Sadio Lamine Sow, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale : «Notre gouvernement aime trop la paix pour ne pas préparer la guerre» : «Il n’y aura ni indépendance, ni fédération, ni autonomie»

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«Je voudrais demander à nos responsables politiques d’observer une trêve dans la campagne électorale permanente que connaît notre pays depuis vingt ans, de réaliser pour une fois l’union sacrée autour d’un gouvernement dont aucun des membres n’a d’agenda politique personnel, de consacrer leur énergie au seul combat qui vaille et qui grandit aujourd’hui : la restauration pleine et entière de l’intégrité territoriale. » Ces extraits de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder en disent long sur Sadio Lamine Sow, ministre d’Etat, actuel ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Un homme (voir son portrait) qui a beaucoup d’atouts pour donner une nouvelle âme à la diplomatie malienne, surtout en ces temps de crise.

On peut difficilement parler du bilan d’un gouvernement qui n’a seulement que deux mois d’existence. Quelle est votre principale satisfaction depuis votre arrivée à la tête de la diplomatie malienne ?
Sans hésiter je dirais la satisfaction d’avoir trouvé au département une équipe mobilisée et enthousiaste, prête à relever le défi que constitue sa mission dans cette situation exceptionnelle que vit notre pays. J’ai trouvé un personnel qui a accepté de continuer à travailler dans des conditions rendues encore plus difficiles du fait des pillages consécutifs aux événements du 22 mars.
Le ministère a été dévasté, les portes éventrées, les ordinateurs ont tous disparu, des archives disloquées, des coffres éventrés. Malgré tout le personnel, à quelque niveau que ce soit, est resté debout, conscient que c’est peut-être par son travail que se joue une grande partie de l’avenir du pays. Je le dis sans prosélytisme car le ministère des Affaires étrangères doit être le reflet d’un pays qui ne plie pas.

Il existe une confusion réelle entre le rôle dévolu au Premier ministre de pleins pouvoirs et celui de ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères que vous êtes. Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs quelles sont vos principales missions ?
Il ne peut y avoir de confusion. Le Premier ministre est le chef du gouvernement, l’Accord-Cadre signé entre notre pays et la Cedeao lui donne en plus les pleins pouvoirs. Le ministre d’Etat n’est qu’un primus inter pare (ndlr, le premier parmi les pairs). Les Affaires étrangères sont l’un des domaines réservés du Chef de l’Etat, même s’il est momentanément éloigné du pays pour des raisons que vous connaissez. C’est lui qui définit nos missions en accord avec le Premier ministre et, pour la circonstance, avec pour cadre les deux objectifs de la Transition : le rétablissement de la souveraineté sur l’ensemble de notre territoire et l’organisation d’élections libres, incontestables et démocratiques. Disons, pour emprunter un terme bien imagé, j’agis sur commission rogatoire de ces deux chefs d’institution. Permettez-moi de ne pouvoir en dire plus pour le moment.

Notre petite enquête nous a révélé que l’opinion publique malienne est majoritairement pour l’usage exclusif de la force, pour la guerre pour libérer le Nord de notre pays. La position de votre gouvernement, qui privilégie prioritairement la négociation, n’est-elle pas en porte-à-faux avec cette vision populaire ?Notre gouvernement aime trop la paix pour ne pas préparer la guerre. Que nul ne s’y trompe, notre détermination est inscrite dans le marbre. Le Nord de notre pays sera rendu entier à la mère patrie, dussions-nous consacrer toutes nos ressources pour atteindre cet objectif et aucun Malien digne ne sera pas peu fier de payer de son sang pour faire son devoir sacré. La négociation n’est qu’une option et rien d’autre pour signifier à la rébellion que jamais il n’y aura ni indépendance ni fédération ni autonomie, ni que sais-je encore…Rien ne changera notre devise : un peuple, un but, une foi.
Je crois sincèrement qu’un gouvernement de partis, aux objectifs et arrières – pensées opposés, n’est pas la solution pour le Mali en ce moment précis, sinon nous n’en serions pas là.

Comprenez-vous l’impatience des populations du Nord et leur sentiment d’abandon par le gouvernement ?

Bien sûr, nous en sommes conscients, pas un seul jour, pas une seule heure ne passe sans que nos actions ne s’inscrivent dans la recherche de solutions pour mettre fin aux souffrances et au cauchemar de nos frères et sœurs du Nord. Le gouvernement qui n’a aujourd’hui que ce seul objectif en tête, n’a pas d’autre priorité, lui qui a hérité de cette situation inacceptable.

Quelle est aujourd’hui la position du gouvernement par rapport à l’envoi d’une force internationale voulue et souhaitée par l’UA et la CEDEAO ?

Vous savez, le gouvernement n’agira que dans l’intérêt exclusif et supérieur de la Nation. S’il exige la venue d’une force internationale, nous la demanderons. Du reste, le Premier ministre doit prochainement se rendre au Conseil de sécurité des Nations unies pour discuter de cette question.

Son Excellence a, nous supposons, un appel à lancer…
Je voudrais demander à nos responsables politiques d’observer une trêve dans la campagne électorale permanente que connaît notre pays depuis vingt ans, de réaliser pour une fois l’union sacrée autour d’un gouvernement dont aucun des membres n’a d’agenda politique personnel, de consacrer leur énergie au seul combat qui vaille et qui grandit aujourd’hui : la restauration pleine et entière de l’intégrité territoriale.
Les vaines revendications politiciennes qui aboutissent depuis dix ans à des combinazzione retardent chaque jour le grand jour. Je crois sincèrement qu’un gouvernement de partis, aux objectifs et arrières – pensées opposés, n’est pas la solution pour le Mali en ce moment précis, sinon nous n’en serions pas là. Faisons attention que ce pays ne se délite davantage, que les ambitions frénétiques de promotion personnelle par la politique ne condamnent tout un peuple à la régression, l’arène politique ne doit pas être l’exutoire des frustrations urbaines et sociales. Je crois encore sincèrement qu’on doit donner du temps et les moyens pour permettre à ce gouvernement de travailler. Sinon, je crains le chaos.

Au service du Mali
Avec des compétences et un riche carnet d’adresses! Mais qui est-il ce Sadio Lamine Sow ? La question revient souvent dans de nombreuses conversations de rue ou de grins comme un vibrant leitmotiv depuis la constitution du gouvernement de Transition. Parce que ce compatriote venu du Burkina voisin –où il a résidé pendant de longues années– se voit du coup propulsé à la tête de notre diplomatie : il occupe le portefeuille de ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale.
Quelle belle trouvaille en raison justement des circonstances dramatiques que vit notre pays meurtri et envahi depuis plusieurs mois par des hordes de bandits armés ! Ces terroristes et islamistes sans foi ni loi qui n’ont d’autre souci que de plonger ce beau pays « héritier de trois empires » vers l’âge des ténèbres !
C’est sans doute à cause de ce caractère éminemment particulier de la situation sociopolitique malienne que le talentueux négociateur et ancien conseiller personnel du président Blaise Compaoré (C’est vous dire…) a bien accepté (avec une volonté sincère et manifeste et la seule et unique caution du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, précise-t-on), cette lourde et exaltante charge qui est de secourir « sa patrie en danger»…
D’ailleurs celui qui a la réputation d’être un homme très discret, respecté, écouté et possédant surtout un riche carnet d’adresses à travers le monde, n’en était pas à sa première proposition de « poste ministériel au moment même où c’était encore plus facile et sécurisant d’accepter une telle proposition».
« C’est un homme qui ne change pas de conviction en fonction des circonstances, qui ne change pas d’amis en fonction des situations, qui ne change pas d’humeur en fonction des aléas » dit de lui un ami de surcroît un aîné.
Ancien journaliste, Sadio Lamine Sow a connu une vie militante et syndicale bien remplie, ainsi qu’une vie administrative pleine et réussie, même si certains « esprits chagrins » lui reprochent de n’avoir travaillé qu’à l’extérieur de son pays. Un vrai faux procès à l’heure actuelle quand on sait que les sommes collectées et rapatriées au pays par les Maliens de l’extérieur constituent aujourd’hui une manne extrêmement importante pour l’économie malienne.
Et puis, contrairement à certaines allégations que l’on entend souvent ici et là, Sadio Lamine Sow n’a jamais cessé de travailler au Mali et pour le Mali – ce pays qui l’a vu naître il y’a 60 ans et où ses importants investissements permettent de fournir du travail et de nourrir au bas mot une centaine de personnes.
Interrogé il y’a quelques jours seulement par notre confrère « Les Echos » sur la position du Mali par rapport à l’envoi de troupes étrangères dans notre pays, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a été on ne plus clair :« C’est lorsqu’une analyse objective de la situation sera bientôt faite en compagnie du Premier ministre (Il vient d’achever une tournée dans les pays du champ Algérie, Mauritanie, puis devra se rendre bientôt au Niger) et du président Compaoré, médiateur de la CEDEAO, qu’une décision définitive sera prise.
D’ici là, le maître mot dans la résolution de cette crise malienne restera naturellement la discrétion, mais une discrétion dans l’efficacité, parce que précisément nous sommes en crise, en état de guerre, nous ne pouvons pas dévoiler publiquement ce que nous faisons. Nos actions sont concrètes, elles sont là visibles pour qui veut les voir », martèle ce ministre très optimiste (ce trait de caractère qu’il met toujours au service se volonté) et à la fois conscient de la pesanteur et de la complexité de sa mission. Un homme prêt à donner le meilleur de lui-même, à apporter sa modeste contribution afin d’aider notre pays à sortir de cette douloureuse impasse, comme ce fut le cas récemment à travers son voyage au Vanuatu pour assister à une rencontre des 78 pays ACP et ensuite celle des ACP et l’Union européenne. Quand on sait par ailleurs que l’Union européenne a arrêté son aide au Mali et que des parlementaires européens ont même eu à écouter le MNLA, il était donc important que le ministre soit à cette réunion pour porter la voix du Mali, dont la laïcité profondément ancrée dans nos mœurs politiques et culturelles et l’indivisibilité du territoire ne sont guère négociables.
Entretien réalisé par Bacary Camara & Chiaka Doumbia

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8 COMMENTAIRES

  1. Ce monsieur est naif sil pense que le dialogue restorera lintegrite au nord ou lordre au sud. Cest un stooge de l’histoire et negligent. Motre chef detat major des armees a dit clairement que seule la force militaire internationale delogera ces apatrides et assurera la survie de letat. La paix au Mali ne viendra quavec une victoire militaire ecrasante. On ne negocie pas avec un adversaire qui est en position de dicter les termes.

  2. Personne n’a empêché ce gouvernement de travailler. Malgré leurs réserves, les partis politiques ont donné leur ont donné leur soutien dès le début. C’est l’inaction du gouvernement qui commence à être dénnoncer. On ne peut pas indéfiniment regarder un gouvernement qui semble être inactif, qui semble ne soucier que de Kati, qui ne sembler se soucier que de caser les militaires dans les départements ministériels. Mr le Ministre on vous écoute et on a n’a pas de temps à perdre.

  3. Ce monsieur ne mérite pas d’être ministre une seule séconde, il se moque de qui en disant que ”leur gouvernement aime trop la paix pour ne pas preparer la guerre”, mais qui n’aime pas la paix? seulement quand on impose la guerre, s’il n’y a pas d’autres solutions, il faut la faire surtout quand une grande partie du pays est occupée par des bandits avec son lot d’humiliation, d’exactions pour les populations de cette partie. Monsieur le ministre, allez tenir de tels propos au nord si vous êtes un homme? Dites plutot que votre médiocre gouvernement veut se péréniser car vous avez commencé à gouter aux délices du pouvoir au meme titre que les militaires voyoux de kati, fuyards. Mais sachez que votre gouvernement ira tot ou tard, par la grande ou la petite porte, souvent avec des regrets, incapable que vous êtes.

    • L’INCAPABLE C EST TOI , L’IRRESPONDABLE C EST TOI. QUEL DELICES IL VA GOUTER? AU CONTRAIRE IL A SACRIFIE SES PRIVILEGES POUR SERVIR SON PAYS ET DES BORNES COMME TOI ABDOULAYE, VEULENT LUI EN EMPECHER. CET HOMME A DEJA TOUT , JE DIS BIEN TOUT. IL A DEJA EU LES HONNEURS, L ARGENT, LA NOTORIETE ET TOUT CELA DEPUIS TRES TRES LOGTEMPS.

      • Bien dit mon frère, il n’a rien à gagner comme privilège au Mali, car il a déjà tout. Les gens sont trop méchants, au lieu de se mettre ensemble pour regarder dans la même direction, chacun veut se faire connaisseur. Nous ferons mieux de laisser nos agendas politiques et regarder seulement le Mali. Ce sont les bandes d’incapables qui nous ont mené à ce cancer.

  4. SE SERRER LES COUDES AUTOUR DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION ET ENSEMBLE DÉCIDER DU DEVENIR DU MALI A TRAVERS UNE CONFÉRENCE GLOBALE DE COMPROMIS ENTRE TOUS LES MALIENS AFIN DE GARANTIR L’UNITÉ DU MALI

    Bonjour,
    Le Ministre des affaires étrangères, qui semble être un homme posé et responsable, a raison. Il faut laisser le gouvernement de transition travailler, en lui donnant les moyens, pour atteindre ses objectifs (intégrité territoriale et élections propres).

    En changeant de gouvernement, il y aura encore un certain temps pour s’habituer aux dossiers avant de prendre des décisions, ce qui va encore tout retarder pendant que la population souffre.

    Les Maliens doivent se serrer les coudes autour du gouvernement de transition et ensemble décider du futur du Mali à travers une conférence globale de compromis ouverte à tous les Maliens.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-amil: Anasser_AgRhissa@yahoo.fr

  5. Foutez nous la paix. Au lieu de s’en prendre à la démocratie, ce Ministre doit se mettre au travail pour lequel il est payé par le contribuable malien. Leur mission consiste à reconquérir le Nord du Mali et à organiser des élections relativement transparentes. On a pas besoin de rancuniers et de revanchards. On est tous des maliens bon teint.

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