Représentant résident de la Banque mondiale au Mali, Paul Noumba Um a fait également figure de chef de file des Ptf, lors de leur dernière rencontre avec les autorités maliennes, dans le cadre de la revue de l’aide budgétaire. Tout en relativisant sur l’ampleur des dégâts constatés par les différents rapports, notre interlocuteur estime qu’ils doivent être assez dissuasifs afin d’éviter que les mêmes comportements persistent.
Le Témoin : A écouter les autorités maliennes jubiler, Monsieur le représentant, on peut avoir l’impression que vous rougissez d’avoir inutilement soulevé un lièvre au Mali?
Paul Nouba Um : Je pense plutôt qu’il y a eu des préoccupations qui ont été exprimées de bon droit par un partenaire important, le Fonds monétaire international sur des éléments relatifs à la gestion des finances publiques. Ces préoccupations ont suscité des actions correctives du côté du gouvernement, qui ont permis, par la suite, à l’ensemble de la communauté des partenaires et au gouvernement lui-même de retrouver un commun accord sur la trajectoire de collaboration sur le volet appui budgétaire.
S’il y a eu mesures correctives, doit-on en déduire qu’il y a eu faute ?
Je dirais plutôt qu’il y a eu des manquements ou des imprécisions. Je prends pour exemple l’article 8 du décret sur les marchés publics, qui a été abondamment utilisé pour faire passer des marchés de gré à gré dans le cas de la défense, a été reprécisé avec des textes d’application adopté par le conseil des ministres. Lequel précise les conditions dans lesquelles on peut désormais utiliser cet article. Il n’y avait pas de faute mais un certain vide juridique qui permettait un certain nombre d’interprétations.
Quelle appréciation faites-vous alors du rapport du Vérificateur général ?
Ce qu’il faut retenir de cette histoire, c’est que le Mali a permis l’expression entière des institutions de contrôle externe -le Bureau du vérificateur général en est une- qui ont montré leur compétence, leur qualité et permis au pays de prouver au monde entier qu’il était en mesure de traiter un dossier de cette nature, d’y apporter les éléments de réponse appropriés. Je suis donc très fier de voir que c’est une institution malienne qui a fait l’audit. C’est la Cour suprême et sa section des comptes, c’est le Bvg, donc des institutions maliennes avec des maliens à leur tête et en leur sein, qui ont fait les audits. Pour le gouvernement, la chose extrême- ment positive à souligner, c’est l’indépendance qu’il a su assurer à ces institutions pour leur permettre de s’exprimer. Cela mérite qu’on le dise plus fortement.
Mais, il ne s’agit pas que de simples manquements ou imprécisions, mais des irrégularités que les rapports mettent en exergue, notamment celui du Végal.
Ils ont soulevé des manquements au vu de leur compréhension des textes et des procédures. Vous savez, il y a un Code de procédure, un Code pénal, un Code civil, mais au tribunal chacun utilise l’article à sa manière et sa compréhension. Je pense donc que le vérificateur, selon la compréhension qu’il avait de l’utilisation des textes en vigueur, a mis en évidence un certain nombre de manquements. Et, lorsqu’il y a eu une procédure contradictoire, lesdits manquements se sont transformés en questions. Je ne dis pas que tout ce qui est dedans a été transformé en questions, mais il y a eu une procédure contradictoire ayant permis aux parties impliquées d’apporter des clarifications. C’est cela aussi le travail d’audit. Quand un auditeur arrive chez vous, vous lui donnez l’ensemble des informations et les preuves qu’il apprécie en fonction des textes organiques qui encadrent l’activité.
Peut-on dire que vous êtes comblés par les résultats en tant qu’instigateurs des audits ?
Franchement, je le dis partout où besoin sera : ce qui s’est passé nous a montré que lorsqu’on a des institutions nationales compétentes, il faut leur faire entièrement confi- ance, il faut permettre à ces institutions-là de s’exprimer.
Les audits qui ont été faits, que ce soit celui du Bureau du vérificateur ou de la section des comptes de la Cour suprême, ont montré la qualité des institutions de contrôle maliennes. Je suis donc satisfait de ce travail. Mais, l’audit n’est pas une fin en soit car il ne fait que constater des faits.
Ce qu’il faut à présent, c’est de travailler à ce que les rapports d’audit ne soient pas simplement faits pour constater mais qu’ils soient relativement dissuasifs pour qu’un certain nombre de comportements ne puisse se répéter.
Propos recueillis par
Abdrahmane KEITA
merci monsieur des PTF pour ce éclaircissement 😛 😛 😛 vive IBK
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