Elu le 30 décembre 2022 lors du 6ème congrès ordinaire du bureau exécutif national du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (Snesup) pour un troisième mandat de trois ans à la tête du Snesup, le Pr. Abdou Mallé a accepté de répondre à nos questions. Il s’est dit conscient de la mission qui lui a été confiée par ses camarades. Avant de promettre de ne ménager aucun effort pour améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. « Nul besoin de refuser la demande populaire. Parce qu’il faut être utile pour son pays, pour sa partie, pour son service encore pour sa famille. Si la demande populaire est là, cela veut dire qu’il y a des traces, des résultats », a-t-il déclaré. Il s’est aussi appesanti sur les priorités de son bureau et le financement de la recherche au Mali. De l’avis du Pr. Abdoul Mallé, ce nouveau mandat sera celui de la maturité pour capitaliser tout ce qui s’est passé, la préparation de la relève et la formation syndicale revendiquée.
Le Républicain : Bonsoir ! Qu’est-ce qu’on peut retenir du dernier congrès du SNESUP tenu du 29 et 30 décembre 2022 au sein de l’Institut national de Formation en sciences de la santé (INFSS) ?
Pr. Abdou Mallé : Oui, le jeudi 29 et vendredi 30 décembre 2022, nous avons tenu notre 6ème congrès ordinaire. Les deux jours nous ont permis de faire le toilettage de nos textes, à savoir : les statuts et règlement intérieur, les résolutions qu’on appelle cahier de doléances ; et de mettre en place un nouveau bureau exécutif national par voie démocratique.
Un bureau exécutif national du Snesup a-t-il été mis en place aux termes des travaux ?
Oui, vendredi, la mise en place du nouveau bureau a sanctionné la fin des travaux. Il s’agit d’un bureau de 15 membres. J’ai été donc reconduit pour le troisième mandat avec une commission de contrôle de 5 membres. Cette commission est chargée de veiller à la régularité des activités du bureau exécutif national du Snesup. Donc, c’est jusqu’en décembre 2025 que nous devons organiser le 7ème congrès ordinaire.
Quelles sont les priorités que les militants vous ont confiées pour ce mandat ?
Tout d’abord, ce que je dois dire au regard des petits remous qui se passent dans notre syndicat, il faut dire toute la vérité, depuis 2012, le congrès devrait avoir lieu. Nous avons mis à l’ordre du jour d’une assemblée tenue à l’ENI-ABT, ce point pour l’organisation de ce congrès. Mais vous serez d’accord avec nous que la base était dans les difficultés de nous laisser partir, puisque ce jour là, j’ai dis que j’aimerais me retirer. J’ai demandé la route ce jour. Mais la base n’a pas accepté. Même cette fois-ci, j’ai demandé la route, ils ont dit non. On était trois personnes. Ils ont accepté pour les deux personnes, à savoir pour le camarade Moussa Sangaré et le camarade Ahamadou Touré. Ils m’ont dit de continuer pour un troisième mandat avec des missions biens déterminées. Cela dit, vous êtes au courant qu’il y a un groupe de secrétaires généraux qui sont dans l’illégalité totale, qui a tenu un congrès extraordinaire qui est nulle et sans effet. Ils ont tenu une assemblée générale. Nous avons les actes de l’assemblée générale. Nous allons déposer une plainte auprès du procureur général pour que la loi soit dite et que ces camarades se calment, qu’ils soient raisonnables. Avec toute la manière, toutes les procédures ont été respectées dans l’organisation de ce 6ème congrès ordinaire. L’héritage que j’ai reçu, j’ai tenu à son respect. Et ça veut dire quoi ? C’est le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), c’est-à-dire le ministre de tutelle, qui procède à l’ouverture des travaux. C’est ce qui a été fait. Le congrès a eu lieu à l’INFSS. Après les mots de bienvenue du directeur général de l’INFSS, le Pr. Diallo, le ministre était là en personne, il a ouvert les travaux. Après, il s’est retiré. Le programme nous imposait de présenter le bilan, c’est-à-dire le rapport moral et financier. Ce que j’ai fait avec mon trésorier général. Après, c’est le rapport. Vous avez compris qu’il y a une commission de contrôle. Le président de la commission de contrôle a fait aussi son rapport. C’est comme ça, dans la procédure, que le bureau sortant à démissionné. On a mis en place un présidium qui a conduit les travaux jusqu’à la mise en place du nouveau bureau. Et à la clôture, le ministre s’est fait remplacer par son chef de cabinet. Je reviens là-dessus. Ça fait dix à onze ans que je demande la route. Mais nul besoin de refuser la demande populaire, parce qu’il faut être utile pour son pays, pour sa partie, pour son service, pour sa famille. Si la demande populaire est là, ça veut dire qu’il y a des traces, il y a des résultats. Illustration : pas plus tard que la fin du mois, on a eu l’alignement du nouveau salaire et le rappel de 16 mois. C’est quand même considérable dans les contextes donnés pour cela. Personnellement, je remercie les autorités. Puisque nous traversons un contexte très difficile, je l’ai dit, nous devons être à la disposition de notre partie, une partie que personne ne fera à notre place. Et ce n’est pas dans la distraction, ce n’est pas dans la division que nous pourrons faire notre pays. Les gens qui sont dans l’illégalité totale et qui veulent nous distraire, nous allons les remettre à la justice. Il faudrait que nous construisions, que nous soyons positifs, pas pour nos propres intérêts. Le syndicalisme demande du sacrifice, même l’autosacrifice. Donc, si la communauté universitaire a reconnu mon sacrifice, je ne fais que rendre grâce au tout puissant et à mes parents. Et la lutte continue pour construire notre pays, chacun à son niveau, et non à le détruire. Les camarades doivent comprendre que le Snesup n’aura pas deux têtes. Nous avons accompagné nos aînés. Voilà les jeunes frères qu’on a fait intégrer pour les hiérarchiser qui sont en train de dire :« dégager », alors qu’ils sont dans l’illégalité. Les enseignants sont la crème de la nation, nous ne devons pas nous comporter ainsi.
Pour les trois ans à venir, quelles sont les actions prioritaires que vous et votre bureau êtes fixées ?
D’abord, nous présentons le nouveau bureau au ministre de tutelle. La lettre a été déjà déposée. Au cours de cette présentation du bureau, c’est naturel, nous allons poser quelques doléances qui sont déjà connues. Elles sont au nombre de neuf revendications. La première priorité, c’est la réalisation de la prime de recherche qui est consignée dans l’article 34 du décret d’application du statut des enseignants chercheurs du 20 septembre 2017. Cette prime est prévue depuis 2017, mais elle n’est pas dotée. Ça veut dire quoi ? Il n’y a pas de chiffres. Nous devons aller à la négociation des chiffres pour faire appliquer cette prime. Il y a bien d’autres points, à savoir les points résiduels de notre mandat. Il y a la question de la signature de l’arrêté des 31 admis au test d’aptitude professionnelle du 14 août 2021. Egalement la question de la hiérarchisation des assistants et des attachés de recherches. Des arrêtés sont signés en faveur des attachés de recherches, mais avec beaucoup d’irrégularités. En pluis, nous attendons la signature des arrêtés pour des assistants. Ce point nous a pris quatre années de combat, à savoir le déblocage de la hiérarchisation. Depuis 2017-2018, c’était bloqué. Le président de la transition a signé le décret de déblocage le 20 septembre 2022. Les arrêtés sont sortis après. Il s’agit également de l’application de cette recommandation forte faite par le CNT (Conseil national de transition), par rapport à la prolongation de l’âge de la retraite pour les enseignants chercheurs seniors à 70 ans, comme dans certains pays de la sous région. Dans le même chapitre, la nouvelle grille indiciaire plafond 1650 n’est pas appliquée aux retraités enseignants chercheurs, alors que c’est un aspect statutaire. Les enseignants chercheurs qui sont à la retraite doivent avoir cette incidence sur leurs pensions. C’est statutaire. Entre autres, ce sont les points urgents dont on attend la satisfaction. Mais ce sera avec la manière et le respect de la loi.
Au-delà de ces priorités que vous vous fixez pour améliorer les conditions de travail des enseignants chercheurs du Mali, est-ce que vos actions iront dans le sens d’avoir du gouvernement, le financement de la recherche vu son importance dans le développement d’un pays ?
Oui, dans le cahier de doléances, la recherche vraiment est bien considérée. Il s’agit d’abord de l’acceptation d’une fiche individuelle à chaque enseignant chercheur pour booster la recherche universitaire. A chaque enseignant chercheur, il faudra accorder un budget de recherche de 7 millions par an. Pour la recherche, ce n’est pas de trop. Cela n’a rien à voir avec la prime de recherche. La prime de recherche est un encouragement à faire la recherche. Maintenant, les moyens de la recherche, nous sommes en train de dire comme ça 7 millions par enseignant chercheur par an pour réellement hisser la recherche au Mali. La recherche est vraiment à l’ordre du jour.
On a vu Mallé un, on a vu Mallé deux, qu’est ce que les gens, notamment votre base, peuvent attendre de Mallé trois ?
Bien. Mallé trois, je crois que ce sera le mandat de la maturité. Comme dans notre tradition, 1, 2, 3 est l’âge de la maturité. Je crois que nous allons capitaliser tout ce qui s’est passé et mieux faire. Déjà, on a un cahier de doléances bien fourni. C’est pour dire que nous continuerons à agir dans le cadre de la loi, pour le respect de notre fonction, de notre profession. Nous avons demandé à la partie gouvernementale de nous faire économie des grèves inutiles. Il y a eu dans le temps vraiment des grèves inutiles provoquées seulement par le sentiment d’une seule personne dans l’administration. Un jour de grève, nous savons ce que ça peut faire pour un pays. Toutes les parties doivent être très conscientes des conséquences de ce que nous allons poser comme actes pour l’avenir de notre nation. Je crois que Mallé 3 sera la phase de la maturité. Et également la préparation de la relève et la formation syndicale revendiquée. Je crois que j’ai cette mission.
Qu’avez-vous à dire au milieu universitaire en dernier mot ?
D’abord, je m’adresse à toute la nation malienne, à tous les concitoyens, pour présenter les vœux les plus sincères. Que l’année 2023 de notre syndicat, le Snesup, qui est également leur syndicat, nous apporte beaucoup de bonheur surtout la stabilité dans notre pays, par ricochet, la stabilité également dans tout le milieu universitaire et même dans l’arène politique. On souhaite que les élections se passent dans le calme total et dans la sérénité. Nous souhaiterons que le Mali avance et que tous les fils et les filles de ce pays contribuent à l’édification de notre pays. Nous demandons à nos jeunes frères de savoir raison garder.
Par Hadama B. FOFANA