Oumou Ahmar Traore : Ecrivaine malienne : “Il y a eu des femmes leaders au Mali et il y a en actuellement”

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Mme Oumou Ahmar Traoré
Mme Oumou Ahmar Traoré

Engagée dans la lutte pour l’épanouissement de la femme, écrivaine, épouse d’ambassadeur et  mère de famille, Oumou Ahmar Traoré est une battante. Dans l’entretien qui suit, elle nous parle de son combat, et des défis multiples dont la cohésion sociale qu’il faut relever.
Bamako-Hebdo : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs?
Oumou A. Traoré : Je suis écrivaine malienne;  mariée, mère de  deux filles et d’un garçon. J’ai un DEA en études féminines ( Gender Studies)  obtenu en 2000 à  Paris 8  en France  après  un baccalauréat littéraire au Lycée de jeunes filles de Bamako, une maîtrise en droit  en 1988 à l’ENA d’Alger , un  diplôme de perfectionnement en journalisme de la presse écrite obtenu à l’Institut International de Journalisme de Berlin,( IIJ) et  de nombreuses autres formations au Mali et ailleurs. Je suis auteur, du roman Mamou, Epouse et mère d’Emigrés paru en  2007 aux éditions Asselar
Vous êtes engagée dans la lutte contre toutes les formes d’injustice,  à l’égard des plus vulnérables surtout les femmes, dites nous comment vous êtes arrivée à ça?
Je peux dire  depuis le lycée  mais de façon empirique. Je me rappelle le titre de mon premier article dans  Tabalé, la revue littéraire du lycée de Jeunes filles, c’était ” la Femme et l’adoption “. Des années plus tard, en 1991 précisément, cela  a pris corps à travers des articles  de presse  d’abord en tant que  journaliste reporter  et ensuite rédactrice en chef du magazine des jeunes Grin-Grin. Sur  le terrain tout en  en accomplissant son métier dans les règles, la journaliste devient un témoin ou servir des causes par sa plume.
Véritable drame des temps modernes ,  au moyen de  l’écriture il m’a été possible de raconter  la souffrance des migrants, celle de leurs épouses et enfants , et aussi l’impact  des questions de migration sur les relations interétatiques, d’où  le  roman  qui fut favorablement accueilli  par les lecteurs auxquels je rend hommage . Depuis lors, je pense que l’on fait un peu  plus attention  aux  épouses des migrants,  leurs enfants et leurs mères jadis oubliées dans nos villes et campagnes.  La lutte à travers l’écriture continuera à travers un autre livre et  les réseaux sociaux aussi tels  Musow  au Mali et  bien d’autres. Ici en Espagne, la crise sévit, nos compatriotes migrants en ressentent les effets, à travers la fondation Mujers por Africa (Femme d’Afrique)   nous sommes en train d’étudier les possibilités de soutien  à apporter aux femmes maliennes.
 Quels sont les défis des femmes du Mali ?
Les défis sont multiples mais les plus urgents  sont d’abord la cohésion, la convergence de vues autour d’une cause.  Unies, elles formeront un groupe compact, solide qui résistera à la peur, aux pesanteurs sociales et qui forcera le respect. C’est parfois très éprouvant  d’entendre les femmes crier à  l’injustice et à la marginalisation politique.

Pourquoi devraient -elles sempiternellement signaler leur présence à travers des lettres de rappel ou de protestations ?
Elles ont des mérites qui ne demandent qu’à être davantage démontrés pour devenir incontournables. Cela exige à  ce que nous  soudions nos rangs de l’intérieur d’abord avec nos sœurs et nos filles de tous horizons, avec  des hommes qui croient   aux droits et au bien être pour  tous  , ensuite marcher d’avantage avec les femmes et les hommes d’autres continents partageant les mêmes idéaux.. Evidemment tout ceci nécessite de l’engagement, de nouvelles expériences  et  un encadrement plus accentué.  Il  y a eu des femmes leaders au Mali, il y a en  actuellement, elles font un travail, remarquable mais leur nombre reste faible par rapport à l’ampleur des défis.
Si vous devez juger la promotion de la femme au Mali, que diriez-vous ?
Oumou A. Traoré : J’ai eu le privilège de servir au  Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en  qualité de responsable de la communication de  2005 à 2010, et j’ai pu assister à la naissance de la Politique Nationale Genre du Mali (PNG). J’y ai vu défiler la crème  de la couche féminine mais aussi les anonymes, les aphones, les frileuses. C’est  comme un laboratoire, une clinique où l’on peut prendre le pouls des femmes, entendre en profondeur leurs souffles, écouter leurs angoisses et leurs attentes. Certes  des efforts louables ont  été progressivement consentis sur le  plan  politique en faveur des femmes surtout ces vingt dernières  années, le département en charge de la question œuvre de son mieux avec ses moyens limités, mais les attentes  restent grandes. De Nara  à Ménaka, des villages de Kadji à Dondoli, de  Fangouné et Tondibi, la femme malienne aspire d’abord à la sécurité  familiale, environnementale et économique.
Ensuite elle veut  s’instruire,  éduquer , nourrir , soigner et  vêtir dignement ses enfants, accéder aux soins médicaux,  recourir  librement  à  la contraception ,avoir droit à une grossesse suivie, accoucher sans danger, être protégée contre les violences conjugales et  participer à la vie publique. Comme  vous pouvez le constater, le chantier est très grand,  fortes sont les attentes. Différents mouvements associatifs féminins  ainsi que les partenaires extérieurs  du Mali accomplissent  un travail remarquable depuis plusieurs années mais il reste toujours à faire. La satisfaction  de la majorité des points  ci-dessus énumérés  permettra  de réaliser un vrai bond dans le domaine de la promotion   des femmes au Mali.
Entretien Réalisé   par Fatoumata   Mah Thiam KONE

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4 COMMENTAIRES

  1. Bon courage ma soeur. Je chercherai ton roman pour découvrir le contenu.
    Ta soeur T.T. depuis dakar, tu vas comprendre c’est qui. Toutes mes félicitations. A bientôt.

  2. Le combat pour l’emancipation de la femme est noble. je veux voir l’interdiction de la polygamie au Mali. J’aimerais egalement que la moitie’ du parlement et la moitie’ du gouvernement soient constitue’es de femmes. On ne doit pas hesiter a’ nommer des femmes aux postes importants.
    Cela fait 52 ans que nous avons des hommes comme dirigeants et nous savons le resultat. Il est temps d’avoir une participation totale de la femme malienne a’ la gestion de notre faso. JE DIS BIEN UNE PARTICIPATION TOTALE ET NON SYMBOLIQUE!

    • Faut pas oublier qu au mali ,les femmes n ont pas etees oublier ces 20 dernieres annees, elles ont ocupees des grands postes, on eu une femme ..premier ministre….?
      Donc il ya eu progres sur ce cote…

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