M . Edmond Alou Diakité, enseignant et écrivain de son état, de nos jours, il travaille à l’Institut Marchoux de Bamako comme chercheur, parle de son parcours, de l’avenir de l’école malienne, des péripéties par les quelles les écrivains maliens évoluent. Aussi, ce septuagénaire, déplore la situation actuelle du Mali d’aujourd’hui, qui tangue dangereusement mais ne périclitera pas », a-t-il rassuré puisque poursuivi-t-il, le Mali est un pays béni par dieu tout puissant ».
« L’école malienne d’aujourd’hui est en déroute… », dixit Edmond Alou Diakité.
Mali Demain : Et si vous parlez de votre parcours à nos lecteurs ?
M. Edmond Alou Diakité : J‘ai débuté mes études primaires à Dakar, c’est-à-dire au lycée « Scholcher ». Après avoir décroché mon BAC en 1962 avec mention « Assez-Bien », je suis revenu à Bamako où j’ai commencé d’abord à enseigner au premier cycle, ensuite, j‘ai été nommé comme directeur d’école à Nioro du Sahel, plus précisément à Madina Lagaheri (quatre ans durant). Ainsi débuta ma carrière d’enseignant. Ainsi, j‘ai été muté à Banzana (quatre ans), à trois kilomètres de Kayes ; puis à Bamako en 1970. Très inspiré et friand de l’écriture pour léguer un héritage aux générations futures, mon parcours du premier cycle m’a permis de commencer à écrire. Donc, dès mon retour de la France avec deux collègues : feu Nouhoum Traoré et feu Baba Traoré, où j‘ai subi une formation sur la littérature, ma soif d’écrire a débuté. J‘ai ainsi publié mon premier livre sur « La monographie du cercle de Kita », édité par l’IPN. Ensuite, j’ai fait le concours d’entrée à l’ENSUP de Bamako en 1979 où, trois années après, je suis sorti avec mon diplôme en psy-pédagogie. Présentement, je suis chercheur à l’Institut Marchoux de Bamako où je prépare un livre d’histoire et un film documentaire sur cet établissement de 1935 à nos jours.
Aussi faut-il le rappeler, j‘ai écris beaucoup de livres et réalisé des films à court et long métrage entre autres: – L’Usurier; Orthographe en Afrique ; Grand-père Baobab raconte; des films tels que : Partout le Sida gronde; Les sept D ; Au village de Fatiha (en cours de réalisation).
Mali Demain : Quand est-il d’être écrivain au Mali ?
Nous écrivains sommes confrontés à divers problèmes…
M. Edmond Alou Diakité : Vous savez qu’être écrivain au Mali, est un véritable parcours du combattant ; un vrai calvaire puisqu’il n y a pas une institution gouvernementale qui s’occupe des écrivains comparativement aux autres pays limitrophes. En quelques mots, de l’édition, à la diffusion d’un livre, nous auteurs sommes confrontés à divers problèmes sérieux comme l’obtention de financements; ensuite de diffusion de nos produits. Un véritable parcours du combattant. Pire, la politique a étouffé la culture réelle de nos valeurs, n’en parlons pas de l’édition de nos œuvres. En un mot, les écrivains au Mali, broient du noir puissent, nous sommes laisser à nous même ; une vraie débrouillardise. C’est pour cela, beaucoup d’écrivains et de poètes maliens sont bloqués dans leur travail à cause d’absence de financements, d’appuis réels. Nous sommes abandonnés à nous même.
Mali Demain : Avec votre parcours brillant d’enseignant, comme voyez-vous l’avenir de l’école malienne d’aujourd’hui?
L’école malienne d’aujourd’hui est en déroute…
M. Edmond Alou Diakité : L’école malienne d’aujourd’hui est en déroute par rapport aux différentes réformes successives qui n’étaient pas adaptées à nos réalités socioculturelles. Par exemple, je condamne le châtiment corporel qui a été banni mais que nous avons subi en son temps parce qu’il oblige l’enfant à apprendre même à la maison avant d’aller à l’école. Aussi, beaucoup de gens accusent les parents d’élèves d’avoir démissionné. Je ne suis pas d’accord avec ces allégations dans la mesure où en notre temps, nous en tant qu’élèves, n’attendions pas que nos parents nous dictent la conduite à tenir mais plutôt de notre propre chef et instinct de bien faire pour que nos parents soient contents de nous, nous nous battions pour être parmi les meilleurs. Et au cours de chaque composition, nous nous pressions de montrer notre bulletin à nos parents quand on sait que nous avons bien travaillé. Et lorsqu’il se trouve que nous n’avons pas bien travaillé, nous craignions les réprimandes et corrections qui nous seront infligées par nos parents à la maison sans compter celles de notre maître devant nos camarades de classe, nous attachions la ceinture pour qu’à la prochaine composition, nous obtenions de bons résultats.
A l’époque, nous évitons d’être ridicules
A l’époque, nous évitions d’être ridiculisé tant en classe qu’à la maison parce que nous n’avons pas bien travaillé. Mieux, le dernier de la classe portait les oreilles d’âne en carton et il sera hué par ses camarades. Ce qui est une stimulation pour que cet élève ne soit plus le dernier de la classe et l’emmener à travailler davantage.
A notre époque, la pratique de l’éducation physique était obligatoire pour avoir un esprit sain, dans un corps sain.
Un enseignant est un miroir…
Au plan pédagogique, un enseignant était un miroir de la société, du point de vu habillement, du point de vu comportement et du point de vu formation. De nos jours, ce miroir s’est brisé en mille morceaux provoquant du coup, l’état désastreux du niveau de l’enseignement au Mali malgré toutes les thérapies de chocs qui lui ont été infligées des décennies durant, sans succès.
L’enseignement en saurait être une canne blanche
De grâce, l’enseignement ne saurait être une canne blanche où l’on va de tâtonnement, en tâtonnement. Par exemple, à domicile, ‘enseigne les enfants par la méthode syllabique que les autorités viennent de reprendre cette année.
Que vaut la méthode syllabique ?
La méthode syllabique est un enchaînement de l’écriture, à la lecture. C’est-à-dire de l’apprentissage de la lettre, au mot et du mot à la phrase. Je profite de l’occasion pour rendre un hommage appuyé à A. Davesne qui étant un français, a adapté le contenu du Syllabaire au terroir africain et ailleurs dans l’espace francophone. Je rappelle que cet auteur a écrit le Syllabaire, Mamadou et Binéta écrivent couramment et Mamadou et Binéta sont devenus grands. Comment se fait-il qu’en Afrique, nous n’arrivons pas à faire pareil pour les générations futures ? Que comprendre qu’on nous impose des livres comme « Matin d’Afrique » qui n’était pas adapté à nos réalités africaines?
De nos jours, la formation des enseignants est dérisoire
De nos jours, la problématique du niveau de la formation des enseignants est dérisoire parce que n’importe qui, n’est pas enseignant qui veut. Le profit ayant pris le dessus sur l’essentiel qui est de connaître la profession et d’avoir la vocation, ont conduit l’école malienne dans le précipice actuel.
Mali Demain : Que faut-il donc pour sortir l’école malienne dans son état actuel?
Le retour à la méthode syllabique est une bonne chose
M. Edmond Alou Diakité : Il faut d’abord au retour à la méthode syllabique qui éveille toutes les sensibilités de l’enfant. La formation intensive des enseignants sur des bases pédagogiques solides car Montaigne n’a-t-il pas dit « qu’une tête bien faite, vaut mieux qu’une tête pleine ». Le philosophe Alain n’a-t-il pas conseillé « qu’il faut partir du plus difficile, au plus facile ».
Un enfant est une terre cultivable…
Aussi, Jean Jacques Rousseau disait que : « La seule habitude qu’il faut donner à l’enfant, c’est de ne lui donner aucune habitude ». Il faut savoir qu’un enfant est une terre cultivable qu’il faut toujours amender pour qu’elle donne de bons fruits afin de servir la société, voir l’humanité entière, en devenant un modèle.
En résumé, je me réjouis des autorités de l’éducation nationale du retour à la méthode syllabique dans l’enseignement qui éveille tous les sens de l’enfant.
Mali Demain: Que pensez-vous de la situation actuelle du Mali d’aujourd’hui ?
Au plan politique, in vibrant hommage à IBK…
M. Edmond Alou Diakité: Au plan politique, je rends vibrant hommage au Président IBK pour tous les efforts qu’il n’a cessé de déployer depuis son arrivée au pouvoir quand on sait que c’est une affaire très profonde, délicate et multiforme dans un environnement désagrégé et n’eût été sa clairvoyance, sa rigueur, le Mali serait dans un chaos inexplicable puisque notre pays qui serait une proie pour les envahisseurs aux desseins machiavéliques. Je prie dieu de donner le moral et la force nécessaire au Chef de l’Etat pour mener à bien la mission que le peuple lui a confiée.
Un début de retour aux valeurs cardinales
Au plan culturel, je vois un début d’un retour aux valeurs cardinales indispensables pour notre société qui est en déphasage avec nos réalités. Sur ce plan, les autorités peuvent faire beaucoup mieux en retroussant davantage les manches.
IBK doit créer les conditions idoines pour améliorer la vie des populations maliennes
S’agissant du social et économique, la société malienne compte sur le Président IBK pour créer les conditions idoines afin d’améliorer des conditions de vie des populations qui n’en peuvent plus de la conjoncture aiguë qui les pèsent lourdement.
Enfin, tous les films du Mali sont interpelés face à la situation du pays qui est une affaire de tous.
Propos recueillis par Bokari Dicko
L’école malienne a aujourd’hui besoin de l’apport de tous et de chacun pour redorer le blason de cet important institut qu’est l’école.
En tout le retour de la méthode syllabique dans les programmes d’enseignement du secondaire est à saluer et encourager.
Ses a encouragé avec des Emin à professeur il doit être au centre du débat paurl’épanouissement de l’école malienne
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