Imam de la mosquée communément appelée « Mosquée Touré » de Kabala, Elhadji Alhousseyni Touré s’insurge contre l’opération de déguerpissement des grandes artères et voies publiques par le Gouverneur du District ; une opération qu’il qualifie : « Opération d’humiliation et de promotion du chômage »
Le Démocrate : Pouvez-vous vous Présenter aux lecteurs ?
Elhadji Alhousseyni Touré : Louange à Dieu, Seigneur de l’univers. Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. Je me nomme Alhousseyni Touré ; j’ai fréquenté l’école Franco-arabe notamment à Sikasso, Koulikoro et Bamako.
J’ai également suivi des formations en Algérie et en Arabie-Saoudite.
Aujourd’hui, je suis l’Imam de la mosquée communément appelée « Mosquée Touré » de Kabala.
Depuis quelques mois, le gouverneur du District de Bamako a lancé une opération de déguerpissement des grandes artères et voies publiques de la capitale. Que pensez-vous de cette opération ?
Tout d’abord, je dirais que le moment n’est pas opportun et que la manière est barbare. Vous savez, le Mali est un pays pauvre dont la majeure partie de la population vit du commerce informel. Composé, majoritairement, de vendeurs ambulants, ce commerce permet à beaucoup de jeunes (diplômés et sans diplômes) de gagner leur pain quotidien, de contribuer dans leurs familles respectives, de se marier et aussi de contribuer dans la caisse communale. Chose qui permet au pays de souffler et de réduire les mécontentements sociaux. Avec la crise socio-économique et militaire que connait notre pays, avec la mauvaise gestion du pouvoir actuel, s’attaquer à ces pauvres commerçants relève d’un manque de considération notoire pour ce peuple, qui, il faut le rappeler a voté à plus 77%/ pour le Président de la République.
C’est pourquoi, Monsieur le journaliste, j’appelle cette opération « opération d’humiliation et de promotion du chômage ». Au lieu de créer de l’emploi, le régime a créé des chômeurs ; au lieu de prôner la religion, il s’est détourné de la religion ; au lieu d’aider les pauvres, il les a humiliés. Or Dieu dit « Les pauvres sont mes amis, quiconque s’attaque à eux encoure ma colère ». Dans le même ordre d’idée, le Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui) dans l’un de ses hadiths, dit : « Il n’y a pas à obéir à un créateur alors qu’on enfreint les prescriptions du créateur »
Au gouverneur de savoir qu’en obéissant à la volonté du président Ibrahim Boubacar Keita elle s’attaque à Dieu et elle encoure la colère Divine et la colère de Dieu est Dure.
Quel appel avez-vous à l’endroit des citoyens ?
Je demande à la population d’être unie. Vous voyez que les autorités se permettent des choses de ce genre c’est parce que les citoyens ne parlent pas d’une même voix. Nous devons mettre fin à la division et dénoncer ensemble les actes injustes du gouvernement.
Ainsi, sachant qu’il y’a un peuple uni et vigilent, le pouvoir fera attention et consultera le peuple dans les prises de décisions, toute chose qui contribuera à l’établissement d’une justice sociale.
Quel appel lance-vous aux autorités ?
Vous s’avez un jour Dieu dit : Pharaon, je cite « tu as le pouvoir aujourd’hui, mais le monde n’appartient point. » Que le gouvernement sache que chaque pouvoir a une fin, que s’il continue sur ce chemin aucun d’entre eux n’aura un bon sort.
Un adage de chez nous dit : « l’erreur n’est pas grave, mais persister dans l’erreur c’est ce qui est pire.» Au gouvernement de revenir à de meilleures visions, car il n’est pas trop tard, afin d’éviter à ce pays un soulèvement populaire, chose qui se pointe à l’horizon.
Que Dieu nous en préserve. Amen
Entretien réalisé par Moussa BOUARE