Créée en 1991, l’association malienne des jeunes médecins continue à garder le cap dans sa lutte pour un meilleur devenir sanitaire de ce pays où, paradoxalement, les jeunes médecins qui militent en son sein, n’en finissent de baigner dans des difficultés…Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le président de l’association, Nouhoum Guindo, n’a vraiment pas fait dans le détail. « 2500 médecins vont concourir pour 123 places, alors que des maliens meurent dans certaines zones par des pathologies banales faute de bons diagnostics… », dixit Nouhoum Guindo.
Qui est le docteur Nouhoum Guindo ?
Je suis le président de l’Association Malienne des Jeunes Médecins (AMAJM). Une association créé en 1991 en république du Mali, conformément à l`ordonnance N°1 PCG du 28 mars 1959. Elle a pour objectifs, entre autres, de contribuer à l`amélioration du niveau socio-sanitaire des populations par des sensibilisations et des consultations organisées à cet effet ; de défendre les intérêts matériels et moraux des jeunes médecins ; d’orienter et d’assurer la formation continue des jeunes médecins et de faciliter l`intégration entre médecins au niveau national et international.
Quelles sont les conditions d’adhésion à l’AMAJM ?
Peut devenir membre de l`AMAJM toute personne ayant le diplôme de Docteur en Médecine ou équivalent et qui déclare vouloir adhérer aux statuts et règlement intérieur de l`association. Il faut aussi être âgé au plus de 45 ans.
Quelles sont les raisons qui ont motivé votre candidature ?
Mes motivations sont, entre autres, de rassembler les jeunes médecins du Mali afin de faciliter leur intégration au niveau national et international, valoriser la profession du médecin pour le bien-être de la population, d’élargir l’association en mettant en place des comités régionaux et des points focaux en vue d’une synchronisation des informations et actions et bien entendu de défendre les intérêts matériels et moraux des jeunes médecins même au prix de ma vie.
Quels bilans faites-vous de votre mandat à la tête de cette association ?
De juin à octobre 2012, nous avons élaboré des correspondances et des demandes d’audience auprès des autorités pour échanger sur la recherche des solutions aux problèmes que connaissent les jeunes médecins (emploi, formation, conditions de vie…). Aussi tous les membres ont été dotés de cartes. Nous avons mis en place une stratégie efficace de recouvrement des cotisations, recherché des partenaires stratégiques (financiers, medias, personnes ressources), élargi la base par la mise en place des comités régionaux et du district. Ensuite, nous avons activement animé le blog de l’association et poursuivons le recensement de tous les jeunes médecins. Nous avons organisé des EPU et fait l’état des kits cliniques. Il est également prévu dans le court terme, l’organisation d’une semaine dédiée au jeune médecin avec au programme plusieurs et diverses activités dont des présentations scientifiques, des expositions, des conférence-débats, des journées de consultations gratuites, des activités culturelles et sportives. Ladite semaine sera également marquée par un cadre de concertation sur le thème « Formation et Emploi des jeunes médecins », des journées de formation sur la responsabilité médicale, l’éthique, le paludisme, les IST, le VIH et le SIDA, la drépanocytose, l’HTA, le Diabète etc… Sans oublier la marche pacifique et une campagne avec les médias.
Quid du quota prévu pour les médecins dans la fonction publique?
Je trouve insignifiant les places prévues pour les médecins dans la fonction publique cette année. Je dois avouer que c’est la première fois qu’on prévoit 80 postes pour les médecins généralistes. Mais c’est insuffisant, car c’est environ 2500 médecins qui vont concourir pour 123 places alors que des maliens meurent dans certaines zones par des pathologies banales, faute de bons diagnostics. C’est inconcevable qu’il ait plus de 2000 médecins sans emploi alors qu’il y a plus de 750 CSCOM qui sont sans médecins. Les CHU Gabriel Touré, point G, les grands hôpitaux tels que celui du Mali, de Sikasso, de Kati, de Gao, de Sévaré, etc… sont en besoin crucial de médecins. Dans ces structures ce sont des médecins bénévoles qui masquent ces réalités. L’instinct de survie oblige ces jeunes médecins à faire des choses qui ne cadrent ni avec l’éthique ni avec la déontologie pour mettre soit du carburant dans leur moto ou du moins vivre. Puisque 90% de ces jeunes médecins sont soit des mariés ou des célibataires engagés, donc ayant des charges.
Des rumeurs circulent sur la possibilité d’un boycott du concours. Est-ce le cas ?
Oui c’est la volonté des jeunes médecins. Parce qu’au Mali on a pris l’habitude de se cacher derrière les problèmes. Au lieu de les résoudre on les déplace. Je ne sais pas comment nos autorités comptent atteindre les objectifs du millénaire pour le développement dans ces conditions. La santé est égale au développement, donc un facteur qui peut booster l’économie. Au lieu que le recrutement des jeunes médecins constitue des dépenses insoutenables pour l’état, il permettra la croissance économique, j’en ai la ferme conviction. Ce n’est pas le manque de moyens mais un manque de volonté politique. Le ministre de la santé doit nous aider à faire en sorte que le recrutement des médecins soit systématique, que les CSCOM soient médicalisés pour garantir la santé pour tous. Comme ça, nous aurons relevé un défi commun comme les autres pays de la sous région moins nantis que nous.
Votre dernier mot…
Nos autorités doivent croire et œuvrer pour que dans un rayon de 15km il ait un médecin. Cela permettra d’améliorer la qualité des services de santé. J’appelle les jeunes médecins à l’union, à la mobilisation pour qu’ensemble nous valorisons la profession du médecin et donnions le sourire à tous les jeunes médecins du Mali. Enfin, mon souhait le plus ardent est que la guerre pour nous libérer et laver l’honneur de tous les maliens se fasse.
Propos recueillis par Drissa Kantao
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Vous pouvez faire plier l’etat et le government. Le double serait acceptable pour le moment meme la. Dommage et bon courage.
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