Soleil d’Afrique au Canada Oumar Tall : Président du Conseil des Maliens du Canada Rassembler, unir, travailler…

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Par vocation, il est un rassembleur et un meneur d’hommes. Ce jeune homme, Oumar Tall, ou  Abba pour les intimes, dirige la  communauté malienne résidant au Canada, de manière bénévole,  avec intelligence et entregent fascinants. Option l’a rencontré pour vous…

 

Option : Vous êtes le président du CME Conseil des maliens de l’extérieur au Canada. Peut-on parler d’abord de votre formation scolaire et professionnelle?

 

Oumar Tall : Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de m’adresser à vos lectrices et lecteurs, un grand honneur pour moi. Pour revenir à votre question je suis informaticien. J’ai fait des études d’Analyste-programmeur au CEFIB à Bamako et de Génie Logiciel à l’UQAM et la Télé-Université (Montréal). J’ai aussi fait des attestations notamment en comptabilité et en gestion d’entreprises pour les besoins de ma profession. J’ai exercé le métier d’informaticien pendant six (6) ans au Mali avant d’émigrer au Canada avec ma femme où je continue d’exercer le même métier.

   

Option : Vous êtes un Tall originaire de quelle localité ?

 

Oumar Tall : Je suis originaire de Mopti, la Venise malienne dit-on

 Je suis marié et père d’un garçon et d’une fille : Madani et Madina Tall.

 

Option : Combien de maliens résident au Canada. Comment le bureau du CME est composé et quels sont ses principaux devoirs envers ses membres ?

 

Oumar Tall : Au Canada, les Maliens sont évalués, approximativement, à 3 000 âmes dont plus de la moitié se trouve à Montréal à cause de la langue qui est le français. Le bureau du CME Canada est formé de dix sept (17) membres établis à travers le Canada. Ils sont tous bénévoles sans exception.

CME Canada est une structure fédérative des différentes associations et organisations de Maliennes et de Maliens du Canada.

Les objectifs de CME Canada, conformément à ceux fixés par le HCME (Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur) sont, entre autres :  promouvoir une image de marque du Mali en appui aux efforts déployés par le Gouvernement à travers les missions diplomatiques et consulaires; encourager les ressortissants Maliens à participer plus activement au développement économique, environnemental, social et culturel du pays d’origine; porter assistance et soutien aux membres de la communauté Malienne; susciter des actions sociales susceptibles d’améliorer les conditions de vie des membres de la communauté malienne; participer aux côtés de l’État à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique adéquate de retour des Maliens de l’Extérieur au pays;

 

Option : Quels genres de relations entretenez-vous avec les autorités maliennes et canadiennes?

 

Oumar Tall : Par rapport aux autorités Maliennes, notre principal interlocuteur est l’Ambassade du Mali à Ottawa qui représente les autorités Maliennes au Canada. Nous collaborons pour mobiliser la communauté et diffuser certaines informations officielles du Mali surtout celles concernant les Maliens de l’Extérieur. Par rapport aux autorités Canadiennes, CME Canada est enregistré et reconnu comme organisme à but non lucratif comme il en existe plusieurs au Canada. Nous sommes, souvent, consultés par d’autres organismes sur la vie communautaire des Maliens d’ici.

   

Option : Quelle est la durée du mandat et les conditions d’éligibilité des membres du bureau du CME Canada?

 

Oumar Tall :   Conformément aux statuts et règlements du HCME qui est notre structure mère, la durée du mandat est de 5 ans renouvelable une seule fois.

Est éligible aux instances de CME Canada et du HCME, tout détenteur de la carte du HCME.

 

Option : Quels avantages procure la détention de la carte de membre par un adhérent ?

 

Oumar Tall : De mon point de vue, payer sa carte de membre, c’est d’abord tout et avant tout faire preuve d’appartenance à un groupe. Le prix de la carte de membre est comme une cotisation de soutien aux actions d’une association pour son fonctionnement. Dans notre cas les frais de fonctionnement sont très bas car les membres du bureau prennent la plupart des charges sur eux-mêmes. Pour revenir à votre question proprement dites : les détenteurs de la carte seront prioritaires pour toute chose mise à la disposition du CME Canada ou du HCME. La carte de membre du HCME couplée avec une carte consulaire permettent au détenteur d’aller au Mali sans Visa lorsqu’il voyage avec un passeport Canadien. La Carte du HCME permet aussi de bénéficier d’avantages fiscaux lorsque vous êtes porteur d’un projet vers le Mali. Le nouveau code d’investissement du Mali est très incitatif et encourage le retour de nos nationaux porteurs de projets.

 

Option : Depuis quand êtes-vous au Canada et quel y est votre statut ? Est-ce que les maliens qui n’ont que le statut d’étudiant au Canada peuvent être membres du CME Canada ?  

 

Oumar Tall : Je suis arrivé au Canada en 1997 avec ma femme comme immigrants reçus. Et tenez-vous bien quelques mois après c’était la tempête du verglas (éclat de rires). Oh non je ne voudrais pas revenir sur ce triste souvenir de grand froid et de neige qui a fait perdre au sahélien que je suis tout son latin … Ces moments difficiles de nouveaux arrivants sont passés maintenant on s’adapte et s’intègre à la nouvelle société d’accueil. En ce moment je suis Malien mais aussi citoyen Canadien car le Mali et le Canada acceptent le principe de la double citoyenneté.

Pour répondre à la deuxième partie de votre question, que oui, les étudiants sont des Maliens de l’extérieur. Me référent à l’article 5 du HCME ci-dessous, je ne vois pas leur exclusion.

Article 5 : des statuts du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME) Au titre des présents statuts, est Malien de l’Extérieur, tout ressortissant Malien ayant une résidence permanente à l’extérieur, immatriculé au niveau d’une mission diplomatique et / ou Consulaire, détenteur de la carte d’identité consulaire et / ou  d’un titre de séjour en cours de validité du pays de résidence.

Option : Êtes-vous dans la dynamique de reconstitution des structures associatives maliennes des grandes villes comme Montréal ?

 

Oumar Tall : CME Canada, lors d’une de ses réunions, a pris une résolution sur le cas spécifique de Montréal où nous avons un nombre assez élevé (les documents font foi). Les membres du bureau qui étaient chargés de chercher une salle ont fait défaut. Après on en a plus parlé.

C’est le lieu de vous dire que tout n’est pas rose au Conseil. Le Conseil est caractérisé par une très grande lourdeur administrative sans oublier l’absentéisme et le manque de suivi de certains dossiers confiés à ses administrateurs.

Nous comptons pouvoir installer le bureau de Montréal avant la fin de notre mandat mais je vous rappelle que l’ancien bureau l’AMGM (Association des Maliens du Grand Montréal), par deux fois, a convoqué une assemblée générale pour renouveler son bureau mais sans succès. Pas un chat ! Personne n’est venu !

 

Personnellement, je pense que le désintérêt des Maliens par rapport aux structures associatives est que 90% des Maliens du Canada sont soit résident permanent, soit citoyen Canadien. Chacun a son boulot, son appartement et ne veut pas être dérangé, permettez-moi ce terme, sinon comment comprendre que l’AMGM puisse faire une AG par deux fois et que personne ne se présente quand bien même l’information est passée des semaines avant ? En France, il y’a près de 300 associations de Maliens. La région Parisienne seulement en compte près de 80. Là bas, les AG de nos ressortissants font salle comble.

Je voudrais profiter de cette tribune pour lancer un vibrant appel aux Maliens de Montréal, en particulier, d’accepter de prendre un peu de leur temps pour répondre aux AG car c’est ensemble que nous pourrions faire quelque chose. C’est ensemble que nous pourrions prendre notre place au Canada. Où est ce que nous faisons nos fêtes ? Dans les centres culturels Libanais, Grecs ou Italiens, ……

 

Option : Pouvez-vous nous citer quelques réalisations de CME Canada de sa création à maintenant ?

 

Oumar Tall : Notre mandat n’est pas encore fini, il reste deux ans.  Je ne saurai parler de nos grandes réalisations sans remercier son Excellence Amadou Toumani Touré et le gouvernement Malien. A notre tout début, nous avons demandé essentiellement 2 choses au Président de la République lors de son passage ici à Québec dans le cadre de la francophonie : l’ORTM et le problème d’acquisition de logements au Mali.

Tenez-vous bien, trois mois après le signal de l’ORTM était disponible partout en Amérique du Nord. Et six mois après, le Canada abritait le premier Salon de l’Habitat du Mali organisé en dehors du pays. Mme le Ministre de l’habitat était là, les banques étaient fortement représentées à un très haut niveau, des agences immobilières, bref tous les intervenants de l’habitat au Mali étaient représentés. Maintenant que les contacts sont noués, le processus continue. Nous sommes en train d’accompagner la caisse Desjardins de Rosemont-Mercier et de sa sœur jumelle la caisse Nyèsigiso de Bamako centre, un partenariat très fécond en perspective. Il y’a eu plusieurs rencontres entre nous et ces deux structures financières. Nous avons mis en place le Point Focal du Canada, le Doyen  Lansénou Keita, pour mieux encadrer le TOKTEN au Canada. Il fait bien ce travail et nous tenons à le féliciter. Aujourd’hui, le Canada est cité comme leader dans le programme Token du Mali ce qui nous a valu, l’Été passé, de la visite des responsables de ce programme au Canada mais aussi de la visite de Monsieur le Ministre des Maliens de l’Extérieur dans le cadre du Forum de la Diaspora Intellectuelle Scientifique et Technique.

 

Option : Je pense qu’aucune structure dirigeante de la communauté malienne au Canada n’a été aussi performante que la vôtre, comment êtes vous parvenus à ces réalisations en peu de temps ?

 

Oumar Tall : Il s’agit d’un travail d’équipe car une seule personne ne peut pas faire grand-chose dans un travail communautaire comme pour reprendre ce proverbe de chez-nous « un seul doigt ne peut prendre le caillou ». Chacun doit jouer sa partition. Cependant tout n’est pas rose au Conseil. Il existe un absentéisme chronique aux réunions du Conseil. C’est toujours les mêmes qui assistent aux réunions et il me plaît de les citer dans vos colonnes : Me Salif Sangaré (Montréal), Demba Diallo (Montréal), Oumar Ongoiba (Toronto), Mme Fatoumata Bintou Keita (Missassauga), Mme Mariame Cissé (Sherbrooke). Les PV en font foi.

Nous ne sommes pas encore à l’heure du bilan mais, à mon humble avis, nous pourrions faire mieux si nous avions eu plus d’adhésion des Maliens au Conseil. La carte de membre n’est pas chère et ne coûte que 60$ pour les cinq ans. Je voudrais profiter de votre tribune pour remercier, vivement, tous ceux qui ont pris leur carte de membre ainsi que tous ceux qui nous soutiennent par leurs encouragements et leur sourire. Je voudrais remercier aussi certains membres d’honneur qui nous donnent de bons contacts entre autres. N’oubliez pas qu’au Canada certains de nos compatriotes occupent de grands postes et cela dans presque tous les domaines de la vie pratique. Si bien que leur emploi du temps est très chargé mais ils nous appellent et nous donnent des idées et souvent de très bons contacts que nous exploitons. Qu’ils trouvent l’expression de nos sincères remerciements.

Il y’a eu, certes, quelques « coups de gueule » dans cette interview, je m’en excuse auprès des aînés mais pas auprès des cadets (éclat de rire). Je pense, tout simplement, qu’en tant que votre président, je peux me permettre de vous parler ainsi, à cœur ouvert, afin que nous puissions trouver la meilleure solution pour les Maliens d’ici mais aussi pour le Mali. Vous savez bien comme moi Mr Diawara que le Mali est très riche de sa diaspora. En conclusion, c’est le Cinquantenaire du Mali. Je n’ai pas connu l’administration, de feu Modibo Keita, premier président du Mali indépendant mais j’ai lu et aimé certains de ces dires dont : FASO BAARA TÈ DIYAGOYA YE, NKA WAJIBI DON. (Traduction littérale : construction d’un pays ne se fait pas par la force mais par nécessité).

Bon Cinquantenaire à Maliba

OPTION

 

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