L’Unité de Coordination et de Gestion du Programme de Micro finance Rurale, en abrégé UCG-PMR, est l’une des institutions de micro finance née ces dernières années au Mali. Mais elle ne cesse d’emporter des victoires. Surtout, là où d’autres structures de micro finance dans notre pays se sont cassées les dents. Nous avons rapproché le Directeur du Programme, Dramane Sidibé, un travailleur de l’ombre. Dans une interview que nous lui avons presque arrachée, il nous parle du PMR. Mais aussi, explique les opportunités que sa structure offre à la clientèle. Particulièrement, aux femmes.
LE COMBAT : Pouvez-vous nous expliquer le Programme de Micro Finance Rurale? Et en quoi consiste t-il réellement?
Dramane Sidibé : « En fait, le Programme de Micro finance Rurale est une initiative du gouvernement de la République du Mali et du Fonds International de Développement Agricole (FIDA), il est sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture. L’initiative novatrice permet effectivement de recéper en milieu rural les dispositions et de jouer humblement le rôle de financier aux services des plus démunis.
En terme de missions, d’objectifs assignés au Programme, comme je viens de le dire, c’est une initiative novatrice qui vise la facilitation de l’accès principal des ruraux aux services financiers adaptés à leurs besoins de développement socio-économique. Donc, cela va se traduire effectivement par la mise en œuvre de façon spécifique d’un certain nombre d’activités portant sur le renforcement des institutions des micro-finances en milieu rural et le renforcement de la capacité d’intervention de ces micro-finances. Ça c’est au niveau de l’offre de service. Mais au niveau de la demande, nous allons pouvoir travailler à formaliser et à accompagner et c’est ce qu’on appelle les groupes, les organisateurs des producteurs. A ce niveau, nous avons mis l’accent sur les femmes et les jeunes, qu’on appelle les démunis qu’on va pouvoir accompagner, formaliser et mettre en lien avec les institutions de micro-finance. Donc, tout ça d’un côté, le programme va travailler sur l’offre de service financier en repositionnant les institutions de micro finance. Et de l’autre côté au niveau de la demande venant de la population rurale, le programme va travailler à accompagner les populations rurales ; faire des bons documents, des bonnes demandes de financements et à identifier le bon besoin de finance ment pour pouvoir les gérer. Voilà un peu ce que c’est que le Programme de Micro finance Rurale (PMR) ».
Vous avez parlez des femmes, tout récemment le Mali a fêté la journée des femmes rurales. Quelles sont leurs places dans le Programme de Micro finance Rurale?
« Les femmes sont suffisamment privilégiées au niveau du PMR. Nous savons que la population malienne à plus de 50% est constituée de femmes, et nous savon également que 65% de cette population vit en milieu rural. C’est pour dire que si nous faisons la part des choses, que les femmes rurales occupent aujourd’hui la part la plus importante du PMR. Je disais tantôt qu’il y a des activités spécifiques à l’endroit de ces femmes rurales qui sont aujourd’hui fragilisées. Et nous allons pouvoir tout au long de leur processus d’accès aux services financiers leur accompagner. Il s’agit, effectivement, d’identifier ces femmes et de les organiser en groupe et de les dispenser en tout cas. Aussi, de les accompagner dans certains nombres d’activités et de postériser en cas de gestion et de leur orienter en les aidant à leur formalisation. Et enfin, de les mettre en lien avec les institutions de micro finance. Cela va supposer que nous allons étudier les possibilités avec les instituts de micro finance afin de développer des produits adaptés aux besoins de ces femmes. Si nous prenons les femmes par filière, par zone au niveau du maraîchage et des produits de maraîchage ; comment ces femmes, qu’est-ce que les besoins de ces femmes, comment ces besoins seront traduit en produit financier au niveau des instituts de micro finance. Une fois que cela est fait, cela veut dire que la femme rurale pourra trouver un levier financier à pouvoir accompagner ses activités, donc à aller de l’avant et accroître effectivement ses revenus ».
Aujourd’hui, quelle est votre plus grande satisfaction?
« Par rapport à la réalisation de ces programmes, je dois commencer par remercier les autorités du Mali d’avoir pensé à mettre ce programme en place, parce qu’en réalité le constat est parti du fait que les institutions de micro finances se repositionnent sur le segment urbain, donc laissant le milieu rural. Or, quand on regarde, la plupart de ces institutions, aujourd’hui, ont pris naissance en milieu rural. Les grandes institutions au Mali ont pris naissance en milieu rural. Donc, ils sont en train d’aller vers les marchés porteurs et vers le segment urbain, laissant pour compte le milieu rural. Les autres ont vite compris avec le FIDA pour les aider. En tout cas les institutions qui ont accepté de les aider à se repositionner pour faire face aux besoins ruraux, surtout dans un pays en grande majorité en tout cas agro- silvo- pastoral, cela veut dire que toute la production, toute la richesse vient du milieu rural. Donc, ma grande satisfaction aujourd’hui vient de ce niveau, c’est-à-dire que nous pensons pouvoir contribuer fortement au développement de ce pays en en aidant les populations à accroître leurs revenus. Dans la mise en œuvre du projet aujourd’hui, je pourrais dire que le projet à juste une année d’activité sur un programme de huit ans. La grande satisfaction est que les portes d’entrée du programme qui constitue un certain nombre d’activités de récession, de fusion de regroupement des institutions de micro finance dans les zones d’intervention sont réalisées et la mise en œuvre a commencé. Ça fait cinq ou six ans que ces regroupements, ces fusions sont en gestation mais n’avaient pas pu avoir quand même le bout du tunnel. C’est aujourd’hui une grande satisfaction avec l’accompagnement de la cellule de contrôle, l’accompagnement du centre de promotion, l’accompagnement de l’association professionnelle des institutions du micro finance qui constitue aujourd’hui, ce qu’on appelle les intérêts constitutionnels, qu’on est pu remuer et prendre langue avec les institutions de micro finance ; qu’on se dise aujourd’hui, qu’on aille vers ce regroupement, la création de cette masse critique. Du fait que cette institution est forte et capable de répondre aux besoins, donc cela est ma deuxième grande satisfaction. Satisfaction aujourd’hui que nous, au niveau du PMR, nous avons pu avoir depuis une année d’activité.
LE COMBAT: pouvez-vous nous parler de la CCS-SFD
« La Cellule de Contrôle et de Sécurité des Systèmes Financiers et Décentralisés est l’organe de régulation du secteur. C’est la cellule qui s’occupe de la surveillance, du contrôle du secteur de micro finance au Mali à commencer par l’agrément, analyse les dossiers d’agrément, donc l’autorisation de l’exercice, la surveillance du secteur d’une manière générale. Au niveau du PMR, nous sommes en partenariat étroit avec cette cellule qui est incontournable puisqu’il joue la tutelle du Ministère de l’économie et des finances sur ses instructions de manière générale. Ses liens vont au fait que nous accompagnons les cellules dans les renforcements de ses capacités dans la mise à la disposition d’un certain nombre de moyens pour leur permettre de faire face à leur mission. Je dois dire que pour le premier exercice que nous sommes en train de boucler, nous avons financé un nombre de missions de contrôle et de surveillance du secteur au niveau de la CCS-SFD. Donc une cellule qui doit être renforcée pour permettre d’asseoir la confiance, de professionnaliser les secteurs et de permettre aux institut de micro finance d’exercer leurs activités dans un environnement suffisamment saint ».
Quelle appréciation faites-vous sur la micro finance au Mali
« Franchement, c’est une grande question. L’appréciation aujourd’hui à la date du Programme de Micro finance Rurale, à mon avis, j’ai quelques années d’expérience dans le secteur et que je n’ai pas une bonne appréciation d’une manière générale du secteur. Cela a un lien avec l’environnement financier d’une manière générale nationale et internationale. Nous sommes dans un monde de globalisation, de mondialisation aussi, il y a ce qu’on appelle l’effet de dominer aussi. Ça ne va pas au niveau financier aux USA? Cela a une répercussion sur l’ensemble du système en général et sur nos finances ici. C’est un premier aspect qui fait que la répercussion du choc, nous l’avons ressenti au niveau sous régional et national. Si les banques ressentent, cela veut dire du coup que les institutions ressentent parce qu’il y a une crise de confiance entre les institutions des micro- finances et les banques qui font que les financiers sont retissant, parce que ces secteurs deviennent des secteurs à haut risque aujourd’hui. La deuxième appréciation qui n’est pas du tout une bonne appréciation, c’est le fait qu’au niveau du secteur aujourd’hui, la plus part des structures sont confrontées à d’innombrables difficultés de cession. Nous avons vu deux grandes institutions au Mali qui sont dans des situations très difficiles et l’une est même presqu’en faillite. Tout le monde sait qu’à Bamako, il n’y a pas une bonne appréciation sur les secteurs qui ne donnent pas quand même une bonne visibilité pour les gens. Pour les déposants simples qui souhaiteraient venir déposer et retirer leur argent. Donc il y a une crise de confiance avec les gens. Donc le secteur d’une manière générale ne se porte pas bien, mais cela étant dit, il y a des institutions qui font forcément de leur mieux, malgré cet amplement difficile, ils font de leur mieux. Nous avons vu des institutions, des grandes institutions ou parfois des petites institutions faire la preuve de bonne gestion, qui ont fait des résultats très considérables durant la période. Donc, c’est des aspects qu’il faut ajouter, ils sont là. Mais de manière générale, confronté à de nombreux problèmes qu’il faut devoir assainir et professionnaliser tout ».
N N C