S. E Carlos Gutierres Corrales ambassadeur de Cuba au Mali ‘’L’ONU doit agir !’’

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Carlos Gutierres Corrales ambassadeur de Cuba au Mali
Carlos Gutierres Corrales ambassadeur de Cuba au Mali

Il ya plus de 50 ans que Cuba croupit sous le poids d’un implacable embargo économique à elle imposé par les Etats Unis d’Amérique, au seul motif qu’elle a décidé de prendre en main son destin.

S E Carlos Cutierres Carrales, ambassadeur de Cuba au Mali, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Onu qui se tient le 27 Octobre 2015 et au cours duquel la Patrie de Fidel demandera la levée de cet embargo, a accepté de répondre à nos questions.

 

 26 Mars : Excellence, à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 27 Octobre prochain, quel sera le message de la République de Cuba ?

 

S E Gutierres Corrales : Ambassadeur de Cuba au Mali, je suis à Bamako depuis un an et ma responsabilité est de donner la  continuité aux relations historiques entre le Mali et Cuba, des relations basées sur la fraternité et l’amitié.

 

Revenant à présent à votre question, je vous signale qu’en effet, ce mardi, 27 octobre, la délégation cubaine présentera à l’Assemblée générale des Nations Unies le projet de résolution intitulé «Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier exercé contre Cuba par les États-Unis d’Amérique ».

L’Assemblée générale des Nations Unis a, vingt-trois fois d’affilée, reconnu à une majorité absolument écrasante que le blocus contre Cuba était une politique absurde, illégale et moralement insoutenable. Or, plus de cinquante ans après son instauration, sa teneur, son esprit et ses visées restent intacts, provoquant sans raison des pénuries et des souffrances au peuple cubain.

Nous voulons assurer que tant que le blocus existera, Cuba présentera cette résolution.  Le gouvernement et le peuple cubains espèrent pouvoir compter une fois de plus sur l’appui de la communauté internationale et obtenir la levée du blocus économique, commercial et financier appliqué par le gouvernement des États-Unis.

En cette opportunité, je voudrais remercier, une fois de plus, le soutien historique et permanent que le gouvernement et le peuple malien ont toujours apporté au gouvernement et au peuple cubain pour la levée du blocus contre mon pays.

 

26 Mars : Les relations entre Cuba et les USA semblent être de nos jours, presque au beau fixe. L’espoir est donc permis ?

 

S E Cutierres Corrales : Le 17 décembre 2014 a ouvert un nouveau chapitre dans les rapports entre Cuba et les États-Unis: le retour des trois combattants antiterroristes cubains, injustement incarcérés dans ce pays; l’annonce par les deux Nations de leur décision de renouer les relations diplomatiques; la reconnaissance par le président Barack Obama que la politique étasunienne envers Cuba, (dont le blocus), était dépassée et qu’il fallait l’éliminer. Par ailleurs, le 20 janvier 2015, il a invité le Congrès, dans son discours sur l’état de l’Union à « se mettre au travail pour lever  le blocus ».

Mais, le rythme du processus vers la normalisation des relations entre les gouvernements des Etats Unis et de Cuba dépendra de la levée du blocus, qui persiste dans sa totalité et est toujours pleinement appliqué.

Dans le cadre de ces changements de la politique des États-Unis envers Cuba, le président Obama a annoncé plusieurs mesures destinées à modifier certains aspects concrets du blocus : ainsi, le 16 janvier 2015, des amendements ont modifié les réglementations du département du Trésor et de celui du Commerce. Tout en constituant des pas dans la bonne direction, ces modifications s’avèrent limitées et insuffisantes eu égard à l’ampleur et à la portée des lois du blocus concernant Cuba et le reste du monde, lesquelles restent absolument en vigueur et sont appliquées avec rigueur. Nous avons connu très récemment sur l’application d’une nouvelle sanction pour de relations avec Cuba, cette fois,  a la banque française « Crédit Agricole » pour un valeur de 1 116 millions de dollars américains.

Les préjudices infligés d’avril 2014 à avril 2015 par cette politique de blocus cruel et injuste qui, comme on pourra le constater, se maintient malgré les déclarations du 17 décembre.

 

26 Mars : Comment évoluent les relations actuelles entre Cuba et les U.S.A ?

 

S E Cutierres Corrales: le 5 septembre 2014, à peine trois mois avant les déclarations historiques de décembre, le président Obama a renouvelé les sanctions appliquées à Cuba aux termes de la Loi de commerce avec l’ennemi qui, bien que datant de 1917, sert de justification essentielle aux lois et réglementations du blocus sous prétexte d’intérêts de politique étrangère.

 

Malgré ce nouveau scénario, le blocus a été renforcé dans ses dimensions financière et extraterritoriale, comme le prouvent les amendes se montant à plusieurs millions imposées à des banques et à des institutions financières du fait de la traque à laquelle se livrent les autorités étasuniennes contre les transactions financières internationales de Cuba. La radiation de Cuba de la liste illégitime – et sur laquelle elle n’aurait jamais dû être inscrite – des États parrainant le terrorisme international, intervenue le 29 mai 2015, ne concerne pas le reste des lois et réglementations du blocus. Le harcèlement financier contre Cuba reste donc tel quel.

 

Cuba ne peut toujours pas exporter librement des biens et services aux États-Unis ni en importer, ni utiliser le dollar dans ses transactions financières internationales, ni ouvrir des comptes dans cette monnaie dans des banques de pays tiers. Elle ne peut non plus accéder à des crédits de banques situées aux États-Unis ou de leurs filiales dans des pays tiers, ni d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque interaméricaine de développement (BID). Cela d’autres obstacles entrave sérieusement le développement normal de Cuba dans tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle.

 

Bien d’obstacles pourraient être franchis si le président étasunien appliquait avec détermination les vastes facultés exécutives dont il jouit, même si le démantèlement total de cette politique relève du Congrès.

A présent, l’ONU doit agir !

Propos recueillis par

 Boubacar Sankaré

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