Certes, il n’existe pas une ambassade du Congo Brazzaville ici à Bamako. Mais, des années 1960 à nos jours, il y a toujours eu des très bons rapports entre Mali et ce pays frère. Principalement, sur le plan commercial, d’immigration et d’intégration africaine. Les affaires courantes des 160 Ressortissants congolais installés dans notre pays sont expédiées par un Consul Honoraire, en l’occurrence le Doyen Moussa Diawara, un Maliano-Congolais qui, malgré le poids de l’âge, ne ménage aucun effort pour le maintien au beau fixe les liens de fraternité entre les deux peuples. A Brazza, il y a plus de 300.000 Ressortissants maliens qui mènent tranquillement et en toute sécurité leurs activités économiques. Pour d’amples informations, nous sommes allé vers le Consul Honoraire du Congo Brazza à Bamako, Son Excellence Moussa Diawara, qui nous retrace ici les péripéties des rapports scellés entre les deux Congo (Kinshasa et Brazza) et le Mali ainsi que la question de visas, de conditions de séjour et de facilités accordées par le président Sassou à nos compatriotes basés dans son pays. Donc, annoncer dans notre dernière parution, lisez plutôt l’interview exclusive!
Excellence, bonjour et merci d’avoir reçu ‘‘NOTRE PRINTEMPS’’ pour parler des vieux rapports de fraternité de nos deux pays. Et, si vous voudriez bien accepter de vous présenter à notre lectorat.
Je vous remercie pour venir me voir. Moi, c’est Moussa Diawara, Consul Honoraire du Congo à Bamako. La coopération entre le Mali et le Congo, ça remonte en 1962, et il n’y a jamais eu de problème entre ces deux pays. La preuve en est qu’il y a aujourd’hui plus de 300.000 Maliens qui vivent au Congo. Le premier Ambassadeur du Mali au Congo fut Aliou Diakité, il est de Dioro, un fidèle de Modibo Kéïta. La capitale du Congo était à Kisangani. C’est après la mort de Patrice Lumumba que la capitale a été transférée à Kinshasa où a été transférée notre ambassade. En 1966, Moïse Tiombé a été contraint de quitter Kisangani. Les présidents Nasser de l’Egypte, Kwamé N’Krumah du Ghana, Sékou Touré de Guinée et Modibo Kéïta du Mali ont engagé des négociations entre Kasabugu (le premier Président) et Tiombé. C’est à la suite que celui-ci sera nommé Premier Ministre de celui-là. En cette année, on m’a fait arrêter en prétextant que c’est nous sommes entrain d’aider Moïse Tiombé et on m’a transféré à Kinshasa. On m’a pris avec d’importantes sommes de d’argent en Dollars. Mais, il se trouvait que moi je suis un diamantaire au Congo là-bas. Donc, j’avais mes moyens à moi. En 1968 débuta le problème de Katanga où était Moïse Tiombé, la guerre de cession katangaise. C’est un problème qui a duré plusieurs années. C’est en cette année qu’il y a eu des troupes africaines qui ont intervenu au Congo pour intervenir entre le premier président Kasabougou et Moïse Tiombé.
Après, Tiombé s’est rendu à Bamako pour rencontrer le Président Kéïta. Mais, celui-ci était en tournée à l’intérieur du pays (dans les Régions de Tombouctou, Gao ou Koulikoro, je ne sais pas où précisément). A son retour à Kinshasa, il déclare que le Mali a reconnu son pouvoir. Mais, dès le lendemain, l’ambassadeur Aliou Diakité a apporté un démenti. Tiombé, à son tour s’est fâché, il était choqué et, en tant que Premier Ministre, il a fait expulser tous les Maliens vers Brazzaville. C’est au temps de Masamba Demba qui s’est déplacé en personne à la Butch pour accueillir les premiers Maliens qui sont arrivés de Kinshasa. Et, c’est à partir de là qu’il y a eu des histoires entre le Mali et le Congo-Kinshasa. Après tout, Modibo Kéïta, à son tour, a fermé la représentation diplomatique et consulaire de Kinshasa pour la transférer à Brazzaville. En ces temps, le Mali n’avait pas une ambassade au Congo Brazza.
Après le coup d’état contre Modibo Kéïta en 1968, une délégation s’est rendue en tournée à Brazzaville. Cette délégation était conduite par Malick Diallo. Lors de la rencontre avec la communauté malienne au consulat de Brazza, la photo de Modibo était toujours dans la salle d’accueil. Immédiatement, Malick Diallo a interrogé le consul Aliou Touré sur les raisons du maintien de ce poster du président déçu dans ses locaux. Ainsi, dès le retour de la délégation à Bamako, le consul est rappelé. Au passage, je précise qu’avant le renversement de Modibo, le premier consul du Mali à Kinshasa puis à Brazzaville, Son Excellence Alou Diakité, était déjà rentré pour occuper le poste de ministère de la sécurité de l’époque. Donc, c’est ainsi qu’au moment du coup d’état de 1968 c’est Aliou Touré qui était là-bas comme consul.
Donc, depuis 1967, les relations sont restées au beau fixe. Il y a eu des moments où il n’existait pas un Représentant diplomatique du Mali à Brazza; mais, les relations n’étaient pas rompues, les locaux n’étaient pas fermés, ils restaient ouverts. Ainsi, après un consul Général a été nommé et depuis lors les relations entre nos deux pays sont excellentes.
Après, il y a eu le coup d’état du Commandant Marien N’Gouabi contre Masamba Demba. Mais, malgré ce changement, la communauté malienne a été toujours bien traitée. Ensuite, quand le Général Sassou N’Guesso est arrivé au pouvoir les Maliens sont toujours restés bien accueillis au Congo. D’ailleurs, c’est le lieu pour moi de remercier le Président Sassou N’Guesso pour la considération qu’il ne cesse d’accorder aux Maliens résidents au Congo.
Quelle serait la situation de nos compatriotes à Brazza en ces derniers temps de crises?
Il y a près de 60 % des Maliens qui ne sont pas en règle au Congo-Brazza. Mais, malgré cet état de fait, les Maliens sont bien traités dans ce pays. Le Président Sassou N’Guesso est à remercier, puisqu’il n’a jamais accepté qu’on fasse du tort aux étrangers dans son pays. Surtout aux Maliens.
A chaque occasion, je prodigue des conseils à nos compatriotes pour qu’ils puissent se mettre en règle. Mais, il y en a qui ne m’écoutent pas et qui me prennent même pour un Congolais au lieu d’un Malien. Certes, moi, je suis de double nationalité; Malien et Congolais à la fois. C’est le depuis 1er février 1961 que j’ai pris ma nationalité congolaise. Mais, qu’à cela ne tienne. Puisque je suis Malien avant d’être Congolais. Au mois de décembre dernier, j’étais à Brazzaville. J’ai eu même à rencontrer nos compatriotes à la mosquée. Et, je leur ai dit que puisqu’ils vivent tranquillement et en toute sécurité dans ce pays, ils n’ont qu’à accepter de se mettre en règle. Si on te considère, toi aussi il faudrait faire la même chose. Nombreux sont parmi eux qui ont leurs familles avec leurs enfants là-bas. Il y en a parmi eux qui se sont mariés à des Congolaises. Bref, j’invite tous nos compatriotes de Brazzaville de respecter les lois congolaises pour qu’ils puissent continuer normalement leurs activités. Avec les événements survenus récemment entre les deux Congo c’est plus que regrettable. Alors que çà c’est entre deux pays voisins. Donc, heureusement, il n’y a eu aucun Malien concerné, ni exclu. Mais, tout n’est pas réglé entre ces deux pays du fleuve Congo. Je vous dis, le gouvernement de Brazzaville a raison, quand on voit réellement ce qui est à l’origine de cet incident. En fait, il y a eu 1900 crimes recensés au cours de ces cinq dernières années.
Quelles sont les activités socio-économiques dans lesquelles les Maliens interviennent surtout et parviennent-ils à s’en tirer d’affaire?
Au Congo, les Maliens sont surtout dans le domaine du commerce. Et, ça marche très bien pour eux. Puisque, de ce côté, le Malien travaille par tout où il est. Donc, ils se tirent bien d’affaire. Et, ils rapportent beaucoup à leurs familles; des millions voire des milliards au pays. Il y en a qui construisent même des immeubles là-bas; cela, grâce au climat de paix, de sécurité et de quiétude sociale que le Président Sassou a restauré. Il y a des Hommes d’affaires maliens qu’y investissent des milliards. Aujourd’hui, au Congo Brazza, il y a tellement de communautés africaines. Des Maliens, Guinéens, Gabonais, Tchadiennes, Sénégalaises, Ghanéens, Togolais, Ivoiriens, etc. Après la France, c’est le pays où vivent plus de communautés africaines. Tout çà, puisque Sassou est un Homme de paix. Après la guerre civile avec Pascal Lisouba, il a rendu le pays stable et il intervient partout où il y a de problème en Afrique centrale.
Peut-on avoir une idée sur la situation de la communauté congolaise au Mali et quelle serait leur importance numérique ?
Les Congolais qui vivent ici au Mali n’ont aucun problème. Presque tous viennent se faire enregistrer et prendre leurs cartes consulaires. Ils vivent en paix et en toute sécurité sur le territoire malien. Ils n’ont aucun problème majeur, en ma connaissance. C’est le lieu pour moi de remercier le peuple malien, les autorités et le Président de la République pour cet accueil fraternel. Les Ressortissants congolais au Mali, du moins ceux qui sont recensés ici au consulat, sont évalués à 160 personnes.
Y a-t-il une question de visas entre le Mali et le Congo ?
Oui! Il y a visas entre le Mali, la Guinée et le Congo. Cela, depuis les années 60, après nos Indépendances nationales. Parce que ces deux pays là (Mali et Guinée) ont directement opté pour une Indépendance totale. Mais, c’est surtout avec la guerre civile en 1997 que cette affaire de visa s’est accentuée. Il y avait même des pays africains dont les Ressortissants ne prenaient pas de visas pour entrer au Congo. Mais, c’est cette guerre civile qui a t obligé Brazza d’instaurer cette affaire de papiers.
Depuis l’ouverture de votre consulat, quels sont vos actions et quel a été l’apport des autorités maliennes?
Mon devoir est de renforcer les relations entre le Mali et le Congo. Ce consulat est ouvert en 2000. Donc, il y a 14 ans cette année. L’objectif c’est aussi pour faciliter à nos compatriotes l’obtention de visas. Avant, ils étaient obligés d’aller jusqu’à Dakar ou Abidjan avec trop de dépenses. Depuis 2000, les Maliens n’ont plus de difficultés d’obtention de visa pour Brazza. Cela, grâce aux facilités que le Président Sassou et son gouvernement ont bien voulu accorder aux Maliens. Sinon, pour avoir un visa il faut obligatoirement avoir un titre d’hébergement au Congo. Mais, aujourd’hui, grâce aux bonnes relations entre nos deux Etats, les Maliens peuvent entrer facilement et séjourner tranquillement au Congo. Les présidents Alpha et Amadou ont beaucoup fait pour ce consulat. Ceci, dans l’intérêt commun des peuples maliens et congolais. Je leur remercie beaucoup pour le respect et la considération qu’ils ont eu à m’accorder durant leur mandat respectif. A chaque occasion, ils prouvent que chez nous, au Mali et en Afrique de l’Ouest, la personne âgée est toujours traitée avec respect et considération. Alpha Oumar Konaré, c’est lui qui a créé la maison des personnes âgées. Et, il a beaucoup œuvré à la construction et au bon fonctionnement de nos consulats. Idem pour Amadou Toumani Touré à qui je remercie ici pour sa courtoisie. ATT s’est toujours incliné en me saluant en premier devant les diplomates accrédités au Mali.
Aujourd’hui, vous ne ressentez pas un certain changement sur ce plan avec le pouvoir actuel?
Non! Pas de changement comme tel. C’est seulement, dans la vie il faut qu’il y ait lieu de changement. Et, que chacun a ses façons de voir, d’agir et de gérer les choses. Sinon, IBK, on se connait bien avant qu’il ne soit Président de la République. On se rencontrait au cours des réunions et, lui aussi, m’a respecté. Depuis du vivant de nos frères et amis Sokhona et Sylla.
Quel est l’appel que vous avez à lancer?
L’appel que j’ai à lancer, c’est d’inviter tous, de part et d’autre, au respect strict de la loi du pays hôte. Et, pour les Congolais à Bamako, et pour les Maliens à Brazza. Il faut qu’il y ait le respect requis aux lois en vigueur dans chaque pays. Aussi, il faut se faire enregistrer régulièrement dans les deux consulats.
Réalisée par Bara De Dara