Le magnifique est une figure promotrice du show-business Ivoirien. Révélé par la télévision en 2009, le désormais commandant Moriba parcourt les capitales africaines et occidentales pour imposer son talent de chanteur de Zouglou et de fin humoriste. De passage à Bamako, l’équipe de l’Enquêteur l’a rencontré le dimanche 04 novembre dernier dans l’un des espaces les plus chauds et plus huppés de la capitale «Le Stade de France» chez Eric Kalcio sis à la cité Unicef de Niamacoro.
L’enquêteur : Présentez-vous à nos lecteurs
Le Magnifique : Je m’appelle BAH Jacques Silvère dit le magnifique. Je suis humoriste-chanteur. Je viens de la Côte d’Ivoire. On m’appelle là-bas aussi le commandant Moriba par rapport à l’actualité qui y a prévalu.
L’enquêteur : Mon Commandant. Votre parcours ?
Le Magnifique : Eh ! En Côte d’Ivoire, Je chantais, je faisais du Zouglou comme Magic Système, comme Yodé et Siro. Mais moi, je suis de nature joviale. Je suis quelqu’un qui aime rigoler et faire rire les gens autour de moi. Mais je ne savais pas qu’un jour j’allais faire de ça mon métier. Jusqu’à ce qu’un arrangeur m’a incité à tenter l’expérience. Un jour il perdra maman. Aux funérailles, il insista à ce que je fasse de l’humour à la place de la musique. Je me suis entêté à chanter et j’ai remarqué que les bâches se vidaient alors je me mis à faire un peu d’humour. Ce fut un grand succès. Les invités étaient si bien dans leur peau qu’ils me donnèrent beaucoup d’argent. Dès lors j’ai commencé à fréquenter les radios de proximité à Abidjan.
L’enquêteur : C’était en quelle année ?
Le Magnifique : En 2005. Et après cela, la RTI, la télévision ivoirienne, m’a révélé au grand public en 2009. C’est ainsi que tout est parti. Mais avant cette grande révélation, je faisais l’humour dans les mariages, dans les baptêmes, enfin dans toutes les manifestations.
L’enquêteur : Le Magnifique aborde surtout les thèmes relatifs aux femmes, à la vie de couple, et souvent s’exprime dans un français ivoirien qu’on appelle le ‘’Nouchi’’. Pourquoi ?
Le Magnifique : Vous savez nos sociétés africaines d’aujourd’hui engorgent le ‘’Nouchi’’’. Un langage qui se créé spontanément. Et la majorité de nos populations s’expriment avec. Alors je m’en sers pour faire véhiculer des messages de notre vie quotidienne.
L’enquêteur : Et depuis vous êtes devenu le commandant Moriba ?
Le Magnifique : Rires… Je suis devenu commandant par rapport aux événements qu’a connus mon pays. Il y avait beaucoup de commandants FRCI. Donc j’ai incarné ce personnage pour décrisper l’atmosphère. Pour soulager la souffrance des ivoiriens et par de-là, la souffrance des africains à travers le personnage du commandant Moriba FRCI. Un tube qui m’a propulsé dans la sous-région et en Europe. Je remercie le commandant Moriba.
L’enquêteur : Pourtant beaucoup de vos fans se sont inquiétés pour votre sécurité ?
Le Magnifique : Oui, c’est vrai je le confirme. Les rumeurs couraient dans toutes les capitales, que les FRCI m’avaient bastonné, voire que j’ai été admis dans un hôpital des suites des coups et blessures que j’aurais reçus. D’aucuns pensaient que j’étais même en exil. Mais je vous rassure qu’il en était rien. Absolument rien. Les gens disaient qu’ils allaient me frapper. Alors que ceux à qui on prêtait ces intentions étaient les plus grands fans du morceau. Ils en faisaient la sonnerie de leur portable. Ils l’écoutaient dans leurs voitures, dans les casernes, dans les camps.
L’enquêteur : Il faut dire que tu avais pris un risque ?
Le Magnifique : Parler de risque, peut être. Mais moi, je me disais que c’était une réalité du moment. Parce qu’après tout ce qu’on a vécu, l’élément apparent était les FRCI, Forces républicaines de Côte d’Ivoire. C’était la nouvelle armée. Une grande première pour les ivoiriens. Les premiers qui arrivaient étaient dans des accoutrements auxquels on n’était pas habitués par rapport aux FDS. Les FRCI avaient des gris-gris, des queux de cheval, ils avaient des chaussures en plastique qu’on appelle les ‘‘Lèkin’’, etc. En tout cas, ils avaient des uniformes qui sortaient de l’ordinaire. Mais aujourd’hui tous s’habillent bien. En fait c’était juste pour déstresser la situation. Pour tenter de banaliser la situation parce que l’atmosphère en Côte d’Ivoire, je vous jure, en ce moment, était trop tendue.
L’enquêteur : Qu’est-ce qui fait la différence entre le Magnifique et les autres artistes ivoiriens ?
Le Magnifique : Humoriste et chanteur. Mes textes sont originaux et collent à l’actualité du moment. Que ce soit les chansons ou les sketches, tout est comique, tout le monde s’y retrouve et le public en raffole. Pour dire que, pour moi, l’humour et la chanson sont les deux faces d’une feuille dont l’humour est le recto et la chanson le verso. On ne peut pas couper la feuille sans dissocier les deux parties.
L’enquêteur : Ce style-là, est-il particulier ou populaire en Côte d’Ivoire ?
Le Magnifique : Particulier ou populaire ? Je voudrais dire qu’en Côte d’Ivoire, les gens touchent à un peu de tout. Mais j’ai voulu plus mettre l’accent sur la musique parce que tous les humoristes ne sont pas chanteurs. Par contre moi, je suis chanteur avant d’être humoriste. Vous savez les blagues on peut les raconter verbalement en parlant, mais on peut les faires à partir des chansons. Remarquez les chansons comme ‘1er Gaou n’est pas Gaou’, ce sont des histoires qui font rire mais au-delà, on a des enseignements. Donc je peux dire que l’humour a deux aspects. Un aspect ludique, c’est-à-dire le divertissement et un aspect didactique, à savoir les enseignements et leçons qu’on en tire. Fort de cela, je chante et je fais de l’humour afin d’apporter plusieurs cordes à mon arc.
L’enquêteur : Profitant de votre temps de prestation à l’espace culturel «le Stade de France Village» chez Eric Kalcio, vous avez voulu mettre les points sur les i, entre la musique Zouglou et le Coupé Décalé. Dites-nous, où se situe la différence ?
Le Magnifique : Oui, tout à fait. Dans ce combat entre le Zouglou et le Coupé Décalé., on a remarqué que le zouglou est plus messages, conseils, textes, paroles et mélodies, par contre le coupé décalé est plus ambiance, plus danse, la joie et la gaité. Les zougloumen chantent bien, mais quand on fait le point, ce sont les DJ qui ont l’argent. Si vous allez à Abidjan aujourd’hui, un DJ à la rue Princesse peut être payé à 300.000 ou 500.000 FCFA sans l’argent de ‘travaillement’, c’est-à-dire le don qui leur est fait pendant les spectacles. Il y a des DJ qui ont des voitures qu’on appelle Hummer, notamment DJ KEDJEVARA, DJ ARAFAT, DJ LEO…
L’enquêteur : Comment est-ce que Magnifique se projette dans l’avenir ?
Le Magnifique : L’humour, c’est mon métier. Je vis de ça. J’ai beaucoup de projets en Europe notamment, intégrer le ‘Jamel comédie club’. Faire des tournées à travers le monde. Je compte créer mon propre festival. A la longue avoir ma propre salle de répétition si Dieu le permet.
L’enquêteur : Quelques grands noms du milieu qui ont inspiré ou influencé positivement ta carrière?
Le Magnifique : J’ai eu la chance de fréquenter un grand monsieur comme Adama Dahico qui m’a franchement ouvert les yeux. Il a organisé un festival d’humour avec des ateliers de formation pour les humoristes en herbe, auquel j’ai participé. Adama Dahico a écrit un recueil sur l’humour, j’en ai fait de même. Ma publication s’appelle le ‘‘Best of du Magnifique’’. Dahico a fait un ONE MAN SHOW d’humour, moi aussi. Bientôt je vais incarner les DJ. On va m’appeler les 20.800 tonnes de bruit. Parce qu’on dit que les DJ font du bruit, mais ce sont eux qui ont l’argent. Merci Bamako.
Ange De Villier
Du courage “Le Magnifique”! C’est bien d’avoir une activité ludoéducative pour distraire le peuple tout en l’éduquant.
Bonne chance! Que Dieu guide vos pas vers plus de succès et le bonheur.
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