Ousmane Samassékou, cadre de l’URD à propos de l’occupation de Kidal par le MNLA : « On ne pas soutenir un groupe qui revendique la partition du pays »

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A moins de 75 jours de l’élection présidentielle, la ville stratégique de Kidal est toujours sous le joug du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Pendant ce temps, l’arbitre mondial qu’est l’ONU vient de décider de l’envoi de 12.600 nouveaux combattants pour la pacification du nord Mali afin de permettre la tenue des élections. Les partis politiques, eux, multiplient les initiatives pour faire des réglages avant la  dernière ligne droite. Nous avons tenu à rencontrer Ousmane Samassékou ingénieur forestier de formation reconverti en homme d’affaires après un passage dans la fonction publique malienne. Il nous livre ici ses impressions sur certaines questions brûlantes de l’actualité de notre pays.

 Le matinal : Le Conseil de sécurité des Nations unies vient de voter à l’unanimité le déploiement de 12 600 casques bleus au Mali. Quel est selon vous l’enjeu d’un tel vote ?

 Ousmane Samassékou : C’est une très bonne chose pour le pays parce qu’on a besoin d’une stabilisation dans le temps. Le Mali, notre pays, est en état de guerre.  Les autorités ont décrété l’Etat d’urgence. Aussi, pour la première fois, les Etats unis doivent combattre, en cas de nécessité. Je crois que c’est une première, c’est le Mali qui gagne.

 

Le matinal : L’URD a-t-elle une position par rapport à ce déploiement massif ?

 Ousmane Samassékou : Tout citoyen malien, qu’il soit politique ou d’un autre bord, doit être d’accord avec cette situation parce que nous venons de très loin. Le Mali a raté le coche.  Aujourd’hui, nous avons 12.000 hommes, c’est une chance pour le Mali. Ils seront là jusqu’à ce que nous retrouvions la paix et pouvions circuler librement sur le territoire malien sans aucune crainte, toutes choses qui permettront d’enterrer définitivement la rébellion malienne.

 

Le matinal : Il y a quelques jours, la CEDEAO déclarait qu’il y n’aura pas d’élection tant qu’une partie du territoire malien sera sous occupation. Or, Dioncounda Traoré Président par intérim du Mali et le ministre français de la Défense Jean Ives Ledrian sont formels que les élections se tiendront. Que répondez- vous aux allégations des responsables de la CEDEAO ?

 Ousmane Samassékou : J’ai écouté et même lu ce que Désiré Ouédraogo le président de la commission de la CEDEAO a dit. Je suis de ce côté. Si nous partons aux élections, c’est avec tous les Maliens sans exclusive. J’espère qu’il y ait un miracle d’ici le 15 mai, que Kidal soit libérée, que les terroristes soient chassés, que ceux qui veulent devenir maliens le soient sans armes et que nous pouvions circuler librement sur le territoire. L’avis de tout homme responsable, c’est qu’on ne souhaite négocier avec aucun groupe armé terroriste à l’intérieur de notre territoire, qui se dit malien mais qui a une arme. Je suis d’accord avec Désiré qui dit qu’on ne peut pas faire le vote s’il y a une ville malienne qui est sous occupation. Aussi, je crois en mon gouvernement transitoire, je crois ce que dit le président de la République par intérim de même que le ministre français de la Défense. S’ils disent que Kidal sera libéré d’ici le 15 mai, bon vent ! Que l’autorité légitime malienne retrouve sa position d’antan, il n’y a pas de raison que les élections ne se tiennent pas au Mali, dans des conditions libres et crédibles.

 Le matinal : Face à la situation au nord de notre pays, les autorités provisoires ont décrété l’Etat d’urgence qui vient d’être encore prolongé. Cette prolongation n’entache-elle pas la campagne électorale de certains candidats comme Soumaïla Cissé qui reste quand même l’un des grands favoris de la présidentielles de juillet prochain ?

 Ousmane Samassékou : L’état d’urgence l’avantage, c’est pour empêcher le désordre. Je suis favorable à l’état d’urgence. Je crois que ceux qui ont pris le soin de proroger l’état d’urgence savent qu’il y a les élections et qu’ils vont prendre des mesures suffisantes pour que chaque candidat puisse faire son travail par rapport à son programme électoral et protéger les candidats. Cela est un droit pour chaque candidat de battre campagne dans les médias, d’aller à Kidal ou ailleurs. Du 6 juin la fin de l’Etat d’urgence aux élections prévues pour le 7 juillet, les candidats auront un mois ferme pour mener leur campagne. Je crois que les gens ont tendance à faire des pré – campagnes avant l’ouverture des campagnes. Cela est interdit par la loi. Je crois que l’intervalle réservé est de droit.

Le matinal : L’URD sera-t-elle d’ici – là prête pour aborder la dernière ligne droite des élections ?

 Ousmane Samassékou : L’URD sera prête, très prête, elle est favorite, elle le sera davantage. L’URD n’est dans un espace différent des autres partis politiques, son candidat est dans le même espace que les autres candidats. C’est comme dans un match de football : qu’il pleuve qu’il neige ou qu’il vente, les deux équipes sont sur le même périmètre, sur un pied d’égalité prête à découdre.

 

Le matinal : Que pensez- vous de la position du MNLA à Kidal ?

 Ousmane Samassékou : Le MNLA est à chasser. Je mesure ce que je dis. Il faut la chasser sans sa forme guérilla, dans sa forme rébellion, porteur d’armes. On ne pas soutenir un groupe qui revendique la partition du pays car le Mali est Un et indivisible. Ce que je conseille au MNLA, c’est de mettre une croix sur leur L et de s’ériger en formation politique pour la conquête du pouvoir et non chercher à diviser le Mali.

 

Le matinal : De plus en plus, des Maliens pensent qu’il donner un statut particulier à Kidal. Que répondez- vous ?

 Ousmane Samassékou : Je ne souhaite aucune situation particulière à Kidal, sincèrement. Qu’on se trouve à l’est, l’ouest, au nord, au sud, on est au Mali. Si vous attribuez une situation inédite à une partie du territoire, que feriez-vous quand les autres parties se soulèveront ? Vous serez déjà pris dans votre propre piège en créant une jurisprudence. Que l’on soit à Mopti, Ségou, Kidal, Gao, Sikasso, j’en passe, mon avis est que tous les Maliens soient libres, égaux en droit et en devoir et devant les charges publiques.

 Le matinal : Que pensez- vous de la gestion actuelle des pouvoirs par les autorités transitoires ?

 Ousmane Samassékou : Cette gestion comme tout gouvernement transitoire n’est pas facile. Ce n’est pas comme une autorité légitimement et légalement installée. Le gouvernement actuel est en train de travailler sur fond de guerre. Je remercie toutes les structures qui militent pour la paix au Mali à commercer par la CEDEAO, la France, les forces MISMA sans oublier notre gouvernement qui s’est fait le devoir de construire la paix afin que le Mali recouvre sa liberté à part entière.

 Le matinal : Que pensez vous de la contribution des Maliens à l’effort de guerre ?

 Ousmane Samassékou : Les Maliens ont donné ce qu’ils peuvent. Depuis le coup, cela fait un an que le Mali vivait en autarcie avec les deux tiers du pays occupés. Donc les Maliens étaient déjà fatigués avec le coût de la vie. Le Malien n’avait plus de ressources, les hommes d’affaires dans une situation de non activité. Paysans, éleveurs, agriculteurs, administration, opérateurs économiques, tout le monde a apporté ce qu’il peut. J’aime mon pays, si je peux, je lui en apporterai davantage. Sur le plan de la contribution proprement dite, le ministre des Finances parle de deux milliards de FCFA sans évaluer l’appui en nature. On peut donc affirmer que les Maliens ont fait de gros efforts. Mais nos amis ont fait plus que nous car on affirme que le Tchad est à 56 milliards de FCFA, la France à 1.000 milliards FCFA. Mais les Maliens ont fait ce qu’ils peuvent dans la mesure de leur possibilité malgré la crise.

 Le Matinal : Votre mot de la fin

 Ousmane Samassékou : C’est de faire des bénédictions pour ce pays et priez le Bon Dieu pour qu’il y ait la paix, la tolérance, l’humilité Que tous les Maliens comprennent qu’on soit du sud, du nord, de l’est ou de l’ouest, qu’on est les mêmes, que nous sommes dans un pays honorable. Nous devons nous serrer la main et tourner dos au passé. Il faut se donner la main pour affronter d’autres types de guerre que sont la pauvreté, les maladies infantiles, l’éducation de nos enfants, la santé de la mère et de l’enfant…Le Mali doit aller en guerre pour son propre développement, pour l’emploi des jeunes.

 

Réalisée par Issiaka Sidibé

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1 commentaire

  1. S’il vous plaît, arrêter de pleurnicher tout le temps!Débrouillez-vous, pour aller libérer Kidal. Ou bienn attendez-vous que la France le fasse à votre place? Je n’ai même plus envie, d’aller sur maliweb. On en a marre d’écouter ou lire, toujours, la même chose, non? Sacrifiez-vous un peu! Faites le premier pas, on verra la suite. Ce n’est plus une question de djihadistes ou de térroristes, voyons!

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