Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le nouveau secrétaire général du comité syndical du Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa) Madani Camara donne plus de détails sur leur comité syndical, notamment leurs relations avec la direction, les acquis et les prochains défis à relever pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de leurs membres.
Aujourd’hui : Depuis quand votre comité a-t-il été porté sur les fonts baptismaux ?
Madani Camara : Ce comité a vu le jour 29 décembre 2016. C’est un nouveau bureau mis ne place par le personnel de ce service. Nous nous sommes donné pour mission de défendre les intérêts des travailleurs.
Et pourtant, en 2015, un nouveau comité avait été mis sur pied. Deux syndicats pour une structure comme le Fafpa, n’est-ce pas trop ?
Effectivement, un comité a été mis en place en 2015, mais malheureusement ce comité a multiplié les gaffes et le personnel a décidé de prendre ses responsabilités en récusant le bureau de ce comité, tout en en mettant en place un nouveau bureau.
En parlant de gaffes, vous faites allusion à quoi plus concrètement ?
Ce que nous reprochons à l’ancien comité, c’est que depuis sa mise en place, il n’a pas pris langue avec la base. Depuis juillet 2015 jusqu’à sa dissolution, ce bureau n’a pas tenu une réunion avec le personnel. Pire, la première fois que nous avons entendu parler de notre propre comité syndical, c’était dans la rue. Ensuite, ledit comité a envoyé des mails dans nos boites contenant un document de 12, voire 14 pages. Cela, en dehors des heures de service. Le document évoque d’autres problèmes qui n’ont rien à voir avec nos préoccupations. Et à notre grand étonnement, nous travailleurs du Fapfa, avions été les derniers à recevoir ce document car le comité syndical l’a ventilé au Département et à d’autres structures, avant de nous informer par mails. Nous étions tous étonnés car un syndicat responsable ne travaille pas de la sorte. C’est partant de ces constats que j’ai rencontré le secrétaire général du comité syndical pour lui dire de changer de méthode et de stratégie de travail. Je lui ai conseillé d’aller vers la base, de les écouter avant de prendre une décision ou de faire quoi que ce soit. D’ailleurs, cet avis était partagé par presque tous les travailleurs de la boite. Mais malheureusement, le comité syndical a continué d’agir en solitaire. C’est en ce moment que la rupture est intervenue entre le personnel et ledit comité car nous avions compris que ce bureau est là pour d’autres missions et a d’autres mandats qui ne sont pas ceux des travailleurs. Ils ont non seulement fermé la porte au personnel pour les consultations, ce qui est une obligation car c’est nous qui les avons mandatés, mais ils ont aussi refusé la main tendue de la Direction générale. C’est partant de tous ces faits que le personnel a récusé l’ancien bureau et nous a donné mandat de défendre leurs intérêts sur le plan syndical, au cours d’une assemblée générale. Et bien avant que leur bureau ne soit récusé, on leur avait donné une seconde chance et durant ce laps de temps, ils ont récidivé en tenant une reunion en catimini à la Bourse du travail, en produisant un nouveau document à charge qu’ils ont envoyé encore à des structures comme le Ministère. Comme la première fois, nous avons été aussi les derniers à être informés du contenu des documents envoyés par mails. Je pense que nous sommes dans le même service, avec le syndicat, c’est vraiment surprenant de voir un comité syndical fuir sa base et ne communiquer que par email.
A vous écouter, nous avons l’impression que ce bureau faisait un combat d’autrui ?
Forcément, au départ, nous avons pensé que c’est une erreur. Mais c’est lorsque nous avons tenté de les approcher et ils ont refusé, que nous avons su que ce bureau était manipulé. Mais par qui ? Alors qu’ils sont là uniquement pour nous, les travailleurs. Et je vous rappelle que j’étais au départ membre de ce bureau, mais vu la tournure et la fracture avec la base, je me suis désolidarisé comme presque la plupart des membres.
Donc pour vous, il n’y a pas deux syndicats ?
Même pas pour moi seul, mais pour tous les travailleurs du Fafpa. Ils savent tous qu’il n’y a qu’un seul syndicat dont je suis le secrétaire général. Et d’ailleurs, dans l’histoire de ce service, il n’y a jamais eu deux syndicats pour la simple raison que le bureau de 2015 a été récusé.
Mais malgré tout, le comité mis en place en 2015 se présente toujours comme le seul bureau légitime ?
C’est déplorable. Nous pouvons dire qu’ils sont entrés dans une forme de rébellion qui ne dit pas son nom. Cet ancien bureau agit maintenant à travers des tracts. Par contre, dès la mise en place de ce comité que je dirige, nous sommes partis vers la base afin de leur présenter le bureau. Aussitôt, nous nous sommes mis à la tâche en rencontrant également la Direction pour la résolution des problèmes qui ne pouvaient pas attendre et ceux-ci ont été tous résolus.
Vous voulez parler de quels points plus concrètement ?
Il y avait le problème d’avance sur salaire. Le personnel réclamait cela depuis des mois. Nous avons pris attache avec la Direction qui a répondu favorablement à notre demande. Le deuxième problème était relatif au siège dont les travaux tardaient à démarrer. Nous avons constaté qu’il y avait un problème administratif indépendant de la volonté de la Direction qui freinait le démarrage. Mais aujourd’hui, les travaux ont démarré et j’ai été sur le chantier pour constater de visu. Il y avait aussi un problème sur l’Its qui est voie d’être réglé.
Mais malgré ces acquis, certains vous taxent de faire l’affaire du Dg et non pas du personnel ?
Rire ! Non, nous, nous sommes là pour le personnel car ce n’est pas le directeur général qui nous à mis à ce poste, mais le personnel. Aussi, nous ne voyons pas la Direction comme un adversaire, mais comme un partenaire.
Plus concrètement, quels sont vos rapports avec la Direction générale ?
Nous sommes en bon terme avec la Direction car à chaque fois que nous évoquons un problème, la Direction fait le maximum pour nous satisfaire. Il faut que nous soyons réalistes. Ce syndicat ne peut exister sans la Direction, tout comme ce service ne peut pas marcher sans le syndicat. Donc, nous sommes interdépendants. Mais nous menons notre combat syndical comme il le faut et s’il y a lieu de déposer un cahier de doléances demain, nous le ferons.
Est-ce que vous avez pris attache avec les différentes centrales syndicales par rapport à la situation syndicale dans votre service ?
Effectivement, nous sommes affiliés à l’Untm et dès la mise en place de notre bureau, nous avons été reçus parle le secrétaire général de l’Untm qui est aussi le secrétaire général du Syntade. Il nous a reçus deux à trois reprises. Il nous a prodigué des conseils par rapport aux activités syndicales.
Malgré tout ce que vous venez de dire en termes d’acquis, quels seront les prochains combats pour votre syndicat ?
Notre combat est de nous battre tous les jours au travail par l’amélioration des conditions de vie et de travail de nos membres et nous devons travailler vaille que vaille pour ne pas que d’autres problèmes extérieurs à ce service ne prennent corps. Nous avons été toujours ici une famille et travaillé dans un climat apaisé.
Avez-vous un appel à lancer à vos collègues qui ne sont pas dans les rangs ?
Le Fafpa est une famille. A cet effet, je les invite de laisser toute autre considération. Qu’ils viennent afin que nous travaillions main dans la main.
E je dis je le répète, la porte leur est grandement ouverte. Et nous n’allons pas exclure qui que ce soit. Nous devons travailler ensemble afin de relever les différents défis.
Réalisé par Kassoum THERA