«Comment lutter plus efficacement contre le crime organisé, la piraterie dans le golfe de Guinée et le trafic de drogue ?» C’était le thème de la conférence régionale de haut niveau des donateurs qui s’est tenue, le lundi 28 octobre 2013, à Abidjan pour soutenir les Etats de la Cédéao concernés. L’accent a été mis sur la nécessaire coopération de tous, au niveau régional, mais aussi international comme l’explique Saïd Djinnit, le chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest au micro Marie-Pierre Olphand.
RFI : Quelles mesures doivent être mise en place pour lutter contre le crime organisé en Afrique de l’Ouest ?
Saïd Djinnit : Les Etats eux-mêmes, qui doivent exercer leur pleine souveraineté, y compris la sécurité, doivent prendre les dispositions et renforcer leurs moyens de capacité, leur législation pour faire face à cette menace. Mais les Etats de l’Afrique de l’Ouest doivent travailler ensemble, parce que seul personne ne peut faire face à ce fléau. Et ensuite il y a besoin d’un plus grand accompagnement de la communauté internationale pour que, ensemble, ils puissent se confronter à ce fléau qui affecte non seulement les pays ouest-africains et les Sahéliens, mais aussi la communauté internationale dans son ensemble.
Quand vous parlez d’accompagnement c’est financier, c’est de l’expertise ?
Evidemment, l’expertise est requise et nécessaire. Il y a une assistance technique qui est attendue, il y a aussi une assistance financière, évidemment. Nous souhaitons que ce soutien soit systématique et qu’il passe par des mécanismes dans lesquels tout le monde se retrouve.
Un des projets soumis aux bailleurs de fonds est le projet Waci (Initiative de la côte ouest-africaine) qui comprend en particulier la création d’unités de lutte contre la criminalité transnationale. De quoi s’agit-il ?
Au cœur de ce dispositif il y a des unités de lutte contre la criminalité transnationale qui sont établies dans cinq pays. Nous avons jusqu’à présent établi les unités au Sierra Leone, Libéria, et aussi en Guinée-Bissau, mais malheureusement elle n’a pas pu fonctionner efficacement. Maintenant, nous souhaitons mettre en place ces unités en Guinée et en Côte d’Ivoire, pour que ces unités dotées de pouvoirs assez larges, puissent lutter efficacement contre la criminalité organisée.
Une unité correspond à quoi précisément ?
C’est une équipe qui est tirée de la plupart des agences de sécurité. Ça peut être la douane, la sécurité, la police, la gendarmerie… Et elles sont dirigées par un responsable qui a un mandat spécifique à l’échelle de tout le territoire national. Donc ce sont des super équipes qui peuvent intervenir sur l’ensemble du territoire national et qui ont comme mentor, donc le système des Nations unies et Interpol, qui les soutiennent techniquement et financièrement, pour qu’elles fassent leur travail dans des conditions d’efficacité très grandes.
Par Marie-Pierre Olphand / rfi.fr