Salif Kéïta à propos de son concert de fin d’année 2014 : «La fête sera placée sous le signe de la paix et la réconciliation nationale»

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Rencontre avec le Rossignol de la musique malienne, Salif Keita : "Je ne serai jamais d'accord avec la partition du Mali "
Salif Keita

L’artiste malien de renommée internationale Salif Kéïta prépare activement son show de fin d’année. Un événement qui aura lieu cette année, pour la première fois, sur son île Diataland au bord du fleuve à Kalaban Coro. Il placera cette fête musicale sous le signe de la paix et de la réconciliation nationale. Et il y aura comme  invité, le couple présidentiel du Mali. L’information a été révélée à la presse en début du mois de décembre par l’artiste lui-même dans le jardin de son hôtel, le Mouffou.

 

Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, en marge de cette conférence de presse, «le cheval blanc de la musique malienne» (Salif Kéïta) nous parle de l’état d’organisation de son concert du 31 décembre prochain, de sa récente tournée africaine et se prononce sur les questions d’actualité dans notre pays.

 

Le Reporter Mag : Pourquoi Diataland cette année ?

 

Le choix de Diataland s’explique par le fait qu’il y a un manque de place au Mouffou lors de mes concerts de fin d’année. Et chaque fois qu’on organise une soirée au Mouffou, les gens se plaignent du manque de place. C’’est pourquoi cette année, on a voulu déplacer ce concert à Diataland. Aussi, il faut montrer aux Maliens qu’il y a des endroits au Mali qui sont romantiques. C’est pourquoi j’ai invité mes amis : Haïra Arby, Baba Sala, Oumou Sangaré et le magicien Anderson, pour venir fêter avec moi à Diataland. La fête sera placée sous le signe de la paix et de la réconciliation nationale, avec comme marraine la Première dame et IBK sera certainement de la partie.

 

Parlez-nous de votre récente tournée africaine ?

 

Cette tournée africaine m’a conduit en Afrique du Sud, au Mozambique et en Namibie. Dans tous ces pays où je suis passé, les gens aiment beaucoup la musique malienne. Ce qui m’a beaucoup marqué pendant cette tournée, c’est que je me suis rendu compte que la musique malienne est très supportée en Afrique de l’Est. J’ai été surpris de voir des Mozambicains, des Namibiens chanter mes chansons. Car ce n’est pas évident que d’autres pays, qui ne comprennent pas bamanan, chantent une chanson du Mali.

 

Qu’est-ce qui explique qu’on vous voit rarement sur scène au Mali ?

 

C’est vrai que je ne joue pas au Mali ou je joue une fois par an. Tout simplement parce que, bien que le Mali soit un pays culturel très reconnu, les autorités maliennes ne se sont pas dit un jour qu’il faut doter le pays d’instruments capables de servir de grands groupes du monde. C’est pourquoi il y a peu de ces grands groupes qui viennent ici, parce qu’il n’y a pas d’instruments. Ce qui tient à cœur à un musicien, c’est le matériel. Ça fait des dizaines d’années que le Mali, au niveau de la compétition mondiale, est devant tout le monde dans le domaine des orchestres et des groupes. Il n’y a pas de pays que les artistes maliens n’ont pas fait. Mais avec tout ça, il n’y a pas d’instruments au Mali. S’il y a un grand concert, il faut aller au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou en Guinée pour amener les instruments. Je suis d’accord pour jouer gratuitement. J’adore les Maliens, mais je refuse de jouer avec du matériel qui ne peut pas me servir. C’est à cause de ça que je ne joue pas ici. Ce n’est pas pour autre chose, c’est tout simplement parce que le ministère malien de la Culture doit avoir les instruments nécessaires pour mettre les musiciens à l’aise.

 

En tant qu’artiste, quel est votre regard sur les pourparlers d’Alger entre le gouvernement et les groupes armées ? 

 

Je ne suis pas un politicien, mais je suis un Malien. Je crois que le gouvernement doit signer un texte qui puisse mettre le peuple malien dans ses droits de dignité et d’intégrité territoriale. Je demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour respecter la dignité, l’intérêt supérieur du peuple malien. En outre, il faut que le Malien soit fier de son armée. Il faut mettre l’armée dans les conditions pour qu’elle soit forte. C’est dans ce cadre que le gouvernement doit travailler, car les Maliens sont indignés par le problème du Nord. Ils ne veulent pas que le pays soit partagé.

 

Quel message avez-vous à lancer à vos compatriotes à propos du virus Ebola ?

 

Il faut suivre les conseils d’hygiène donnés par les spécialistes parce qu’il n’y a pas encore de médicaments pour Ebola. Je demande aux uns et aux autres de se déclarer rapidement, s’ils ont les symptômes de la maladie. C’est à travers ça que nous pouvons lutter contre cette maladie à virus Ebola.

 

Quel bilan tirez-vous de l’an I d’IBK au pouvoir ?

 

Je ne tire pas un bilan après une année de gouvernance d’un président de la République, parce que la politique, c’est un travail de fond. Je ne pense pas que le Bon Dieu puisse se tromper en nous choisissant un mauvais président. On peut se tromper en tant qu’être humain, mais pas le Bon Dieu. Donc, moi, j’ai confiance en IBK et je crois que c’est l’homme du consensus.

 

Qu’avez-vous à dire en guise de conclusion ?

 

Je remercie la presse pour avoir répondu massivement à mon invitation. Je pense que concernant la paix et la réconciliation nationale, chaque Malien doit jouer sa partition. Et je pense aussi que nous allons bientôt célébrer cette paix au Mali.

Alhousseini TOURE

 

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