Selon Martin Ziguelé, président du MLPC : « Les Anti Balaka sont une instrumentalisation politique pour opposer les fils et les filles de la Centrafrique »

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Martin Zeguele
Martin Zeguel

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Martin Ziguélé, je suis Centrafricain, ancien Premier ministre, le dernier du président Ange Felix Patassé, et suis président du parti Mouvement de libération du peuple centrafricain (Mlpc), membre de l’internationale socialiste et, naturellement, du comité Afrique.

Peut-on savoir l’objet de votre présence dans la capitale malienne ?

Comme je vous le disais tantôt, mon parti est membre de l’internationale socialiste. Cette organisation qui regroupe plus de 140 partis sur les cinq continents a des démembrements sur le Continent, le démembrement africain s’appelle le comité Afrique dont mon parti est membre et qui se réunit deux fois par an en Afrique. Et c’est à ce titre que je suis présent à Bamako pour la première réunion du comité Afrique.

Comment se présente la situation dans votre pays en ce moment ?

C’est vrai, depuis décembre 2012, une coalition de mouvements de rébellion politico-militaire s’est emparée très rapidement de la quasi-totalité de notre pays. A la différence notable de celle du Mali, ils ont réussi à prendre le pouvoir d’Etat. Et cela s’est passé moins de trois mois après la réunion de Libreville au Gabon où nous avions décidé d’une transition consensuelle. Et cette prise de pouvoir, a été malheureusement suivie de beaucoup d’exactions sur les populations civiles. Et cela s’est aggravée par la parution, en décembre 2014,  d’un autre mouvement de rébellion appelé cette fois-ci les Anti Balaka, qui ont donné un aspect  que d’aucuns ont qualifié de confessionnelle, que moi j’appelle de l’instrumentalisation politique pour opposer les fils et les filles de ce pays entre eux, sur des bases confessionnelles, régionales et subjectives hautement condamnables. Et cette situation a entrainé d’abord l’intervention rigoureuse des forces de la communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (Mucopax). La Mucopax étant dépassée par les évènements, parce que le pays fait 624000 Km2, donc à peu près la moitié du Mali, avec 4 millions d’habitants. Et dissimulées partout dans le pays, les forces de la Mucopax ont réussi à éviter une crise ouverte, mais elles ne peuvent pas permettre une réelle stabilisation de la situation. C’est comme cela que l’Union Africaine a pris le relais avec la force de la Misca. Mais devant les difficultés de la Misca, on a fait appel à la Minusca. Avant l’arrivée de la Minusca, l’intervention de la force française Sangaris a permis de calmer la situation avant que la Minusca se déploie dans le pays depuis décembre 2014 à Bangui. Mais, depuis deux mois, même s’il y a des explosions de violence dans le pays de façon circonstancielle, il y a l’accalmie dans le pays dans l’ensemble. Car le gouvernement contrôle la quasi-totalité du pays, l’administration s’est rétablie dans une grande partie du pays, mais il faut reconnaitre que la situation sécuritaire reste difficile car nous ne sommes pas encore revenus d’avant la crise où l’administration était présente à 100% dans le pays, les forces armées et de sécurité ont disparu après la crise, car disloquées, et c’est maintenant qu’il y a une opération de reconstruction graduelle, laborieuse et difficile des forces armées, mais la situation reste difficile.

Quel regard portez-vous sur l’équipe dirigeante de la transition dans votre pays ?

Vous savez, quand il y a transition, c’est que la normalité a échoué, et aussi que la RCA est à genou, affaiblie, il serait présomptueux d’attendre d’un régime de transition, quel qu’il soit, le salut. Donc le gouvernement éprouve de grandes difficultés à rétablir l’ordre et la sécurité, mais ce qui est important pour nous qui sommes démocrates, c’est de soutenir ce processus de transition à qui on peut reprocher beaucoup de choses, mais il faut soutenir ce processus de transition car on n’a pas le choix. Et il faut faire en sorte que  le pays ne fasse pas une rechute. Et que nous allions résolument vers les élections, c’est fort de cela que mon parti, le Mlpc soutient le processus de dialogue qui va aboutir au forum prévu du 27 au 2 novembre. Car des hommes et des femmes meurent et souffrent, avec plus d’un million de déplacés internes et 420 mille refugiés à l’étranger sans ressources avec des problèmes humanitaires immenses.

Avez-vous confiance en la médiation ?

Nous Centrafricains, quand nous avons connu la crise avons appelé à cors et à cris, la médiation d’abord de nos pays frères de l’Afrique centrale, dans le cadre de la CEEAC, et après de l’Union Africaine et par la suite celle de la communauté internationale via les Nations unies. Et en tant que responsables politiques, on ne peut pas demander quelque chose et vouloir son contraire, nous soutenons les efforts de la médiation. La médiation est une œuvre humaine, elle est à parfaire, elle peut à un moment bégayer, mais il faut soutenir la médiation car ce sont les médicaments que nous devons prendre pour guérir de ce mal profond.

Seriez-vous candidat à l’élection présidentielle à venir en Centrafrique ?

Oui, c’est le congrès extraordinaire de mon parti qui m’a désigné le 22 novembre 2014 à Bangui, comme son candidat à l’élection présidentielle et législative couplées, prévues au mois de juin et juillet de cette année. Et c’est pour la troisième fois que le parti me fait cet honneur. Je vous rappelle que j’ai été candidat en 2005 et 2011 où nous avons refusé de reconnaitre les résultats de cette élection, parce que c’était un monument de fraudes, et aujourd’hui, pour mettre fin à cette transition, le parti m’a désigné pour la troisième fois pour défendre ses couleurs. La quintessence de mon programme est très simple. Ce sont les trois « R ». C’est-à-dire réconciliation, rassemblement et reconstruction.

Interview réalisée par Paul N’GUESSAN

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