“Lors de la crise de 2012, c’est le Maroc qui a rassemblé le monde entier à l’Onu pour venir à la rescousse du Mali”
A quelques jours de la visite au Mali de Sa Majesté le Roi Mohamed VI prévu le 20 de ce mois, Moussa Diarra, président de l’Association malienne d’amitié Mali-Maroc (Amama), nous livre ses impressions sur les relations maroco-maliennes, la symbolique de cette visite et les objectifs de leur association. Selon le président de l’Amama, cette énième visite de Sa Majesté le Roi Mohamed VI justifie une fois de plus son attachement profond au Mali et magnifie aussi l’excellence des relations entre les deux Etats et les deux peuples.
Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Moussa Diarra : Je m’appelle Moussa Diarra, ancien député, membre du Conseil économique social et culturel, chef d’entreprise et surtout président de l’Association malienne d’amitié Mali Maroc. Une association que nous avons créée il y a 10 ans de cela. J’en suis l’initiateur car en tant qu’opérateur économique, les nombreux voyages que j’ai effectués au Maroc m’ont convaincu que ce pays peut être utile à mon propre pays. En plus, j’ai toujours eu l’envie d’attirer les investisseurs étrangers dans mon pays. C’est pourquoi bien avant cette association, j’ai toujours œuvré pour renforcer davantage les liens entre le Mali et le Maroc dans divers domaines. C’est pour renforcer davantage ce lien existant que nous avons lancé cette association en 2007 et nous avons reçu notre récépissé en 2008. Depuis que nous avons eu le récépissé, beaucoup ont convergé vers cette association. Il s’agit des anciens étudiants maliens au Maroc et aussi des Maliens qui ont le sang marocain parce qu’il y a eu un brassage culturel et ethnique entre les deux peuples….
Quels sont les objectifs de cette association ?
Cette association a pour objectif de contribuer au renforcement de la coopération bilatérale entre le Mali et le Maroc dans tous les domaines d’activités. Nous sommes une organisation de la société civile, nous avons structuré l’association en huit commissions de travail. Il y a une commission économique qui initie les rencontres de partenariat entre les opérateurs économiques des deux pays tous les quatre mois. Il y a la commission santé, pour conseiller nos compatriotes qui désirent aller au Maroc pour se soigner par rapport au choix des structures sanitaires, il y a une commission éducation qui fait la promotion des filières d’enseignement supérieur du Maroc dans notre pays, nous avons aussi une commission culturelle, développement rural qui s’occupe de l’agriculture, pour ne citer que celles-là.
Dans le cadre du raffermissement de la coopération entre les deux Etats, quels sont les actes posés par votre association ?
Nous avons eu à poser beaucoup d’actes. Par exemple, de 2009 à 2011, nous avons eu à mener plus d’une dizaine de missions de haut niveau du Mali vers le Maroc. Premièrement, nous avons voulu voir notre pays profiter des potentialités marocaines dans la production d’engrais car le Royaume chérifien est premier pays producteur d’engrais phosphaté au monde. Et après les calculs, il a été établi qu’avec les engrais marocains, le Mali peut faire une économie de 10 milliards de Fcfa sur ces achats d’engrais. Egalement, nous avons fait des missions avec le Pdg de l’office du Niger, le président de l’Apcam, avec aussi l’association faitière des paysans pour découvrir les potentialités de ce pays en termes d’engrais. Ils ont eu à visiter toute la chaine de production.
Nous avons aussi effectué une mission avec Api Mali pour attirer les investisseurs marocains au Mali. Dans cette mission, il y avait le président de l’Apcam, le Pdg de la Cmdt et le secrétaire général du Ministère de l’Agriculture.
Ce n’est pas tout. Nous avons eu à faire une mission avec le ministre en charge de l’Office du Niger pour voir aussi qu’est-ce que ce pays peut nous apporter dans le domaine du développement rural. Grace à l’Amama, le Maroc s’est engagé à faire l’étude des fertilités des sols, une étude qui coûte excessivement chère. Cette étude est en cours de réalisation.
Nous avons accompagné aussi beaucoup de missions religieuses à Fès (Maroc) car le Maroc est le fief de la Tidiania. Nous avons eu à conduire trois ou quatre missions religieuses dans ce pays. Sans compter que lors des deux dernières visites du Roi, l’Amama a fait une grande mobilisation. Et notre mobilisation a impressionné le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a même demandé qu’on en fasse autant lors de sa deuxième visite. Pour cette présente visite, allons mobiliser davantage nos membres et nos compatriotes afin de réserver au Roi un accueil digne de son rang.
Que représente la visite de Sa Majesté le Roi Mohamed VI pour vous ?
Cette visite représente le renforcement de la coopération que le Maroc, lui-même, veut avec le Mali. Les relations entre nos pays sont multi séculaires et n’ont jamais baissé de cap. Le Roi a eu à visiter le Mali à deux reprises en cinq mois entre 2013 à 2014, il n’a fait cela dans aucun pays africain. Et cela témoigne de son attachement pour notre pays. Et cette prochaine visite est une illustration parfaite de cet attachement.
Pour vous, c’est à cause de toutes ces raisons que le Mali doit avoir des relations privilégiées avec le Maroc ?
Evidemment, c’est pour valoriser tout ce passé culturel et économique. Tout le monde sait qu’entre le Mali et le Maghreb, il y avait ce commerce transsaharien si fructueux qui amenait le sel, l’or du sud vers le nord à savoir le Maroc. Et ces commerçants ramenaient les produits manufacturés du Maroc vers le sud. Pourquoi ne pas continuer ces liens séculaires, économiques, avec le Maroc pour que les deux pays en profitent ? Au Mali, nous avons besoin du potentiel économique du Maroc car le Maroc étant un pays émergent, a une expérience avérée dans beaucoup de domaines et nous à l’Amama, nous volons que le Mali profite de cela. La preuve, regardez tous les investissements marocains au Mali, dans les banques, dans les télécommunications avec Malitel, la santé avec le nouvel hôpital que le Roi va inaugurer….
Beaucoup d’Etats et d’organismes internationaux ont salué le retour du Maroc à l’Union africaine. Qu’en pense-t-on à l’Amama ?
Bien évidemment, ce retour, je l’appelle retour naturel car le Maroc fait partie des fondateurs de l’Oua, avec feu sa Majesté Mohamed V, feu président Modibo Kéïta, feu Sékou Touré… qui ont été les précurseurs de l’Oua avec le groupe de Cassablanca. C’est la suite de tout cela qui a donné naissance, le 25 mai 1963, à l’Oua. Si le Maroc décide de retourner aujourd’hui, c’est un retour naturel à applaudir des deux mains.
Et pourtant certains analystes soutiennent que ce retour est dicté côté marocain par des raisons économiques, à savoir pour préserver ses investissements sur le continent. Qu’en pensez-vous ?
Non. Il faut voir pendant les 32 ans ce que le Maroc a fait hors de cette Union, l’émergence du Maroc a été confirmée. Donc il émerge sans être dans l’Union africaine. Regardez tout ce que le Maroc fait en Afrique, notamment avec la Banque Attijariwafa Bank. Son réseau africain compte plus de 33 pays sur les 54 pays africains. Donc économiquement, le Maroc n’a pas souffert de son absence à l’UA. Je demande à cet effet aux gens qui tiennent de tels propos de revoir leurs copies.
Le Mali a besoin certes de soutien économique, mais nous avons un problème sécuritaire. Quel a été l’apport du Maroc pour le retour de la paix, de la sécurité dans notre pays ?
Je sais qu’il y a une volonté exprimée côté marocain pour aider le Mali, cela dans tous les domaines. Le Maroc a posé un certain nombre d’actes. Par exemple lorsque la crise de 2012 a éclaté, c’est le Maroc qui présidait le Conseil de sécurité des Nations Unies. Et c’est le Maroc qui a rassemblé le monde entier pour venir à la rescousse du Mali. C’est le Royaume chérifien qui est l’acteur de cette mobilisation mondiale au chevet du Mali. Ensuite, le Maroc a été le premier pays à envoyer une aide humanitaire dans trois avions cargo chargés de médicaments et de vivres, des équipements à destination de Bamako, mais aussi pour les réfugiés en Mauritanie, au Niger. Aussi un hôpital militaire de campagne a été envoyé ici par le Maroc pendant 100 jours et qui a permis de faire 52 000 consultations gratuites, des soins et des dons de médicaments. C’est du jamais vu !
Avez-vous un appel à lancer à nos compatriotes pour la visite du Roi ?
L’appel que nous lançons, c’est dire à nos compatriotes d’accueillir à bras ouverts Sa majesté le Roi Mohamed VI. Que le 20 février, nos compatriotes sortent massivement afin de l’accueillir jusqu’à sa résidence. Cela pour faire honneur à notre Djatiguiya. Car sa majesté le Roi Mohamed VI aime profondément le Mali. Les deux dernières fois qu’il est venu au Mali, il était prévu qu’il fasse trois jours pour chacune de ses visites, mais il a fait 5 jours pour chaque visite au lieu de trois. Cette fois-ci, il vient pour deux jours, on ne sait pas la suite. Ce sont donc des signaux très forts car il veut faire tant pour le Mali. N’oublions pas aussi que le Maroc a besoin aussi du Mali sur un plan économique car l’Office du Niger est là et le Maroc veut y investir. Le Mali a du coton, de l’or, du riz, de la viande. Tout ceci intéresse le Maroc et ça sera une coopération gagnant-gagnant.
Réalisé par Kassoum THERA