVB sur le terrain pour la promotion des droits des personnes bègues et pour les aider à relever le défi que leur impose le bégaiement. A travers cette Association, les personnes bègues au Mali ont un espace d’échange, de communication. Un cadre dans lequel ils trouveront des solutions à leurs préoccupations afin de garantir leur épanouissement. Le bégaiement n’est plus un tabou au Mali et les personnes qui en souffrent sont de plus en plus épanouies et valeureuses, grâce aux multiples efforts de l’Association. Il y a la honte que provoque le bégaiement chez les personnes bègues elle-même. On constate beaucoup de problèmes dans le milieu scolaire. Les élèves bègues sont souvent victimes de raillerie et de mépris venant et parfois des enseignants et des élèves aussi. Les problèmes liés à la recherche d’emploi, l’intégration économique sont multiples et variés chez les personnes bègues.

Sur la prise en charge médicale du bégaiement, beaucoup reste à faire. Il s’agit de former d’avantages d’orthophonistes ; créer des centres spécialisés de prise en charge du bégaiement ; créer des unités de prise en charge dans les hôpitaux et centres de références. Au Mali, les personnes bègues ont besoin encore de beaucoup de soutiens et d’assistance.

Que représente le 22 octobre pour vous ?

Soumaïla Coulibaly : Le 22 octobre est consacré Journée mondiale du Bégaiement à travers le monde. Une occasion pour les personnes bègues de se retrouver, d’échanger, d’évaluer les situations leur concernant. Une opportunité pour les scientifiques et thérapeutes de présenter les avancés réaliser dans la recherche de solution. L’année 2018 consacre le 21ème anniversaire au niveau mondial, et 13ème de l’Association Vaincre le Bégaiement au Mali. Le thème de cette année est : « Exprime-toi ». C’est un thème très évocateur. En effet, le bégaiement ne doit pas être un frein à notre communication. La personne bègue doit surpasser son handicap, les préjugés et être une personne à part entière.

Que doit faire l’Etat ?

Soumaïla Coulibaly : Aujourd’hui, l’Etat doit mettre beaucoup d’accent sur la prévention et le dépistage précoce du bégaiement. L’Etat doit d’avantage investir dans la formation des orthophonistes (thérapeute du bégaiement), aller vers la création de centres spécialisés dans la prise en charge du bégaiement, créer des unités de prise en charge du bégaiement dans les hôpitaux et les centre de santé de référence partout au Mali. Il s’agit aussi d’accompagner l’AVB dans sa mission de sensibilisation et veiller à la promotion et la protection des droits des personnes bègues et garantir leur épanouissement socioéconomique.

Avez-vous un appel à lancer à la population et aux personnes vivantes avec les bégaiements?

Soumaïla Coulibaly : J’invite toutes les personnes bègues à se lever et prendre en main leur destin car le bégaiement n’est pas une fatalité et qu’elle peut surpasser leur difficulté et vivre dignement. Aux parents de bègues et la population entière, le bégaiement ne saurait être un obstacle à la vie en société, les personnes bègues ne sont pas différentes des autres et ont droits aux mêmes égards que les autres. Pour lui, le bégaiement n’est pas une fatalité, ensemble nous vaincrons.

Propos recueillis par Kantran Famodi

Source : Le Rayon

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