Sidy Amadou Yattara, responsable des ressources humaines de SAER Emploi : “Il n’y a pas un seul point concret révélé par le Collectif qui peut annuler ou suspendre le recrutement pour la CMDT Holding”

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Suite à notre article : “Recrutement d’agents pour la CMDT-Holding au titre de l’exercice 2022, un Collectif de candidats crie à la magouille et dénonce la société de placement SAER-Emploi”, nous avons été approché par Sidy Amadou Yattara, responsable des ressources humaines de la société SAER qui a tenu à donner sa part de vérité. Dans l’entretien ci-dessous, notre interlocuteur réfute les accusations dudit Collectif tout en soutenant que le test s’est déroulé dans la plus grande transparence.

Aujourd’hui-Mali : Récemment, le Collectif pour la revendication de résultats justes, équitables et transparents du concours de la CMDT (CRRJET) a dénoncé des insuffisances, des irrégularités dans l’organisation de cet examen par la société SAER Emploi. En tant que premier responsable en charge du recrutement à SAER-Emploi, que répondez-vous de ces accusations ?

Sidy Amadou Yattara : Ce genre de test est un processus, ce n’est pas un concours dans lequel le candidat postule et une fois admis, c’est bon. C’est tout un processus, avec plusieurs étapes. Il y a donc des interviews, l’étude des dossiers, ainsi de suite. Effectivement, la CMDT nous a confié, après appel d’offres, le recrutement. Cela fait la 3e année de suite que nous organisons ces recrutements au compte de cette société, notamment des agronomes, des ingénieurs, des techniciens et aussi des industriels (des électromécaniciens, des mécaniciens auto, des maintenanciers, etc.)

Nous sommes habitués à de pareils recrutements. Sans oublier que ce n’est qu’un contrat avec un de nos grands clients, la CMDT, mais nous faisons beaucoup d’autres recrutements dans les mines, pour le compte des sociétés de la place ; juste pour dire qu’à longueur de journée, nous organisons des tests grandeur nature.

Pour en revenir à la CMDT, ce cas nous a été confié, nous avons lancé et publié les annonces, et les gens ont postulé. Il y a eu plus de 2000 candidats pour les deux corps, à savoir, les ingénieurs et les techniciens. 109 candidats étaient des ingénieurs et le reste étaient des techniciens supérieurs et des techniciens. Il y avait 3 centres, à Bamako, Sikasso et Koutiala que j’ai supervisé moi-même.

Dans tous les centres, nous avons fait en sorte qu’il y ait le maximum de personnes pour surveiller, superviser et organiser avec des agents de sécurité. Nous avons été surpris de voir qu’il y a un Collectif qui dénonce l’organisation du test soutenant qu’il y avait des insuffisances. Je peux affirmer que dans la salle 14 de Bamako, quand nous avons distribué les sujets, il y avait quelques sujets qui manquaient mais en un laps de temps le manquant a été complété.

Nous avons travaillé avec le recteur de la Faculté des sciences sociales qui nous a fait les copies qui ont été distribuées. Ce sont des cas qui arrivent souvent dans les examens. La preuve, après nous avons donné la possibilité à ceux qui avaient commencé le traitement des sujets en retard de pouvoir rattraper le temps perdu de 15 à 20 minutes de retard.

A Koutiala, il n’y a pas eu de problème. Ces retards de distribution des sujets n’entachent en rien la crédibilité du processus. Dans le rapport que j’ai reçu, on ne m’a relevé aucun autre cas de manque de sujets. La preuve, dans la salle 14, il y a eu des admis.

Le Collectif s’est aussi appesanti surtout sur le cas de 3 personnes qui ont été retenues au test oral mais qui n’étaient pas dans la salle à l’écrit. Confirmez-vous cela ?

J’ai entendu parler de cela, mais je le nie et je conteste avec vigueur, c’est complètement faux. Je lance un défi à quiconque qui peut m’amener quelqu’un qui est admis au test sans avoir fait le concours. C’est archi faux. Le Collectif a donné des noms dont une certaine Rokia Berthé qui est à Koutiala et qui a fait le concours dans la salle 1 et qui était numéro 22 et que j’ai contactée. Il y a aussi le cas de Kaly Diakité qui était dans la salle 3 à Bamako au numéro de place 450. Ainsi de suite.

Si les membres du collectif m’avaient posé cette question directement le jour où je les ai reçus, ils allaient vite comprendre. En fait, le Collectif s’est basé sur une première liste qui a été publiée le jeudi afin de permettre aux candidats de corriger d’éventuelles erreurs ou omissions, la liste définitive a été publiée le samedi devant chaque salle, le jour du test écrit et les 3 noms cités par le Collectif étaient bien sur la liste définitive.

Pour ce test, nous avons donné la possibilité aux candidats de pouvoir remettre leur dossier à d’autres personnes pour les déposer, ce qui a occasionné beaucoup d’erreurs sur la première liste. La raison même de la publication de la première liste était de pouvoir corriger les erreurs pour que le jour J nous ayons une liste propre. Je pense que le Collectif a la liste finale. D’ailleurs, beaucoup de candidats ont fait la photo des listes avec leur téléphone.

Les membres du Collectif peuvent appeler les personnes concernées qui leur diront dans quelle salle et avec quel numéro elles ont composé. J’ai entendu que ce sont des gens qui ont été ajoutés après. Si ces gens ont été ajoutés après, cela veut dire qu’ils ont des numéros au-delà du dernier chiffre. Donc, ce n’était pas possible. C’est complètement faux, personne n’est admis qui n’ait pas fait l’examen.

Le Collectif vous a rencontré pour exposer un certain nombre de doléances, notamment avoir accès aux notes. Ces notes ont-elles été mises à leur disposition ?

Non ! Quand les membres du Collectif sont arrivés, je les ai reçus et ils m’ont expliqué leur problème. Je leur ai fait savoir que s’ils estiment qu’il y a des manquements ou des incohérences, c’est tout à fait leur droit de vouloir comprendre. Je les ai écoutés et je leur ai dit que s’ils sont de bonne foi, nous allons continuer à vérifier ensemble. Et j’allais chercher les points sur lesquels ils ont des doléances.

Malheureusement, le même jour, j’ai été surpris de voir le document sur les réseaux sociaux. Ce qui m’a déçu et j’ai décidé de ne plus les écouter ; d’ailleurs, ils ne m’ont plus contacté, je pense qu’ils ont décidé d’aller sur Internet pour se faire entendre. Nous avons quand même annoncé que toutes les personnes qui désirent voir leurs notes peuvent venir avec un huissier, les notes sont disponibles à notre siège à l’ACI 2000, cela est toujours d’actualité.  Si les membres nous donnent des preuves tangibles que quelque chose n’a pas marché, il n’y a pas de problème, nous sommes là et très ouverts.

La CMDT est une société responsable qui a le droit de prendre les sanctions qui s’imposent. Mais, j’ai dit que je ne publie pas l’ensemble des résultats, ce qui ne se fait dans un aucun examen. Tout ce qui est test ou concours, seuls les admis sont publiés, en publiant les noms des recalés, je peux faire des mécontents qui peuvent me poursuivre en justice. Donc, toutes les personnes qui veulent voir leurs notes, peuvent venir les voir. Elles peuvent accéder aux notes avec un huissier pour certifier ce qui se passe.

Présentement, où en êtes-vous avec le processus ?

Le processus continue et suit son cours, nous avons d’ailleurs fini avec les oraux. Les résultats vont être affichés très bientôt. Nous n’avons aucun problème. La contestation de quelques non admis ne peut pas remettre en cause un processus de recrutement. Les points qu’ils soulèvent, nous leur donnons les réponses. Nous n’annulons pas un recrutement parce que quelques candidats malheureux protestent, cela n’a aucun sens.

Donc, vous n’adhérez pas à la suspension du processus demandée par le Collectif ?

Entre la publication des résultats du test écrit et l’oral, il était prévu une dizaine de jours. Mais, c’est à cause du Collectif que j’ai moi-même pris du temps pour qu’on puisse vérifier leurs revendications si elles sont de nature à entacher les résultats.

Sincèrement, j’étais prêt à corriger s’il y avait des erreurs. Mais, je me suis rendu compte qu’il n’y a pas un seul point concret révéler par le Collectif qui peut annuler ou suspendre l’examen.

Parmi les admis, il n’y a pas une seule personne que j’estime qu’elle ne devrait pas être admise. Donc, pourquoi annuler le processus de recrutement ? C’est aux membres du Collectif de prouver qu’ils sont admis. S’ils ont des preuves, ils seront ajoutés aux admis. Celui qui te demande d’organiser le test te demande de prendre les 50 premiers, celui qui est 51e ou 52e ou 53e proteste qu’il n’est pas d’accord et exige d’arrêter le processus du recrutement, non, on ne va pas s’en sortir. Qu’est-ce qu’il prouve qu’il est meilleur que les autres ? Avec cela, nous n’allons pas terminer avec l’examen.

Quelle appréciation la CMDT fait-elle de tout ça ?

La CMDT observe de loin. La CMDT nous a confié le recrutement, normalement, elle ne peut plus s’en mêler. Même la correction, certains disent que ce n’est pas normal que les agents de la CMDT corrigent. C’est comme si tu disais qu’il n’est pas normal que les professeurs corrigent les feuilles d’examen. Ce ne sont pas n’importe quels agents de la CMDT qui corrigent les feuilles. Ce sont les ingénieurs de la CMDT qui corrigent. Ceux qui ont fait le concours doivent venir travailler sous les ordres de ces ingénieurs. C’est comme le concours de l’IFM. Ce sont bien des enseignants qui corrigent les feuilles des concours.

Les ingénieurs de la CMDT sont conscients de ce qu’ils font et ont toujours corrigé les feuilles des tests. Et, ce n’est pas la première fois qu’ils corrigent les feuilles. Cela m’étonne que les membres du Collectif contestent la correction. Pour moi, c’est un faux débat.

Voulez-vous donc dire que tout le processus de recrutement s’est déroulé dans la plus grande transparence ?

Sincèrement, je ne vois rien par rapport à ce que le Collectif soulève, ni par rapport à moi-même parce que, s’il y a des constats qui sont soulevés, c’est la crédibilité du SAER qui est en jeu.

Quand nous postulons pour d’autres marchés, nous mettons en référence la crédibilité du SAER qui est une grande société en Afrique et nous voulons gagner plus de parts de marché en Afrique. Donc, nous ne pouvons pas nous compromettre avec un recrutement ; il est vrai que la CMDT est un client important, mais elle est loin d’être notre plus gros client. La SAER-Emploi procède à des recrutements toute l’année et dans plusieurs pays.

Votre mot de la fin surtout à l’endroit des membres du Collectif ?

Nous sommes dans une situation assez tendue au Mali où chaque chose peut être un sujet à polémique. Il faut éviter de décrédibiliser les structures. Avec la multiplication des contestations des résultats, il arrivera un moment où personne ne croira à l’autre car chacun peut aller dénoncer. Et de dénonciation en dénonciation, cela finira par tuer les vrais dénonciateurs ou les vraies dénonciations.

Si à chaque sujet on dénonce et on forme un collectif, finalement le jour où il y aura un vrai sujet, les gens vont dire que ce n’est qu’un collectif de plus. Je pense que c’est très dangereux pour la situation du pays.

Je dirais à ceux qui n’ont pas été admis de continuer à postuler, ils ont encore leur chance. Je connais des gens qui ont fait le test deux fois. C’est à la 3e fois qu’ils ont été admis. Un concours, c’est toujours comme ça. Récemment, il y a eu un concours de l’Armée, il y a eu certains qui ont été admis au concours, d’autres ne l’ont pas eu.

Il y a d’autres domaines de la vie où on peut aller travailler. Donc, c’est le cas. Ayons confiance en nous-mêmes, d’autres recrutements peuvent être faits. Il peut même arriver qu’on demande de prolonger la liste qui peut encore donner la chance à d’autres personnes. Mais, ne jetons pas l’opprobre les uns sur les autres, c’est très malsain.

A la SAER, nous sommes ouverts, nous sommes prêts à recevoir quiconque. Mais, nous ne rentrons pas dans la surenchère.

       Réalisé par Kassoum Théra

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