Pr Kalil Ouattara, chef du service urologie et unité du traitement de fistule au Ch Pont G : «Présentement, les 95% des femmes fistuleuses sont guéries avec la fermeture totale du trou»

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Grand réputé dans la lutte contre la fistule, le Professeur Kalilou Ouattara a accordé une interview à la rédaction de Ciwara-Infos. Il nous parle de ses débuts, des causes de la fistule et de la prise en charge des patientes. Enfin, il lance un appel à tous et à toutes en disant que la maladie urinaire, surtout la fistule n’est pas une maladie honteuse.

Ciwara-Infos : Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?

Professeur Kalilou Ouattara : Je suis le Pr Kalilou ouattara chef du service Urologie et de l’Unité du traitement de fistule au Centre Hospitalier Universitaire du Point-G.

Quel rôle joue le service Urologie à l’hôpital du Point-G?

Pr K.O : Notre service est spécialisé dans la chirurgie qui s’occupe de toutes les pathologies de l’appareil urinaire dans les deux sexes et de l’appareil génital mâle.

Parlant des pathologies de l’appareil urinaire, on entend beaucoup le nom du Professeur Ouattara dans la chirurgie d’une maladie appelée la fistule. Alors qu’est-ce que la fistule?

Pr K.O : La fistule est une pathologie de la vessie chez la femme. C’est une pathologie qui se manifeste par le fait que la femme perd permanemment les urines, elle ne peut plus contrôler ses urines. Cela est du au fait qu’il y a une communication entre sa vessie et l’extérieur à travers le vagin. Elle attrape cette pathologie dans les accouchements difficiles. C’est-à-dire, quand l’accouchement dure sans une rapide délivrance.

Depuis combien de temps battez-vous et votre équipe contre cette maladie?

Pr K.O : Aujourd’hui, tout le monde parle de fistule. Je me suis impliqué dans la prise en charge des femmes fistuleuses il y a plus de 30 ans. Comme j’étais revenu d’Europe à l’époque et je n’avais jamais vu de fistule car elle n’existe pas là-bas. Au début, il me fallait d’abord apprendre à connaitre le contenu même, les différentes entités de cette fistule. Parce que «fistule» est un mot généralisé. Sinon, il y a plusieurs variétés de fistule. Donc, il fallait comprendre ça et apprendre à l’opérer, à élaborer les principes de son opération, les techniques chirurgicales et voir ce que ça donnait.

Y a-t-il eu une évolution dans la lutte que vous menez présentement?

Pr K.O : Bien sûr que oui ! On a beaucoup évolué dans la lutte jusqu’à une maitrise de la question, aujourd’hui, ici au Mali sans aucune évacuation des patientes. Or avant, les gens pensaient qu’elle était une maladie qui ne se guérit pas. Présentement, les 95% des femmes fistuleuses sont guéries avec la fermeture totale du trou.

Alors cela veut dire que le Mali est à un niveau supérieur dans cette lutte contre la fistule. comment se fait la prise en charge des patientes?

Pr K.O : Le Mali fait figure de pionnier dans la lutte contre la fistule, aujourd’hui. Car, le gouvernement Malien à travers le ministère de la santé a mis en place un système pour la prise en charge des fistules même si elle n’est pas encore considérée comme une maladie sociale.

Avez-vous des partenaires étrangers qui vous aident?

Pr K.O : Nous avons évidemment des aides étrangères et moi j’anime les campagnes fistule au Mali et à l’extérieur au compte des Nations Unis, des ONG Américaines telles que Intra Heath, Engender Health etc…La seule structure francophone de formation dans la chirurgie de la fistule c’est au Mali, ici, au service d’urologie de l’unité de prise en charge de la fistule.

Au cours de vos interventions, rencontrez-vous des cas de complication ou des problèmes financiers?

Pr K.O : Non ! À la fin de toutes les interventions chirurgicales, l’arrêt total des fuites d’urines se réalise et la femme pourra trouver une miction normale comme les autres personnes avec la récupération de la vessie. Cela dépend du degré de la gravité de la maladie car sur les 95% guéries 80% sont complètement dans la situation normale sans complication. Nous ne rencontrons pas, pour le moment, de problèmes financiers pour prendre ces malades en charge malgré le peu de moyens. Et grâce à des fonds de Orange Mali, d’une ONG Suisse, de la coopération espagnole, du Rotary etc… ces derniers temps, on assure la prise en charge de 70 malades. Mais, on ne bénéficie d’aucune aide de l’OMS.

Avec toutes ces réputations et loyaux services que vous menez pour le Mali, la politique est-t-elle un dada pour vous?

Pr K.O : La politique c’est le concentré de l’économie, donc en tant qu’intellectuel on ne peut pas dire qu’on n’est pas intéressé ou ne pas être d’un bord politique. Et si c’est le cas, on a tort car c’est d’être indifférent de son sort et celui de la patrie. Tout bon citoyen doit être d’une opinion politique qui lui permet d’exprimer sa pensé et sa vision sur le devenir du pays.

De quel bord politique vous-êtes?

Pr K.O : Je suis de la sociale démocratie et le parti qui reflète cette idéologie au Mali c’est le RPM de IBK. Dans ce parti, je suis membre du bureau politique et je suis chargé de la santé.

En guise de fin de cet entretien, qu’est-ce vous avez à dire?

Pr K.O : comme mot de fin à la population malienne, je lance un appel à tous et à toutes en disant que la maladie urinaire, surtout la fistule n’est pas une maladie honteuse. Quand vous avez la fistule ou vous avez des parentes qui ont la fistule, n’hésitez pas à venir à l’hôpital pour que l’on puisse intervenir rapidement sans qu’elle ne vous handicape. Surtout que le Mali a, aujourd’hui, tous les moyens avec les personnels nécessaires dont moi-même en tant que professeur et non moins chef du service bien équipé avec mes assistants pour une bonne intervention chirurgicale. Aussi, le certificat d’étude spéciale en urologie est ouvert  pour la formation des urologues. et dans le service on n’a pas moins de quatre internes. Mon service élabore également des thèses des travaux et recherches sur les aspects de la pathologie urinaire au Mali. Alors nous restons disponibles et c’est très facile de nous avoir au Centre Hospitalier Universitaire du Point-G.

Réalisée par Dognoumé Diarra

MILITANTISME POLITIQUE DU PR OUATTARA

Notre entretien s’enivre !

Pour l’appel politique, nous savons tous que nos enfants n’étudient plus dans les conditions normales, il y a eu une année blanche. Et nous sommes conscients qu’il y a des causes et responsables en cela. Parce que quand nous étions à l’école ce n’était pas comme ça. Alors pourquoi c’est devenu comme ça? Il nous faut l’homme qu’il faut pour mettre l’école sur les rails. L’insécurité au nord est devenue un problème, on vient d’enlever des gens à Hombori et Tombouctou. La population n’est pas bien informée de la réalité qui se passe et cela n’est pas normal ! Alors je dirai aux Maliens que le candidat idéal pour mettre fin à toutes ces situations difficiles qui entravent le développement de notre pays est IBK. Parce que cet homme ne flirte pas le danger. C’est quelqu’un de décision depuis que je l’ai connu. Il a toujours été un homme de solution pour le Mali dans des situations difficiles.

D.Diarra

           

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