En prélude au prochain congrès de l’ADEMA-PASJ finalement cadenassé, semble-t-il pour les 25 et 26 mai prochains, se pose avec acuité le choix du futur président du Parti. Celui ou celle qui aura la lourde charge de présider aux destinées de la ruche sera à n’en pas douter la personne qui sonnera oui ou non le retour de l’ADEMA aux affaires. De son bon ou mauvais choix dépendra l’avenir du Parti. Pour vous en édifier nous avons rencontré un homme assez pondéré, ancien président du RND qui a fondu dans l’ADEMA. Ancien ministre respecté de tous qui n’a pas sa langue dans sa poche, Me Abdoulaye Garba Tapo nous livre ici en exclusivité ses impressions son Parti et dresse pour la première fois le portrait robot de celui ou celle qu’il croit être en mesure de redorer le blason de l’ADEMA.
Journal InfoSept : Bonjour M. le Ministre, pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?
Me Abdoulaye Garba Tapo : Merci pour l’opportunité que vous m’offrez. Concernant ma modeste personne il y a en réalité peu de choses à dire. Je suis ressortissant de Mopti, avocat, enseignant et écrivain à mes heures perdues. Je peux aussi dire que je suis un homme politique au parcours assez original, d’abord au RDP de Almamy Sylla dont j’ai été successivement le Secrétaire Administratif puis le vice-président. Par la suite, avec certains camarades nous avons fondé le RND, et après la dissolution de celui ci je me suis retrouvé à l’Adema-Pasj. Comme fonction politique, je peux faire également cas de mon éphémère passage au Ministère de la Justice qui a vu mon limogeage après 18 mois d’exercice.
Journal InfoSept : Que pensez-vous de la candidature de Moustapha Dicko en tant que ressortissant de la même région (Mopti) que lui ? A-t-il le soutien de la région tout entière?
Me Abdoulaye Garba Tapo : Une candidature mopticienne à la Direction de l’Adéma ? Cette candidature d’un ressortissant de ma Région, si elle se confirmait, constituerait une agréable surprise pour moi et une bonne nouvelle pour toute la Région de Mopti. Ce serait une belle fierté pour toute le Région, un insigne honneur que celui de voir un des nôtres accéder à un tel niveau de responsabilité politique d’envergure nationale, chose qu’on a pas connue depuis nos illustres papas feus Baréma Bocoum et autres Hamanciré N’douré. Cela dit je parle de surprise puisque je viens de l’apprendre, et personne d’autre ne m’en a parlé, probablement parce que je compte très peu à l’Adema ou chez moi à Mopti où cette candidature éventuelle pourrait évidemment trouver des appuis bien plus probants que celui de ma modeste personne qui est loin de répondre aux sulfureux critères de l’Adémiste bon teint. Concernant le soutien de la région, vous voyez bien que n’étant pas dans le secret je ne suis pas la voix autorisée pour en parler. A mon humble avis c’est une question de détail car il s’agit de la Présidence d’un grand parti, et le soutien, fut il d’une région entière est loin d’être déterminant et peut même constituer un handicap si on n’est pas soutenu par des pans plus élargis.
Journal InfoSept : L’ADEMA est un Parti qui a toujours couvé des crises de leadership, à chaque grand choix le Parti a volé en éclat. C’était le cas avec le MIRIA, Le RPM, l’URD et l’ASMA et tout récemment avec le choix de Dramane Dembélé comme candidat du Parti aux dernières élections présidentielles. Que proposez-vous comme solutions pour sortir définitivement de cette crise ?
Me Abdoulaye Garba Tapo : Crise de leadership et conséquences des primaires aux dernières présidentielles? C’est bien le cas d’en parler car cette regrettable situation a créé des blessures qui sont loin d’être pansées et qui malheureusement risquent de s’envenimer avec le congrès à venir qui risque de voir apparaitre un bon lot de candidatures plus ou moins farfelues, à l’image de ce que nous avons connues à l’époque. Le parti est véritablement en crise, et c’est le moment crucial pour les uns et les autres de mettre en sourdine leur égo pour voir le seul intérêt du parti et se dire que c’est le moment où celui ci a le plus besoin de la cohésion de toutes ses forces et non d’aventureuses initiatives sans lendemain. Mais hélas c’est bien le contraire qui se produit. Cette situation n’est pas sans me faire penser à cette citation qui dit que:” lorsque le chêne est tombé, tout le monde devient bûcheron” C’est bien hélas le cas. Il faut dire que cette situation n’aurait jamais vu le jour, ni à l’époque, ni maintenant, si l’Adema avait eu ces dernières années à sa tête des dirigeants qui s’étaient imposés par leur charisme, leur autorité et leur sens des responsabilités. Bien au contraire, c’était et c’est toujours des Baronnets dont beaucoup se sont retrouvés à la tête du parti suite à un simple concours de circonstances et dont chacun pense que son tour est venu, sans se demander ce qu’il a pu faire de grand, ou même s’il possède les aptitudes et qualités pour diriger un parti. Certains, s’ils avaient de la jugeote, devraient plutôt s’inspirer des désastreuses conséquences de ces malheureuses primaires aux dernières élections présidentielles et là où elles ont conduit le parti aujourd’hui. Je ne pense pas réellement que cela ait pu être en quoi que ce soit profitable au parti qui au finish en est sorti très affaibli. Celui qui s’imposera dans ces conditions, en se prévalant non pas d’un quelconque parcours ou de réelles qualités personnelles mais seulement de ses moyens financiers, de sa fonction ou de ses prétendus accointances avec le parti au pouvoir, celui là devrait se dire que ce serait une victoire à la Pyrrhus car il ne sera jamais un chef reconnu et accepté. Ce dirigeant par défaut conduira simplement le parti au bord du gouffre et à sa désintégration, en poussant beaucoup de camarades à rejoindre l’original, c’est à dire le RPM dont notre parti ne serait désormais que l’ombre, ou même l’opposition. Dans tous les cas ils se retrouveraient à la tête d’une coquille vide et ne pourraient que s’afficher désormais que comme des simples figurants, des pantins que le RPM ne pourra que mépriser et manipuler à sa guise. Ces gens là au finish ne seront utiles à personne, ni surtout au Président actuel dont ils prétendent servir les intérêts et qui aura plutôt besoin d’un Adema fort et crédible. A bon entendeur. Espérons que ce report permettra aux uns et aux autres de prendre du recul et de comprendre la vanité de certaines initiatives.
Journal InfoSept : Le report du 5ième Congres ordinaire de l’ADEMA laisse encore du temps à votre Parti de faire son autocritique, en attendant, pouvez vous nous dresser le portrait robot du futur président de l’ADEMA ?
Me Abdoulaye Garba Tapo : Mon portrait idéal du nouveau Président du parti ? Une figure nouvelle, homme ou femme, pas forcément un néophyte, mais de préférence quelqu’un de chevronné au parcours plus ou moins irréprochable et dont la présence ne porterait pas d’ombre ou ne jetterait pas de discrédit sur le parti. Je n’en vois hélas pas beaucoup parmi tous ceux qui s’agitent et se voient naïvement à la tête du parti et qui, je l’espère, reviendront vite à la dure réalité en se disant qu’ils doivent revoir leurs copies et revenir dans les rangs. Ma figure nouvelle à moi a plutôt les traits d’une dame dont je ne sais pas si elle a des velléités de ce genre, ancien ministre et femme d’un ancien ministre. Ma candidate à moi s’était éloigné pour des raisons que je ne désapprouverait pas de la gestion du parti pour s’occuper d’une association qui, semble t-il, était la mère nourricière de l’Adema. Elle au moins, j’en suis sur, ne sera pas source de la moindre souillure pour l’image de notre parti et saura certainement faire en sorte que nous puissions retrouver notre bonne image ou le respect de la classe politique. Et puis ce serait une grande première que de propulser une femme à la tête d’un mouvement aussi important. A défaut, je me contenterai d’un homme pas du tout neuf, dont je n’apprécie pas particulièrement la façon de faire et à qui je ne délivrerai pas un satisfecit. Il a dirigé ce parti pendant une décennie et on connait ses limites, et ses qualités, dont le moindre n’est pas sa grande patience et peut être son ouverture aux critiques. On peut gager qu’à cause de sa grande expérience il ne nous mènera pas à l’aventure. Ce sera peut être l’occasion pour lui, maintenant qu’il a tout eu et ne pourra prétendre à plus rien d’autre qu’à une retraite tranquille, de se remettre en cause dans sa gestion du parti et de se comporter en véritable chef, visionnaire qui saura dans les cinq années à venir jeter les bases d’un nouvel Adema fort et respecté qui verra l’émergence d’une nouvelle race de dirigeants, militants dévoués et intègres, désintéressés qui ne penseront qu’au sort du parti et du pays, peu prêts à la compromission. C’est tout le mal que je souhaite à ce dirigeant pas neuf sur le retour, qu’il nous donne véritablement l’occasion de l’applaudir et de lui tailler une stature de grand chef à l’image de ceux qui l’ont précédé. Je demeure quant à moi persuadé que le parti a encore de beaux restes, et peut facilement rebondir et retrouver son lustre d’antan, à condition cependant de ne pas confier cette belle machine à des mains inappropriées.
Journal InfoSept : Êtes vous content de la gestion d’IBK des affaires publiques ? Que répondez-vous à vos militants qui disent que la place de l’ADEMA est dans l’Opposition ?
Me Abdoulaye Garba Tapo : L’Adema à l’Opposition? Ce n’est certainement pas moi qui me ferais le chantre d’une telle position, du moins au stade actuel des événements où le pays a besoin de toute sa cohésion. Je n’ai jamais caché ma préférence pour le Président actuel, et je l’ai soutenu au second tour avec plus que de la salive et de simples mots. Ce serait de juger et de paraître comme un de ces rats qui quittent le navire à la moindre alerte. Ce ne serait pas non plus une position honorable pour le parti qui doit rester fidèle à ses engagements, sinon cela rejaillirait négativement sur nous. Cependant pour moi soutenir la majorité ne veut pas dire être un parti godillot à la botte d’un autre parti, et cela pour de simples intérêts individuels et non pas ceux du parti ou du pays. Le parti doit affirmer sa présence, ne pas jouer au béni oui oui et ne pas suivre à la lettre et applaudir aux initiatives les plus hasardeuses, ce qui ne peut être qu’un plus pour le Président que nous prétendons soutenir. C’est après tout un être humain qui peut se tromper, et le loyalisme commande de lui souligner aussi ses erreurs et de l’appuyer avec force dans toute action salutaire pour le pays. Seul à ce prix le parti pourra être utile pour le pays et s’attirer le respect de nos partenaires politiques, et même de nos adversaires.
Journal InfoSept : Quelles sont vos impressions sur le journal infoSept ?
Me Abdoulaye Garba Tapo : InfoSept, un journal ambitieux et dynamique, plein d’originalité, dont je fais entièrement confiance à la jeune équipe de rédaction. Je suis persuadé que le journal trouvera sa place et saura relever les défis qu’il s’est fixés. Bravo.
Interview réalisée par le Chef du Desk politique M. Youssouf Sissoko
Opportunistes
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